"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 22 janvier 2015

Père Dimitri [Smirnov]: Les sacrements ont lieu quel que soit le prénom des fidèles...



Quelque chose que les orthodoxes de divers pays éprouvent souvent lors de visite en Russie, c'est un problème provenant de leur propre prénom. Un Serbe nommé Milorad, un Bulgare appelé Lilia, ou un Américain du nom de Donald pourraient pieusement approcher le saint calice pour recevoir la communion, mais quand ils prononcent leurs noms, les têtes se tournent et les regardent avec suspicion. Qui est le saint patron de cette personne? Ce n'est pas saint Milorad, Donald etc.

L'archiprêtre bien connu de Moscou, Père Dimitri Smirnov dissipe quelques doutes dans une interview à Radio Radonège le 14 Janvier.
*
Père Dimitri: C'est une question très pertinente, que nous avons abordée dans une rencontre diocésaine récente, et Sa Sainteté le Patriarche Cyrille lui a donnée une réponse complète. Cependant, pour des raisons compréhensibles, il y avait quelques laïcs présents à cette réunion, et donc j'ai décidé de lire cette question: "Ma mère a été prénommée Lilia, et après sa mort, le prêtre a refusé de servir à son enterrement car ce n'est pas ce nom dans l'Orthodoxie."

C'est une histoire d'habitude, et cela n'a rien à voir avec l'Orthodoxie. Si le prêtre dit qu'il n'y a pas un tel nom dans l'Orthodoxie, c'est profondément erroné. Il est une coutume russe,  et nous la gardons fidèlement (la femme de mon oncle a également été nommée Lilia), que, quand nous baptisons les personnes qui ont des noms qui ne sont pas dans le calendrier des saints, ils reçoivent un nom qui sonne comme le leur : Rustam devient Rusticus, Lilia devient Lia, et ainsi de suite. Et aucun problème ne se pose pour ces pauvres prêtres sans instruction.

Cependant, il y a de ces gens très orthodoxes dans les églises orthodoxes mêmes dans les pays très orthodoxes. Par exemple, en Serbie nous pourrions rencontrer le nom Dragomir ou Tara, mais qui est Tara? Tara est une rivière au Monténégro, et les enfants sont nommés d'après elle: le pays est orthodoxe et les gens sont orthodoxes. C'est juste que les Serbes en règle générale ne nomment pas les gens d'après les saints; ils leur donnent toutes les différentes sortes de noms, mais ils restent orthodoxes. Qu'est-ce qui est tellement bien à propos de notre coutume?

Sa Sainteté le Patriarche a également souligné qu'un homme qui porte le nom de Serge a un protecteur céleste en saint Serge. C'est ainsi que nous comprenons les prénoms. Mais si nous regardons les prénoms géorgiens, par exemple, il y a une masse de prénoms qui en aucune façon ne se sont liés aux noms de saints. Devrions-nous leur refuser les rites funéraires (ou la Communion, le baptême, le mariage) ?! Pas un seul prêtre n'a le droit de faire ça! 

Une mère ou un père peuvent nommer leurs enfants comme ils le veulent. Si ce nom n'existe pas parmi nos saints, alors, malheureusement, cette personne n'aura tout simplement pas le nom d'un saint. 

Tout nom peut être modifié n'importe lequel des 365 jours de l'année; il y a une prière spécifique pour cela dans l'euchologe [trebnik], alors la personne reçoit la communion avec le nouveau nom, et il n'y a pas de problème. Ce  qui veut dire que ce n'est pas une raison pour refuser les rites funéraires (et la Communion, le baptême, le mariage, etc.). Par conséquent, dans de telles situations, quand un prêtre refuse de servir le rite funéraire pour une personne orthodoxe ou de lui donner la communion, il doit être signalé au doyen, qui relève de l'évêque, et le problème est rapidement pris en charge, car tous les prêtres ne sont pas éduqués. 

Mais tous nos évêques ont eu un enseignement supérieur et nombreux parmi eux ont même des diplômes d'études supérieures. C'est à cela que servent les évêques. Comme nous le disons dans l'armée, "Si vous ne pouvez pas le faire nous vous apprendrons à le faire, si vous ne voulez pas le faire, nous vous ferons le faire," et ce sera correct.

Père Alexandre Berezovsky: Un calendrier élargi des saints sera bientôt publié ici [en Russie] avec des noms qui appartiennent à des saints anciens qui ont vécu avant le Grand Schisme, et éventuellement les prénoms en usage dans les églises locales.

Père Dimitri: Oui, il y aura une liste élargie de noms, mais nous n'y trouverons toujours pas  Tara ou Dragan, ce qui signifie tout simplement "cher/chère" -Il s'agit d'un nom très commun en Serbie. Ou Milos, ou Vesna ou Snejana -nom parfaitement slave, mais il n'y a pas de sainte portant le nom de Snejana; on pourrait lui donner le nom de Svetlana au baptême, et elle pourrait avoir deux noms. Cette question n'a même pas besoin d'être posée, ni même avoir une réponse, parce qu'il n'y a aucun problème. Vous pouvez nommer quelqu'un "président" et le baptiser de cette manière, et ce sera toujours un baptême parfaitement valable.

Père Alexandre: Il y a beaucoup de monastères qui n'acceptent pas tout simplement les listes de prière [dyptiques de commémoration pour la proscomédie] avec de tels noms…

Père Dimitri: C'est une absurdité, de l'ignorance, et surtout blessant lorsque l'Orthodoxie est donnée comme raison. Qu'est-ce que cela a à voir avec l'Orthodoxie? Outre l'Orthodoxie russe, il y a aussi l'Orthodoxie grecque, serbe, bulgare, roumaine, géorgienne, et  américaine: en Amérique il ya  des noms entièrement américains, et qui peut s'opposer à cela, ou s'est opposé à cela? Seulement dans quelques uns de nos monastères où l'obscurité règne. 

Certes, Sa Sainteté le Patriarche est préoccupé par cela: même les gens dans les monastères doivent bénéficier d'une éducation élémentaire afin qu'ils puissent au moins sortir de cette absurdité, car c'est une absurdité totale qui n'existe pas dans tout l'enseignement [orthodoxe]. 

Si vous prenez l'Apôtre Pierre, par exemple, lorsque le Seigneur lui donna le nom de "Petros,"  ce nom n'existe pas dans un calendrier des saints, et en fait il n'y avait pas un tel calendrier. De la même manière, Saul devenu Paul. 

Oh, combien c'est difficile quand l'ignorance s'épanouit, et que les gens sont blessés par elle. 

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après




Note de la rédaction: Bien qu'en Russie chaque chrétien orthodoxe a un saint patron, en Serbie chaque famille a sa propre protection céleste, dont la famille célèbre la fête lors de sa "slava". Les Arabes chrétiens orthodoxes ont souvent à la fois un nom arabe et un prénom chrétien. Cela se fait souvent pour protéger les enfants de l'attention non désirée dans les écoles à majorité musulmane.

Aucun commentaire: