"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 5 juillet 2015

FEUILLETS LITURGIQUES DE LA CATHÉDRALE DE L’EXALTATION DE LA SAINTE CROIX



22 juin / 5 juillet
5ème dimanche après la Pentecôte

Saint hiéromartyr Eusèbe de Samosate (380) ; saint Paulin le miséricordieux, évêque de Noie (431) ; saints Zenon et Zénas, martyrs en Arabie (304) ; saint Galaction et sainte Julienne, martyrs ; saint Grégoire, métropolite de Valachie (1834) ; saints hiéromartyrs Théodore (Smirnov) et Gabriel (Arkhangelsky) diacres (1938).

Lectures : Rom. X, 1–10 ; Мatth.,VIII, 28 – IX, 1.

VIE DE SAINT EUSÈBE DE SAMOSATE[1]

D
urant le règne de l’empereur Constance (337-360), qui se montrait favorable à l’arianisme, notre saint père Eusèbe manifesta un zèle grandissant pour la défense de la vraie foi, telle qu’elle avait été exposée par les Pères de Nicée. Il fut élu évêque de Samosate, ville située à 200 km à l’est d’Antioche, sur la rive nord de l’Euphrate, qui était à la tête de la province d’Euphratène. Ses combats pour l’affermissement de l’Orthodoxie, étendirent bientôt son influence à toute la Syrie, de sorte que, lorsque le siège d’Antioche se trouva vacant, ce fut Eusèbe qui favorisa l’élection de saint Mélèce. Mais, quand Constance découvrit que Mélèce, loin d’être acquis au parti arien, se montrait au contraire un de leurs plus farouches adversaires, il réclama les Actes de son élection, qui avaient été confiés à saint Eusèbe. Celui-ci répliqua aux envoyés de l’empereur qu’il ne pourrait les livrer qu’après l’assentiment des signataires. Comme on le menaçait de lui trancher la main droite, il tendit généreusement ses deux poings, disant : « Je ne livrerai pas ce décret ! »

Lors du bref règne de Julien l’Apostat (360-363), qui tenta de restaurer le paganisme, le saint évêque se revêtit d’un costume de soldat et voyagea en Syrie, en Phénicie et en Palestine, encourageant les chrétiens à rester fermes dans la foi, et ordonnant en secret des prêtres et des évêques. À la mort de Julien, il prit part à un concile de vingt-sept évêques, réunis autour de saint Mélèce pour proclamer le dogme de Nicée comme règle de foi. C’est aussi grâce à son influence que saint Basile le Grand put être élu sur le siège de Césarée de Cappadoce (370), et il assista à son ordination. Dès lors, les deux saints hiérarques, liés par une étroite amitié, luttèrent de concert pour l’unité de l’Église. Saint Grégoire le Théologien, quant à lui, le louait comme « la colonne et le fondement de l’Église, le luminaire du monde, la règle de la Foi et l’ambassadeur de la vérité ». Lorsque Valens prit le pouvoir (364-378), il se montra adepte fanatique de l’arianisme. Renouvelant la persécution, il fit bannir Mélèce en Arménie, et après avoir déposé Eusèbe, il l’envoya en exil en Thrace (374), où le saint fut exposé aux dangers de la guerre contre les Goths. Lorsque Eusèbe reçut des envoyés de l’empereur la sentence d’exil, afin d’éviter que le peuple ne se révoltât pour le défendre et n’attentât à leur vie, il leur demanda d’attendre la nuit pour le faire sortir en cachette de la ville. Dès que les chrétiens de Samosate se rendirent compte que leur évêque avait été enlevé, ils s’embarquèrent sur l’Euphrate à sa recherche ; mais quand ils l’eurent rejoint, Eusèbe les exhorta à ne rien faire pour le délivrer et refusa les présents qu’ils lui proposaient en vue d’adoucir sa misère. Un arien, Eunome, fut nommé à sa place sur le siège de Samosate ; mais le peuple lui montrait un tel dédain qu’un jour, alors qu’il se baignait, seul, dans les bains publics et qu’il invitait les chrétiens qui se tenaient là à le rejoindre, ceux-ci refusèrent et dès qu’il sortit du bain, ils exigèrent qu’on renouvelât l’eau, car ils ne voulaient pas d’une onde souillée par l’hérésie d’Arius. Devant une telle hostilité Eunome se retira, mais il fut remplacé par un arien fanatique, Lucius, qui persécuta les orthodoxes de la ville.

