"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 7 octobre 2014

Père John [Parker]: Une réponse chrétienne orthodoxe à la décapitation par des musulmans




frjohnparker

Père John [Parker]
30 Septembre 2014


Je suis un homme indigne, indigne d'être appelé chrétien orthodoxe, sans parler de la prêtrise, et j'écris, il est vrai, dans le confort de mon Mount Pleasant, en Caroline du Sud, chez moi. Il n'y a pas de Mont à proximité, mais c'est, en effet, une communauté balnéaire agréable sur la côte Est des États-Unis.

En tant que tel, je me demande comment faire face à ces âmes pitoyables, cruelles et impitoyables, qui sont tellement enténébrées que leur vie se passe à prendre la vie d'autrui - et ce qui est pire encore, en pensant qu'ils font cela sous la direction et avec la bénédiction de Dieu Lui-même, en vue d'une  récompense éternelle?

Peut-être que je serai critiqué pour ma suggestion, assis dans mon agréable ville sans mont, mais nous avons lu récemment que nous devons recevoir l'Evangile comme un enfant; et même un enfant pourrait se demander comment on pourrait répondre au meurtre par le meurtre. La violence - individuelle ou à grande échelle - est-elle une réponse orthodoxe possible?

Quelles ont été les réactions des saints apostoliques et post-apostoliques, et des derniers saints à ces actions démoniaques, viles et haineuses?

Ioan, taierea capului IN 2

Décapitation de Saint Jean le Précurseur

Comment les disciples ont-ils réagi à la décapitation de Jean le Baptiste, que nous avons commémoré le 29 Août?

Au bord du précipice du martyre, saint Etienne, le protomartyr pria Dieu de pardonner à ses bourreaux. Y eut-il un soulèvement apostolique après cela?

Le hiéromartyr Eutychès, disciple de saint Jean le Théologien, fut décapité après avoir souffert la famine en prison, une tentative de le brûler vif, et des coups cruels avec des barres de fer... qui étaient destinés à faire cesser ses prières. Il n'y a pas récit de vengeance qui en aurait résulté.

Saint Ignace d'Antioche a demandé à ses fils et filles fidèles en Christ de ne pas entraver sa marche au martyre. "Ne pas me retenez pas à la vie!" fut son ordre essentiel.

Saint Laurent, le hiéromartyr, dont nous avons gardé mémoire au début août, ordonna à ses ravisseurs, qui l'avaient mis sur une cage de feu, de le retourner, puisqu'il était "cuit de ce côté." Il n'est pas un document qui parle de représailles.

Le hiéromartyr Cyprien de Carthage, dont nous nous sommes souvenus en l'Eglise le 31 août fut martyrisé par l'épée aussi, lui par les païens. Parmi ses plus grandes contributions à la foi chrétienne était l'acceptation de la repentance de ceux qui avaient apostasié, abandonné leur véritable amour, Jésus-Christ. Lui-même, bien que défendant la vraie repentance de ceux qui avaient commis l'apostasie sous menace de mort, n'a pas trahi le Christ. Dans sa vie, nous lisons:

Lors du procès, saint Cyprien refusa calmement et fermement de sacrifier aux idoles et fut condamné à la décapitation par l'épée. Entendant la sentence, saint Cyprien dit: "Merci à Dieu!" Tous les gens crièrent d'une seule voix, "Laissez-nous également être décapités avec lui!"

Arrivant à l'endroit de l'exécution, le saint donna de nouveau sa bénédiction à tous et s'arrangea pour donner vingt-cinq pièces d'or au bourreau. Il attacha ensuite un mouchoir sur ses yeux, et donna ses mains pour être liées au prêtre et à l'archidiacre debout près de lui, et il baissa la tête. Les chrétiens mirent leurs vêtements et leurs linges en face de lui de manière à recueillir le sang du martyr. Saint Cyprien fut exécuté en l'année 258. Le corps du saint fut pris de nuit et on lui assura l'inhumation dans une crypte privée du procureur Macrobe Candidianus.

Il n'y a aucune trace de représailles.

