"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

lundi 27 juillet 2015

Ekaterini. Les difficultés rencontrées quand on s'intéresse à l'Orthodoxie




Je suis convertie à l'Orthodoxie et je vis en Australie. Je suis arrivée à mon Église orthodoxe grecque locale par l'Église grecque orthodoxe d'Antioche dont le patriarche est basé en Syrie. En Australie, cette Eglise est connue comme Eglise orthodoxe d'Antioche. Il y a cinq traditions de l'Orthodoxie mondiale représentées dans ma région, mais seulement les traditions grecques et serbes sont "affiliées" avec le patriarche de Constantinople. Il est rare que ces églises offrent une Divine Liturgie en anglais.

Je voudrais partager avec vous quelques-unes de mes réflexions sur les difficultés auxquelles un futur converti doit faire face à l'entrée dans la foi orthodoxe.  C'est mon expérience que, si l'on veut faire plus que simplement participer d'une "façon nominale" à la vie de l'église, un engagement complet dans la foi orthodoxe, est nécessaire. Mon seul but en écrivant cette lettre est d'accroître la sensibilisation au processus de conversion à la foi. Je prie pour le faire avec humilité. Espérons, qu'en partageant certaines de mes pensées avec vous, nous pouvons apprendre les uns des autres, que le cheminement sera un peu plus facile (et pas seulement pour ces convertis qui peuvent venir après des gens comme moi, mais pour chacun d'entre nous dont les voyages spirituels sont souvent uniques et profondément personnels, lorsque nous aspirons à vivre nos vies au Nom du Seigneur).

Les gens d'une autre foi qui viennent à l'Eglise orthodoxe sont tenus de faire de la catéchèse. Cela signifie avoir une instruction dans la foi orthodoxe. Pour ce transfert à l'Eglise grecque, il m'a été donnée une permission spéciale de l'évêque, de sorte que je n'ai pas eu à faire plus de catéchèse. On m'a aussi accordé l'agrément d'être chrismée peu de temps après cela. En raison des circonstances uniques qui m'ont conduit à l'Eglise grecque, je me suis retrouvée comme la seule convertie à venir à l'église sur une base régulière, par besoin d'une sorte de catéchèse "non officielle". Ce ne fut pas seulement parce que j'apprenais une nouvelle foi et la façon de vivre vraiment une vie orthodoxe dans le monde extérieur, mais aussi à cause de la démographie particulière de l'église et de mon réveil à sa culture et sa langue différentes.
  
Cette expérience m'a donnée une bonne base dans l'Orthodoxie et m'a aidée quand j'ai eu à affronter les différents défis de la vie. Je garde la conviction forte que l'Orthodoxie est la vraie Foi depuis une longue période. Je voulais offrir mon engagement à Dieu, à travers non seulement les offices du dimanche, mais certains des offices les plus merveilleux de l'Église orthodoxe, y compris la paraclèse et les vêpres. Je souhaitais avoir un peu d'anglais dans les offices afin de pouvoir explorer tous les sens… L'Orthodoxie est certainement une rencontre de l'esprit, du corps et de l'âme.

Les convertis ont une variété d'expériences en arrivant dans la foi, commençant par être pratiquement retournés à l'intérieur tandis qu'ils rejettent beaucoup des valeurs et croyances qui furent les leurs pour un temps dans la vie. Pour d'autres, le passage à une autre foi peut être assez lisse.

Les difficultés sont, bien sûr, naturellement plus probables dans les paroisses où seulement un ou deux convertis viennent à l'église sur une base continue et veulent participer régulièrement aux différents offices, et pas seulement à la Divine Liturgie. L'Eglise peut aussi être d'une persuasion ethnique particulière et/ou avoir un âge démographique particulier.

Cela signifie que non seulement le converti doit s'adapter à une nouvelle foi, il doit aussi faire face au fait d'être presque totalement immergé dans une autre culture du jour au lendemain. En raison d'un manque de toute sorte d'histoire de convertis réguliers fréquentant une église particulière, il peut aussi y avoir une certaine perplexité de la part de certains paroissiens, quant à savoir pourquoi le converti est réellement là en premier lieu.