Valens ayant finalement trouvé la mort au cours de sa campagne contre les Goths (378), l’empereur orthodoxe Gratien restaura la liberté de l’Église et rappela d’exil les glorieux confesseurs de la foi. Saint Eusèbe put rejoindre son troupeau spirituel qui l’accueillit en grande liesse, et immédiatement il se mit à la tâche pour placer de nouveaux pasteurs sur les sièges vacants. Le 22 juin 379, comme il entrait dans la ville de Dolikha (auj. Tell-Dülük), en compagnie du nouvel évêque orthodoxe de la cité, une femme arienne lui lança du haut d’un toit une lourde brique sur la tête. Saint Eusèbe s’affaissa, mais avant de rendre l’âme, il eut le temps de faire jurer à sa suite de ne pas poursuivre la coupable, et, à l’imitation de notre Seigneur et de saint Étienne, ses dernières paroles furent une prière pour ses ennemis.

Tropaire du dimanche du 4ème ton
Свѣ́тлую воскресéнiя про́повѣдь отъ А́нгела yвѣ́дѣвша Го́сподни yчени́цы и пра́дѣднee осужде́нie отве́ргша, Áпостоломъ xва́лящася глаго́лаху : испрове́́pжеся cме́рть, воскре́сe Xpистócъ Бо́гъ, да́руяй мípoви ве́лiю ми́лость.

Les saintes femmes, disciples du Seigneur, ayant appris de l’Ange la radieuse nouvelle de la Résurrection, rejetèrent la condamnation des premiers parents, et, pleines de fierté, dirent aux Apôtres : « La mort a été dépouillée, le Christ est ressuscité, donnant au monde la grande miséricorde ! »

Tropaire du hiéromartyr, ton 4
И нра́вомъ прича́стникъ, и престо́ломъ намѣ́стникъ апо́столомъ бы́въ, дѣя́ніе обрѣ́лъ еси́, богодухнове́нне, въ видѣ́нія восхо́дъ, сего́ ра́ди сло́во и́стины исправля́я, и вѣ́ры ра́ди пострада́лъ еси́ да́же до кро́ве, священному́чениче Фо́ко, моли́ Христа́ Бо́га, спасти́ся душа́мъ на́шимъ.

Émule des Apôtres dans leur vie, leur successeur sur leurs trônes, tu as trouvé dans la pratique des vertus, ô inspiré de Dieu, la voie qui mène à la contemplation. Aussi, dispensant fidèlement la Parole de Vérité, tu as lutté pour la Foi jusqu’au sang, ô Hiéromartyr Eusèbe, prie le Christ Dieu de sauver nos âmes.

Kondakion du hiéromartyr, ton 4
Благоче́стно во святи́тельствѣ пожи́въ и муче́нiя путь проше́дъ, и́дольскiя угаси́лъ еси́ же́ртвы, святи́телю Евсе́вiе, но я́ко имѣ́яй дерзнове́нiе ко Христу́ Бо́гу, моли́ спасти́ся душа́мъ на́шимъ.
Ayant vécu saintement dans l'épiscopat  et pris le chemin des martyrs, pontife Eusèbe, tu as mis fin aux sacrifices aux idoles ; par le crédit que tu possèdes auprès de Lui prie le Christ notre Dieu  d'accorder à nos âmes le salut.

Kondakion du dimanche, du 4ème ton
Спа́съ и изба́витель мо́й изъ гро́ба я́ко Бо́гъ воскреси́ отъ у́зъ земноро́дныя, и врата́ а́дова сокруши́, и я́ко Влады́ка воскре́ce тридне́венъ.
Mon Sauveur et mon Rédempteur, au sortir du Tombeau, a libéré les humains de leurs chaînes et a fracassé les portes de l’enfer ; en Maître, Il est ressuscité le troisième jour.