Saint Constantin Brancoveanu, souverain de Valachie -terres roumaines- du XVIIIème siècle est commémoré le 16 août. Saint Constantin fut retenu captif pour la fête de l'Annonciation de la Mère de Dieu, le 25 mars 1714, par le sultan Ahmet III, à Istanbul. Ayant reçu un ultimatum "de se convertir ou de mourir," saint Constantin Brancoveanu fut contraint de regarder ses fils décapités (y compris le plus jeune de 11 ans, nommé Matei), avant sa propre décapitation par l'épée. Leurs têtes furent exhibées sur des piques, et les corps (bien que récupérés plus tard par les chrétiens) furent jetés dans le Bosphore. Cela eut lieu le 15 août 1714, jour de la Dormition de la Mère de Dieu. Parmi les dernières paroles du saint étaient celles-ci:

"Votre Majesté, vous avez pris ma fortune, mais je n'ai pas abandonné ma loi chrétienne. Je suis né et j'ai vécu en elle et je veux mourir en elle (= comme chrétien). J'ai rempli la terre de mon pays d'églises chrétiennes et, maintenant, atteignant un âge avancé, dois-je m'incliner devant vos mosquées turques? Non, Votre Altesse! J'ai défendu mon pays, j'ai gardé ma foi, je veux fermer les yeux dans ma foi et mes fils avec moi." Après cela, il encouragea ses fils: "Mes enfants, ayez du courage! J'ai perdu tout ce que j'avais sur ce monde terrestre. Il ne nous reste que nos âmes, nous n'allons pas les perdre aussi, mais nous allons les faire purifier par notre Sauveur Jésus-Christ. Lavons nos péchés dans notre sang!"

Tăierea capetelor Sfinților Brâncoveni, Sorin Efros

Décapitation de la famille des saints Brancoveanu, 
fresque contemporaine par Sorin Efros

Les saints prièrent pour leurs bourreaux, et sans relâche ils restaient attachés au Christ. A ma connaissance, il n'y a pas de faits constatés de violences répondant à cette violence. Cependant, avec saints Adrien et Natalie (26 août), l'un de leurs ravisseurs fut converti par leur foi fidèle. N'était-ce  pas d'ailleurs le cas avec les 40 Saints Martyrs de Sébaste?

"A moi la vengeance!" dit le Seigneur.

Nous nous tenons fièrement avec les martyrs, dont le sang est le fondement de l'Eglise. Et nous demandons à Dieu de nous accorder la même force lorsque nous devrons faire face à ce à quoi ils firent face.

Dans le même temps, se pourrait-il que l'Europe occidentale et l'Amérique du Nord soient confrontés à "l'islamisation" non pas simplement à cause de l'épée, mais aussi parce que:

Ils ont beaucoup d'enfants, alors que nous avortons les nôtres, ou tout simplement parce que nous avons peu d'enfants.

Alors qu'ils propagent leurs enseignements diaboliques, nous ne paraissons pas convaincus par la vraie foi.

Plutôt que d'être renforcés en  une voix et un front  unifiés,  les chrétiens orthodoxes sont retranchés dans des enclaves ethniques.

Plutôt que de donner généreusement pour avancer l'œuvre de l'Eglise, et de pardonner comme nous avons été remarquablement pardonnés, les chrétiens orthodoxes restent mesquins, les poings serrés.

Chaque champ est prêt pour la récolte. Allons-nous témoigner de la vérité à la fois par notre mode de vie et notre façon d'affronter la mort?

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
cité par

Nouveau CD audio publié par la Métropole roumaine

L’Evangile selon saint Jean lu par le métropolite Joseph: un nouveau CD audio publié par la Métropole roumaine

Les éditions de la Métropole roumaine d’Europe occidentale et méridionale, après la suite de trois CD consacrés aux écrits de saint Silouane, vient de publier un CD contenant l’intégralité de l’Évangile selon saint Jean, dans l’excellent version de la Bible de Jérusalem, lu par le métropolite Joseph.
Cette version audio est fort utile car elle permet un contact avec l’Evangile non seulement aux personnes malvoyantes ou alitées par la maladie, mais encore à ceux qui sont occupés par les activité manuelles quotidiennes. Il existe d’autres versions audio de l’Ancien et du Nouvau Testament, mais la lecture y est faite par des acteurs, avec généralement un style et une emphase qui ne conviennent pas aux saintes Écritures. La lecture ici est naturelle, posée, paisible, sensible et objective (dans la mesure où elle ne met pas en avant la subjectivité du lecteur) et en un mot spirituelle. Sa relative lenteur permet à l’auditeur d’être attentif au texte, de le goûter, de le méditer et de l’assimiler. On souhaite que cette belle réalisation (où le métropolite Joseph témoigne une fois de plus de sa profonde implication pastorale et exerce d’une nouvelle manière la fonction apostolique de diffusion de l’Évangile inhérent au ministère épiscopal) soit prolongée par l’enregistrement des trois autres évangiles, et dans un second temps des épîtres.
Ce CD est disponible pour un prix modique à la librairie de la Métropole orthodoxe roumaine: 1, bd du Général Leclerc, 91470 Limours (librairie@mitropolia.eu).