Ce manque de compréhension peut avoir été suscité par les expériences personnelles d'un paroissien, notamment quand des membres de la famille rapportée deviennent orthodoxes pour la seule raison de vouloir se marier avec quelqu'un de la famille qui se trouve être de cette foi. Des preuves anecdotiques tendent à montrer que, ces nouveaux membres de la famille, une fois mariés, ne fréquentent que rarement, sinon jamais une église orthodoxe.

En ce qui concerne ma propre transition vers l'Orthodoxie, je me suis posée beaucoup de questions, depuis: "Pourquoi Dieu m'a-t-Il envoyé ainsi à l'Eglise grecque, l'Eglise à laquelle je pensais me convertir il y a quelque 20 ans?" à "Quelle sorte d'engagement spirituel et pratique est attendu de toute personne qui est membre d'une communauté paroissiale comme celle où je me suis retrouvée?"

Cela signifie:

Nous demander tous les jours ce que visons-nous dans la vie chrétienne, et être conscients que ce que nous pensons, disons et faisons devraient être en accord avec cela.

Nous offrir à Dieu au service de Son Royaume, et pas seulement le Dimanche, mais tous les jours de l'année.

Lorsque l'on se sent découragés, être affermis [dans votre foi] par les commentaires encourageants des grecs-Australiens.

Essayer de rejeter les "légalismes" apportés depuis son ancienne foi, lorsque l'on  travaille à atteindre ce que devrait être réellement sa réponse personnelle comme confession et communion orthodoxes.

Apprendre que le rôle du père spirituel n'est pas le même que le rôle d'un prêtre catholique.

Exposer ses propres faiblesses à un père spirituel, afin de mieux comprendre sa réponse à la foi; mieux nous comprendre et avec l'aide de Dieu voir l'état intérieur de notre âme, et grandir encore plus avec l'expérience.

Sachant que lorsque les choses deviennent vraiment difficiles, nous devons tout simplement nous éloigner et prendre un congé sabbatique pendant un certain temps, nous souvenant de ne pas être trop durs avec nous-mêmes. Il y a tellement de choses à saisir comme converti engagé qui vient dans l'Eglise, et nous ne sommes tous que des humains, après tout!

Malgré les obstacles, venir à l'Eglise m'a rendue plus forte spirituellement de beaucoup de façons. Il a été difficile cependant de faire preuve de patience au sein de l'affliction. Parfois, quand l'affliction provoquée par d'autres nous provoque une douleur immense, nous devons essayer de nous libérer de ces expériences douloureuses en nous rappelant que la souffrance du moment ne vaut pas que l'on s'y attarde, compte tenu de la gloire nous connaîtrons plus tard (Romains 8 : 18).

Je comprends que le témoignage orthodoxe consiste à donner l'exemple aux autres en témoignant de la vérité, et c'est la tâche de chaque membre de l'Église. En ayant une telle perspective, nous pouvons réellement aider notre paroisse locale dans un véritable service. Donc, idéalement, cette offrande de nous-mêmes doit être un mode de vie. 

Nous devrions être dans une relation continue avec Dieu et nous devrions, dans l'espérance, avoir un dialogue permanent avec Lui et Son peuple. Les paroles "Ce qui est à Toi, le tenant de Toi, nous Te l'offrons en tout et pour tout" est une déclaration de notre Foi. Nous devons donner à Dieu tout notre temps, tout notre talent et chérir tout moment de la journée, parce qu'Il nous a offert Son don de Grâce d'un amour inconditionnel pour nous.

Je pense que nous avons un merveilleux trésor dans la foi chrétienne orthodoxe. D'autres devraient vraiment être en mesure de voir la beauté de notre foi. Envisageons de remettre en question les attitudes et les manières de notre être, afin de pouvoir continuer à croître dans la foi et l'amour du Christ.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
 The Greek Australian VEMA, 
Dec 2003, p. 39.
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