"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 28 août 2015

PERE GEORGE [Metallinos]:LE PARADIS ET L’ENFER SELON LA DOCTRINE ORTHODOXE (4)





L'expérience du paradis ou de l'enfer est au-delà des mots ou des sens. C’est une réalité incréée, et non pas créée. Les Latins ont inventé le mythe par lequel le paradis et l'enfer sont deux réalités créées. C’est un mythe selon lequel les damnés ne seront pas en mesure de regarder vers Dieu; tout comme "l’absence de Dieu” est aussi un mythe.

Les Latins avaient également perçu les feux de l'enfer comme quelque chose de créé. La Tradition orthodoxe est restée fidèle à l’enseignement des Écritures où les damnés verront Dieu (comme l'homme riche de la parabole), mais ils le percevront seulement comme “un feu dévorant". Les scolastiques latins ont accepté l’enfer comme punition et privation d'une vision concrète de l'essence divine. Bibliquement et patristiquement cependant, "l'enfer" est compris comme l'incapacité de l'homme à coopérer (synergie) avec la Grâce divine, afin d'atteindre la vision illuminatrice de Dieu (qui est le paradis) et l'amour désintéressé (1Cor. 13: 8): "l'amour... ne demande pas de réciprocité." Par conséquent, il n'ya  pas une telle chose comme “absence de Dieu”, mais seulement Sa Présence. Voilà pourquoi Sa seconde venue est désastreuse ("Ô, quelle heure, ce sera alors", chantons-nous dans les Laudes des Matines). C’est une réalité irréfutable, vers laquelle l'Orthodoxie est orientée de façon permanente ("J’attends la résurrection des morts ... [dit le Credo]”)

Les damnés - ceux qui ont le cœur endurci, comme les pharisiens (Marc 3: 5: "dans l'insensibilité de leur cœur”) - perçoivent éternellement le bûcher de l'enfer comme leur salut! C’est parce que leur état n’est pas sensible à toute autre forme de salut. Ils sont trop "finalisés" - ils atteignent la fin de leur route - mais seulement les justes [sincèrement pieux] atteignent la fin en tant que personnes rachetées. Les autres finissent dans un état de condamnation. Le "salut" pour eux est l'enfer, puisque dans leur vie, ils ont recherché le seul plaisir.

L'homme riche de la parabole avait “apprécié l'ensemble de ses richesses". Le pauvre Lazare, sans se plaindre avait enduré "toute souffrance." L’apôtre Paul exprime ceci (1Cor. 3: 13-15): " l'œuvre de chacun sera manifestée; car le jour la fera connaître, parce qu'elle se révèlera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu'est l'œuvre de chacun. Si l'œuvre bâtie par quelqu'un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense. Si l'œuvre de quelqu'un est consumée, il perdra sa récompense; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu."

Les justes et les impénitents passeront tous deux par le “feu” de la Présence divine incréée, cependant, l'un passera au travers indemne, tandis que l'autre sera brûlé. Il est “sauvé” aussi, mais seulement de la manière dont on passe par un incendie. Efthimios Zigavinos (12ème siècle) observe à cet égard: “Dieu comme le feu qui éclaire et illumine le pur, et brûle et obscurcit l'impur." Et Theodoritos Kyrou concernant cette "économie", écrit: "On est également sauvé par le feu, étant testé par lui, tout comme lorsque l'on passe par le feu. S’il a une couverture de protection appropriée, il ne sera pas brûlé, sinon, il peut être "sauvé”, mais il sera carbonisé! "

Par conséquent, le feu de l'enfer n'a rien de commun avec le “purgatoire” latin, ni créé, ni punition, ou étape intermédiaire. Un point de vue comme celui-ci est pratiquement un transfer de sa responsablité à Dieu. Mais la responsabilité est entièrement nôtre, si nous choisissons d'accepter ou de rejeter le salut, la guérison, qui est offerte par Dieu.

"La mort spirituelle" est la vision de la Lumière Incréée, de la gloire divine, comme un bûcher, comme le feu. Saint Jean Chrysostome, dans sa neuvième homélie sur la première Epître aux Corinthiens, note: “L'enfer est sans fin... Les pécheurs doivent être amenés dans une souffrance sans fin. Comme pour le fait d’être brûlés complètement. Cela signifie qu’il ne résiste pas à la force du feu." Et il poursuit: “Et il (Paul) dit, cela signifie ceci: qu'il ne doit pas être brûlé, comme ses œuvres, jusques au néant, mais il doit continuer à exister, mais à l'intérieur du feu. Il considère donc cela comme son salut. Car il est de coutume pour nous de dire `sauvés dans le feu," en se référant à des matériaux qui ne sont pas totalement brûlés."



Version française Claude Lopez-Ginisty
d’après

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