Hymnes du Mont Athos - Choeur Des Moines Du Monastère De Simonos Petra


lundi 6 octobre 2014

L'histoire de la création de la bibliothèque de la Laure des Cavernes de Kiev





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Les premières bibliothèques de l'ancienne Russie ont été établies dans des cathédrales et des monastères. La lecture de livres était considérée non pas comme une sorte de passe-temps, mais comme un travail égal à la prière et à l'obédience. Ainsi, le Patericon des Cavernes [de Kiev] a gardé l'histoire de la vie d'Arsène l'Assidu, qui dit que le vénérable "n'a jamais été oisif, mais a toujours agi sous l'obédience, a prié ou a lu des livres." 

De la chronique des temps passés (le première Chronique russe) nous savons que ce saint et le très orthodoxe prince Iaroslav le Sage ont créé la première bibliothèque publique en Russie à la cathédrale métropolitaine de Sofia. Son assistant Métropolite Hilarion, après avoir quitté le siège épiscopal, s'installa à nouveau au cloître des Cavernes de Kiev, où il soutint l'initiative du jeune higoumène, le Vénérable Théodose des Cavernes, pour la collecte de livres. Ils envoyèrent à Constantinople saint Ephrem, futur évêque de Pereyaslav pour prendre la copie de la règle du Patriarche Alexis le Studite. 

Cette règle fut observée dans notre monastère jusques à l'invasion de Batou Khan. En outre, saint Ephrem rapporta des livres d'offices pour toute l'année liturgique, ce qui devint la fondation de la bibliothèque d'origine. Dans la vie du Vénérable Théodose des Cavernes, on peut lire qu'un scriptorium et un atelier de copie de livres furent établis dans le monastère et que le bienheureux staretz y prit une part directe: "le scribe, le moine Hilarion a travaillé jour et nuit dans la cellule du Vénérable; le moine Nicon s'est consacré à la reliure, et le Vénérable Théodose a tissé des fils pour la reliure." Les noms des premiers bibliothécaires du monastère des Cavernes de Kiev sont inconnus, probablement que le stockage des livres était une sorte d'obédience supplémentaire, et le Vénérable Théodose était superviseur de la bibliothèque, il peut être considéré comme un protecteur de toutes les bibliothèques d'église. Au monastère l'école des annales fut formée. Ses représentants les plus remarquables étaient les vénérés pères Nicon, Nestor le Chroniqueur, Silvestre et Policarpe. 

La bibliothèque se développa avec le monastère, il y eut des périodes d'épanouissement et de déclin. Jusqu'au milieu du XIIème siècle, la bibliothèque grandit, mais avec l'intensification des guerres intestines des princes, le monastère subit le pillage à plusieurs reprises. 

Lors de l'invasion de Batou Khan le cloître fut complètement détruit et sa bibliothèque fut perdue. Le monastère ne fut reconstruit qu'au XIVème siècle et l'église de la Grande Laure devint le caveau des princes de Kiev. La bibliothèque fut également restaurée. Ses principaux donateurs étaient les princes Olelkovitchi de Kiev et les princes de Volhynie d'Ostrog. 

D'importantes contributions à la collection de livres furent faites par les archimandrites des Cavernes - Nicephore Tour, Elisée Pletenetskiy et Zacharie Kopystenskiy. Ils dirigèrent la Laure dans des moments difficiles pour l'Orthodoxie. Lors d'une lutte difficile contre l'imposition de l'Unia en terres orthodoxes, ils eurent à polémiquer avec leurs adversaires, ce qui exigeait des connaissances théologiques et historiques approfondies qui furent élaborées à partir des livres de la bibliothèque de la Laure. 

1616 vit l'ouverture de la maison d'impression de la Laure. Certaines parties des livres imprimées là, furent transférées à la bibliothèque. En 1631, l'archimandrite de la Laure le saint hiérarque Pierre Moghila ouvrit le Collège supérieur, devenu par la suite l'Académie théologique de Kiev-Mohyla. L'Académie devint un cercle culturel et éducatif organisé à La Laure. Il faut noter que la plupart des enseignants de l'Académie étaient pris parmi les frères de La Laure, - tout cela souligne le fait que le monastère avait une grande bibliothèque. 