VIE DE SAINT JUSTIN DE TCHÉLIÉ (suite et fin)

Un autre saint qui lui était particulièrement cher, St Séraphim de Sarov, lui était également paru en songe en 1936, et il écrivit à ce sujet : Après cela, « mon âme était joyeuse et triste, joyeuse pour l’avoir vu, triste qu’il fût disparu aussi vite ». A la prière, il joignait le jeûne, observant tous les carêmes strictement, s’abstenant de toute nourriture durant la première semaine du Grand Carême.. On peut dire que le père Justin fut l’apôtre de la pénitence qu’il appelait « le séisme intégral dans l’être humain ».

Toute cette période de réclusion au monastère de Tchélié lui permit néanmoins de poursuivre son œuvre théologique. Outre sa dogmatique déjà mentionnée, il réalisa un grand travail d’exégèse de l’Écriture, dont les épîtres de St Paul, qu’il appela de façon caractéristique « Voyage dans la vie avec l’apôtre Paul ». Si l’on ajoute à cela ses homélies sur les dimanches de la Pentecôte et les fêtes, et encore nombre d’autres travaux, on atteint une œuvre de quarante tomes.

S’il était strict envers lui-même et condescendant à l’égard des autres, il était inflexible sur les questions dogmatiques, c’est-à-dire sur ce qui concerne le salut lui-même. Dans les années soixante du siècle dernier, alors que certains hiérarques orthodoxes s’engageaient sur la voie d’un relativisme ecclésiologique, allant jusqu’à nier l’unicité de l’Église du Christ, et ce au nom de l’amour chrétien, le père Justin rédigea nombre d’appels à la hiérarchie de son Église, pour dénoncer ces atteintes à la Tradition de l’Orthodoxie, et un amour mensonger. « Il y a un faux amour, comme il y a une fausse connaissance », disait-il.

Peu avant son bienheureux trépas, le père Justin éprouva une grande joie : ses vies de saints furent publiées en Serbie. Ses autres ouvrages furent publiés par la suite et aussi après son trépas.

Le père Justin a achevé sa vie le jour de l’Annonciation 1979 après une courte maladie. Sa vie terrestre, commencée le même jour fut réellement l’annonciation, la bonne nouvelle. Si l’on pouvait résumer son enseignement, on pourrait citer ses paroles maintes fois répétées, sa synthèse du salut : « les Saints Mystères et les saintes vertus ». Parmi ses dernières paroles, il s’exclama « Aimez les Grecs, ce sont nos maîtres et nos illuminateurs ! ». Ses funérailles eurent lieu le 10 avril, célébrées par des clercs de différentes nationalités, devant une foule de fidèles venue de toutes les régions de Serbie, de Grèce et d’Europe occidentale. Comme l’a écrit l’un de ses disciples : « L’unité de l’Orthodoxie, que le père Justin a éprouvée par sa vie et a fortement soulignée… s’est réalisée spontanément lors de ses funérailles : dans l’unité de la foi commune et de l’amour, dans les prières et les chants communs ». Depuis lors, la tombe du père Justin est devenue un lieu de pèlerinage, rassemblant les orthodoxes de nombreux pays. Des miracles se sont produits de son vivant et se produisent en abondance maintenant sur sa tombe par ses prières et il arrive qu’un parfum s’en exhale.

Le père Justin a été glorifié par le Concile des Evêques de l’Église Orthodoxe Serbe, réuni le 29 avril 2010 à Belgrade.


LECTURES DU DIMANCHE PROCHAIN : Matines : Lc XXIV, 36–53 Liturgie : Rom, XII, 6–14. Мatth., IX, 1–8. Saints Apôtres: 2 Cor. XI, 21 – XII, 9. Matth., XVI, 13–19.





[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras.

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