La bibliothèque de la Laure a souvent souffert des incendies, le plus grand eut lieu en 1718, selon les historiens, "il détruisit tous les bâtiments en bois, endommagea de nombreux bâtiments en pierre et un certain nombre d'objets de valeur de l'église, en particulier, la bibliothèque de la Laure", mais elle fut de nouveau restaurée grâce au dévouement des moines de la Laure. Dans les siècle suivants, ces éclaireurs spirituels, que furent les Métropolites Eugène (Bolkhovitinov) et le saint hiérarque Philarète (Amphiteatrov), œuvrèrent pour la collecte de livres. Au début du XXème siècle, le Métropolite Flavien de Kiev donna sa propre bibliothèque à la Laure. 

On peut dire que le temps à partir du milieu du 15e siècle jusques au début du XXème siècle a été une période de prospérité pour le monastère. Bien qu'il y eut des guerres, des invasions et des incendies, le Seigneur n'abandonna pas le monastère. Il ne manquait pas de gens actifs et instruits, et les généreuses donations faites au monastère furent utilisées pour une grande part pour des activités culturelles et enrichissantes pour l'esprit. 

Mais les années de la révolution anti-chrétienne arrivèrent. Tous les biens de la Laure, y compris la bibliothèque du monastère, furent nationalisés. Une grande partie des fonds fut détruite ou emportée à l'étranger. Cela ne pourrait être comparé qu'à l'invasion de Batou Khan. 

En 1988, par les prières de la Mère de Dieu et des défenseurs du monastère les vénérable Antoine et Théodose des Cavernes, la lampe de la vie monastique commença à briller de nouveau à la Laure, la bibliothéconomie fut relancée. Les fonds de la bibliothèque  commencèrent à se reconstituer avec ces éditions qui avaient été  sauvées par les moines de la Laure et les gens d'église au cours du règne des autorités impies. De nouveaux livres furent achetés, la bibliothèque commença à recevoir une partie des livres publiés dans l'imprimerie à  nouveau ouverte à la Laure en 1995. 

Pendant les vingt années après la renaissance du monastère plus de 10.000 volumes furent recueillis. En 2008, grâce aux efforts de l'higoumène du monastère, l'archevêque Paul, la bibliothèque fut transférée dans des locaux qui permettent à la Laure de placer et d'administrer les fonds de la bibliothèque de la meilleure façon. L'enregistrement et le catalogage des fonds de la bibliothèque de la Laure fut réalisée sur la base des technologies modernes d'information qui facilitent considérablement la recherche de la littérature et la coopération avec d'autres bibliothèques. 

Au cours de son histoire la Laure a essayé de porter la lumière de la foi chrétienne au peuple, accomplissant les paroles du Sauveur: "Allez donc, et enseignez toutes les nations, les baptisant au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit,  leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit…"(Matthieu 28:19)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après




samedi 4 octobre 2014

Métropolite Athanase de Limassol: « RENTABILISER » SPIRITUELLEMENT NOTRE TEMPS LIBRE…




Que l’homme le veuille ou non, plus le temps passe, plus il prend lui-même de l’âge, plus il voit que le temps file et que les années s’ajoutent, c’est-à-dire que le passé augmente tandis que le futur s’amenuise. Et la seule conscience de ce fait peut nous aider à comprendre beaucoup de choses et à avoir un juste jugement, à mettre spirituellement en valeur le temps dont nous disposons. L’un des éléments en fonction desquels nous serons jugés est la question du temps. Cela, on le vit auprès des saintes personnes. Celles-ci ont une énorme sensibilité à l’égard de la question du temps et veillent absolument à ne pas perdre de temps. Les grands saints sont ceux qui pouvaient mettre en valeur jusqu’à la dernière seconde de leur temps.

Très souvent, les gens disent « Que Dieu me donne des années afin que mes enfants grandissent, que je me marie, que j’arrange mes affaires, que je fasse de bonnes œuvres, j’ai des choses à faire à n’en plus finir »… Mais on peut se demander si cette demande est justifiée, car il semble quemême si  nous vivions mille ans, nous aurions toujours à faire, sans fin. Nous commençons continuellement quelque chose et nous ne le finissons pas, nous vivons dans l’angoisse et nous ne trouvons pas le repos.

Que comprenons-nous au demeurant par « repos » ? Quand l’homme se repose-t-il réellement ? Le repos réel pour l’homme consiste à se consacrer, ne serait-ce qu’un peu de temps, à la prière. Après une journée tendue, si un peu de temps est consacré à la prière, et si l’homme communique avec Dieu, avec l’Esprit Saint qui est présent richement, abondamment, dans l’Église, il ressent alors beaucoup de repos, car celui-ci ne consiste pas seulement à dormir pendant des heures et à faire de nombreux voyages. Tout cela, bien sûr, est une sorte de repos corporel, mais le repos de l’âme, le repos spirituel est bien plus significatif et important. En effet, l’homme se repose réellement lorsqu’il apprend à avoir une relation vivante avec Dieu. On sait à quel point l’esprit de l’homme trouve le repos dans les offices sacrés de notre Église, tels que le canon de supplication à notre Toute-sainte Mère de Dieu pendant les deux première semaines du mois d’août[1]. On sait à quel point ces saints tropaires contribuent à ce que l’esprit de l’homme s’élève vers Dieu et communie avec l’Esprit Saint, Lequel est donné par Dieu à ceux qui le veulent et qui le demandent. Ces tropaires ont été écrits par des saints. Ceux-ci ont fait l’expérience du Saint-Esprit, de la présence de Dieu dans leur cœur et ont exprimé exactement cette expérience dans les mélodies et dans les hymnes de l’Église.

C’est ainsi que nous avons la perception correcte du repos, la perception correcte des divertissements, car je crois que l’homme se repose par une prière, par un office, par une mystagogie, et ce à un point tel qu’il ne parvient pas à se reposer dans les meilleurs hôtels ou centres de divertissements, où les gens viennent et sortent bien des fois plus fatigués et plus angoissés qu’il n’y sont entrés. 

C’est un fait paradoxal qu’aujourd’hui, alors que l’on passe jours et nuits dans les centres de distractions, les hôtels et les cafés, au lieu d’être pleins de calme, de joie et souriants, on est en fin de compte à bout de nerfs. Dès le matin, on se réveille en criant, jurant, prêt au combat… Cela ne se produit pas dans l’Église. Saint Jean Chrysostome a dit les paroles suivantes à ce sujet : « Veux-tu voir ce qu’est l’Église et quel est le miracle que produit l’Église ? C’est très simple. Entre dans l’église et tu verras que c’est un lieu où tu entres loup et tu sors agneau, tu entres brigand et tu sors saint, tu entres coléreux et tu sors doux, tu entres homme et tu sors dieu selon la grâce ».

C’est cela, l’Église. C’est quelque chose dont on ne peut douter, à savoir que l’homme, dans l’espace ecclésial, dans l’atmosphère des hymnes, acquiert beaucoup de sérénité et, pour cette raison, l’Église orthodoxe possède de nombreux offices, c’est une Église liturgique par excellence et toute l’influence thérapeutique qu’elle exerce sur l’homme et son âme est une influence liturgique.

C’est donc une bénédiction pour l’homme de mettre correctement en valeur son temps, de trouver un peu de temps pour se reposer réellement, mais principalement de consacrer du temps à Dieu et d’apprendre à prier. Dans notre vie quotidienne, nous rencontrons beaucoup de difficultés et de déceptions, beaucoup de jeunes se trouvent dans l’impasse, beaucoup de signes d’interrogation et de problèmes existent dans les âmes des hommes et beaucoup d’angoisse. Et encore, cette obscurité qui entre dans l’âme fait que l’homme ignore qui il est, ce qu’il fait et où il va, il ne sait pas ce qu’il veut. Toutes ces choses se soignent lorsque l’homme commence à mettre correctement en valeur son temps, à prier, car la prière lui donne la force et la lumière, parce que Dieu Lui-même est Lumière et la Lumière Divine commence peu à peu à dissiper les ténèbres spirituelles.

Version française Bernard Le Caro
(que nous remercions chaleureusement)

Source :



[1] En Grèce et dans les Églises hellénophones, le canon de supplication (« paraclisis ») à la Mère de Dieu est chanté quotidiennement dans toutes  les églises pendant le Carême de la Dormition (ndt).

A Visit To The Holy Mountain ATHOS, Greece


vendredi 3 octobre 2014

Qu'est-ce que la Confession? (4 et fin)


Исповедь. Святая Гора Грабарка. Фото: Александр Василюк / orthphoto.net



Père Agafangel: Il y a la parabole suivante. Un homme est mort, et il frappe à la porte du Ciel. Il entend la réponse: "Nous avons maintenant un système de points. Nommez ce que vous avez fait, et nous allons l'évaluer ". 

"J'ai construit trois églises!" 

"Bon. Deux points ". 

"J'ai secrètement soutenu deux orphelins jusqu'à l'âge adulte." 

"Bon. Deux points de plus. " 

"J'ai fait la charité toute ma vie." 

"Un point de plus." 

"Combien faut-il?" 

"Au moins un millier." 

"Eh bien alors, il est impossible d'entrer dans le Royaume de Dieu par ses propres œuvres, mais [on peut y entrer] seulement par la grâce de Dieu!" 

"Entrez!" 

La repentance sans excuses 

Question: Nous connaissons la confession comme énumération des péchés. Comment peut-on apprendre la repentance véritable? 

P. Agafangel: Tout d'abord, avant d'entreprendre chaque action grave, on doit se demander: Dans quelle mesure cela correspond-il au Christ? Et il faut avoir la volonté d'arrêter immédiatement si nous n'agissons pas selon l'Evangile. 

Si on transgresse un commandement pour une raison ou une autre, nous devrions voir immédiatement notre infirmité, notre offense, notre péché. 

Un orthodoxe, tout d'abord, ne se justifie pas par lui-même. C'est là le chemin de la repentance. 

Un prêtre accessible 

Question: Confession dans une église ordinaire de la ville implique une énorme file d'attente pour le prêtre le samedi soir ou le dimanche matin. Quel genre de profond repentir ou de conversation spirituelle sérieuse peut-on avoir dans ces circonstances? 

P. Agafangel: Malheureusement, c'est la réalité de ce que nous avons et que nous ne pouvons pas changer. 

Les paroissiens réguliers devraient avoir la possibilité de parler avec leur prêtre au cours de la semaine. Nous parlons constamment de la charge de travail du prêtre: il a les offices de nécessité [требы,], l'école du dimanche, des conférences... le numéro de téléphone du prêtre doit être affiché en gros caractères sur le tableau d'affichage à l'entrée de l'église, de sorte que tout paroissien puisse l'appeler et lui demander: "Batioushka, où êtes-vous? Et quand serez-vous libre? Je viendrai vous chercher, nous devons parler." 

Le prêtre doit être accessible. On peut choisir un moment de la semaine pour donner une demi-heure ou une heure pour ceux qui ont besoin d'aide, de sorte que plus tard, dans cette longue file d'attente, il n'aura pas à parler de questions de vie et de mort en une demi-minute.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après









Orthodoxie Bulgare


jeudi 2 octobre 2014

Qu'est-ce que la Confession? (3)






Confession: le développement d'une spirale 

Question: Dans quels cas est-il essentiel de participer au Mystère de Repentance? 

Père Agafangel: Il va sans dire que les péchés mortels doivent être guéris par le Mystère de Repentance. 

En général, la confession comme mystère devrait avoir lieu en fonction de votre croissance spirituelle. Quand vous comprenez que vous avez fait quelque chose qui, jusqu'à récemment, ne vous semblait même pas terrible, mais maintenant vous le comprenez, c'est tout simplement impossible et inacceptable, et que vous ne pouvez pas comprendre comment vous pouviez vous être permis une telle chose - alors vous avez besoin de confesser ce péché dans le mystère. 

Question: Quelqu'un qui prie régulièrement et activement, qui se concentre sur sa croissance spirituelle, va à l'église, et communique avec des gens spirituels se sent un besoin accru pour le mystère de la confession. Mais alors la vie spirituelle décline, son cercle social change pour tendre vers le "conseil des impies"[Psaume 1], on arrête de prier, on tombe dans les passions - et on perd aussi la nécessité de la repentance. Il y a une évolution sinusoïdale. 

P. Agafangel: Ce serait mieux de dire une spirale: la croissance constante dans une dimension se transfère à la qualité de l'autre niveau. Pourquoi aons-nous besoin d’intercommunication spirituelle? Afin que notre vie spirituelle aille vers le haut; de sorte que nous ne soyons pas trompés par nous mêmes, de sorte que nous soyons sobres, de sorte que nous ayons une conception de soi saine, pour comprendre notre indignité, et demander l'aide de Dieu. 

Je me souviens comment, après ma tonsure monastique, je fus d’une manière inattendue ordonné prêtre et envoyé dans une église de la ville. Le recteur était un homme dur et il m'a parlé comme ceci: "Eh bien, un faux moine est venu." Je suis allé au monastère et me suis plaint à Batioushka de harcèlement, mais il a ri: «Au moins, quelqu'un t’a dit la vérité en face - tu devrais lui être reconnaissant: «Vous voyez quel genre de conversation spirituelle c’était ; il m'a remis à ma place. 

Il n'en est pas qui en soient dignes 

Question: Quels sont les dangers spirituels rencontrés quand on se confesse fréquemment ou que l’on ne se confesse pas fréquemment? 

Père Agafangel: Il y a des points de vue extrêmes. Le premier dit: la repentance n’est possible qu'une seule fois, avant le baptême; au maximum, deux fois (la deuxième fois est avant la mort). Les partisans de l'autre côté affirment: "Comment peut-on ne pas se confesser régulièrement, puisque nous péchons tout le temps!" 

Les deux parties ne me semblent pas tout à fait correctes. 

L'homme est infirme, faible, et capable de chutes. Rappelons le différend avec les donatistes: accepter ou non ceux qui avaient chû. L'Eglise a décidé: oui, les accepter - par la repentance. C'est le moyen idéal. La repentance ne doit pas être fréquente ou occasionnelle. Elle doit être appropriée et en temps opportun. 

D'autre part, quelqu'un qui se confesse quotidiennement n'aborde pas le Calice plus digne qu’il ne l’était avant cela. Trop de confession fréquente conduit non seulement à une profanation du mystère de repentance, mais à une condition spirituelle fausse. C'est une terrible idée fausse de penser que, en confessant en détail, vous pouvez vous approcher de la communion. Vous ne le pouvez pas, jamais. Et vous ne pourriez pas, si ce n'est par le fait que le Seigneur Dieu, dans sa miséricorde, brûle les péchés.
Confession: le développement d'une spirale 

Question: Dans quels cas est-il essentiel de participer au Mystère de Repentance? 

Père Agafangel: Il va sans dire que les péchés mortels doivent être guéris par le Mystère de Repentance. 

En général, la confession comme mystère devrait avoir lieu en fonction de votre croissance spirituelle. Quand vous comprenez que vous avez fait quelque chose qui, jusqu'à récemment, ne vous semblait même pas terrible, mais maintenant vous le comprenez, c'est tout simplement impossible et inacceptable, et que vous ne pouvez pas comprendre comment vous pouviez vous être permis une telle chose - alors vous avez besoin de confesser ce péché dans le mystère. 

Question: Quelqu'un qui prie régulièrement et activement, qui se concentre sur sa croissance spirituelle, va à l'église, et communique avec des gens spirituels se sent un besoin accru pour le mystère de la confession. Mais alors la vie spirituelle décline, son cercle social change pour tendre vers le "conseil des impies"[Psaume 1], on arrête de prier, on tombe dans les passions - et on perd aussi la nécessité de la repentance. Il y a une évolution sinusoïdale. 

P. Agafangel: Ce serait mieux de dire une spirale: la croissance constante dans une dimension se transfère à la qualité de l'autre niveau. Pourquoi aons-nous besoin d’intercommunication spirituelle? Afin que notre vie spirituelle aille vers le haut; de sorte que nous ne soyons pas trompés par nous mêmes, de sorte que nous soyons sobres, de sorte que nous ayons une conception de soi saine, pour comprendre notre indignité, et demander l'aide de Dieu. 

Je me souviens comment, après ma tonsure monastique, je fus d’une manière inattendue ordonné prêtre et envoyé dans une église de la ville. Le recteur était un homme dur et il m'a parlé comme ceci: "Eh bien, un faux moine est venu." Je suis allé au monastère et me suis plaint à Batioushka de harcèlement, mais il a ri: «Au moins, quelqu'un t’a dit la vérité en face - tu devrais lui être reconnaissant: «Vous voyez quel genre de conversation spirituelle c’était ; il m'a remis à ma place. 

Il n'en est pas qui en soient dignes 

Question: Quels sont les dangers spirituels rencontrés quand on se confesse fréquemment ou que l’on ne se confesse pas fréquemment? 

Père Agafangel: Il y a des points de vue extrêmes. Le premier dit: la repentance n’est possible qu'une seule fois, avant le baptême; au maximum, deux fois (la deuxième fois est avant la mort). Les partisans de l'autre côté affirment: "Comment peut-on ne pas se confesser régulièrement, puisque nous péchons tout le temps!" 

Les deux parties ne me semblent pas tout à fait correctes. 

L'homme est infirme, faible, et capable de chutes. Rappelons le différend avec les donatistes: accepter ou non ceux qui avaient chû. L'Eglise a décidé: oui, les accepter - par la repentance. C'est le moyen idéal. La repentance ne doit pas être fréquente ou occasionnelle. Elle doit être appropriée et en temps opportun. 

D'autre part, quelqu'un qui se confesse quotidiennement n'aborde pas le Calice plus digne qu’il ne l’était avant cela. Trop de confession fréquente conduit non seulement à une profanation du mystère de repentance, mais à une condition spirituelle fausse. C'est une terrible idée fausse de penser que, en confessant en détail, vous pouvez vous approcher de la communion. Vous ne le pouvez pas, jamais. Et vous ne pourriez pas, si ce n'est par le fait que le Seigneur Dieu, dans sa miséricorde, brûle les péchés.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

mercredi 1 octobre 2014

Qu'est-ce que la Confession? (2)

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La Prière sacramentelle comme artillerie lourde 

Père Agafangel: Les gens qui viennent à la communion et à la confession régulièrement, se heurtent tôt ou tard à deux problèmes: d'une part, l’un ou l'autre péché se répète sans cesse; ou, d'autre part, au contraire, il n'y a rien dont il doit se repentir. D'une part, rien de grave ne s'est passé, mais il faut se repentir afin de recevoir la communion; de l'autre, je me repens et me repens, mais tout cela se répète. 

Très souvent, nous percevons l’organisation disciplinaire déjà mentionnée ci-dessus comme un péché qui nous sépare de Dieu, et qui, en fait, pourrait ne pas exiger l'artillerie lourde de la prière sacramentelle. Cela réduit le Mystère du niveau de la repentance à celui d'un laissez-passer pour la communion. 

La repentance est le fait de changer d'esprit, de la metanoia. Ce n'est pas la confession des péchés qui va inévitablement se répéter jusqu'à la fin de nos jours. 

Je suggère que ceux qui viennent se confesser à moi ouvrent les Pères de l'Église: avec quoi ont-ils été tentés avant la mort? Les mêmes pensées, les mêmes péchés. Certes, ils n'ont pas agi sur eux, ils ont réussi à repousser les pensées. Mais ils ont été torturés par les mêmes passions - quoique affaiblies - que le reste d'entre nous. 

Par conséquent, nous n'avons pas tellement besoin de repentance, mais nous avons besoin de la conscience du péché et de la certitude que nous ne le répétons plus, et de la prière pour l'aide de Dieu afin de conjurer ces passions. 

Si vous avez la volonté de vous débarrasser de ce péché "normal", il ne peut pas être un obstacle à la communion et ne nécessite pas la lecture de la prière sacramentelle sur vous. Mais, je le répète, cela se rapporte à des infractions disciplinaires. Les violations graves, passionnés des commandements, la toxicomanie et autres, requièrent l'aide de Dieu pleine de grâce dans le Mystère de la Repentance. 

Confessez donc vos péchés les uns aux autres … 

Question: Toutefois, en ce qui concerne la communion continuelle aux divins mystères, les saints Nicodème de la Sainte Montagne et Macaire de Corinthe, disent que la seule condition d'admission à la communion est un cœur humble et la confession. 

Père Agafangel: Mais quand on parle de «confession», cela ne signifie pas toujours le Mystère de la Repentance. 

Dans le Nouveau Testament, nous lisons: Confessez vos péchés les uns aux autres (Jacques 5:16). «Les uns aux autres » - pas à un prêtre ou à un apôtre. 

Le mot même de "confesser" signifie "je confesse le Christ comme Dieu", signifiant je le reconnais publiquement comme mon Dieu. Je confesse mes péchés - signifie, devant mes frères et sœurs je reconnais mes péchés. 

Il est important pour quelqu’un qui s’approche du Calice de comprendre que ce qu'il a commis se trouve en dehors de «l'espace d’Evangile» et que ce n'est que le Seigneur, dans sa miséricorde qui lui permet de recevoir la communion. 

C'est-à-dire "confession de ses péchés" = "prise de conscience de sa propre indignité" = condition pour pouvoir accéder à la communion. 

Revenons au point de départ: à la pratique actuelle de l'Eglise russe d’effectuer le Mystère de la Repentance en préparation pour la communion. Nous vivons dans cette tradition; elle existe depuis longtemps; nous ne l’avons pas inventée; et ce n'est pas à nous de la briser - ce serait faire plus de mal que de bien. 

Mais parler, discuter, communiquer aux gens que c'est la pratique particulière d'une Église locale concrête dans une période historique concrète, et qu'en général, le mot «confession» a différentes significations - cela nous devrions le faire. De cette discussion nait la vérité. 

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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