"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

lundi 27 octobre 2014

Père Richard [Rene]Mystère, beauté et prière de Jésus


Le Père Richard [Rene] est prêtre de l'Eglise orthodoxe d'Amérique (OCA),  écrivain professionnel, et il a publié un certain nombre de poèmes, de nouvelles et de romans. Il dispose également d'un podcast sur ​​Ancient Faith Radio et il poste régulièrement des sermons et des réflexions sur son blog Mysterion.

Mystère, La Belle et la prière de Jésus


Un ami et collègue pasteur a récemment partagé son opinion selon laquelle l'Église orthodoxe à Cranbrook existe pour témoigner des dimensions de la beauté et du mystère qui sont trop facilement oubliées dans le christianisme post-moderne. Je suis d'accord. 

Dostoïevski a dit: "La beauté sauvera le monde." Il peut bien avoir parlé là de sa propre foi chrétienne orthodoxe, qui met à la fois la beauté et le mystère au cœur de sa culture et de culte spirituel.

Fyodor Mikhailovich Dostoyevsky
Dostoïevski

Qu'est-ce que la beauté? Ce n'est pas d'abord un ensemble de normes par lesquelles la société juge certaines choses ou personnes plus agréables à l'œil que d'autres. La beauté, est plutôt la gloire de Dieu qui brille dans la vie de ses enfants. 

Un des Pères de l'Eglise a dit: "La gloire de Dieu, c'est un être humain pleinement vivant." Quand nous vivons des vies humaines pleines, et authentiques telles que Dieu les a créés pour ce but, Sa gloire rayonne à travers nous d'une manière qui est unique à chacun de nous. Ce rayonnement est ce qui nous rend vraiment beaux, quelle que soit notre apparence physique ou nos attributs du monde.

Comment alors acquérons-nous cette beauté dans nos vies? Voilà où le mystère entre en jeu. Dans la tradition orthodoxe, le mystère a un sens très précis, qui est suggéré dans l'épître de Saint Paul aux Ephésiens (1:7-10): "En Lui nous avons la rédemption par Son sang, la rémission des péchés, selon la richesse de Sa grâce, que Dieu a répandue abondamment sur nous par toute espèce de sagesse et d'intelligence, nous faisant connaître le mystère de Sa volonté, selon le bienveillant dessein qu'il avait formé en Lui-même, pour le mettre à exécution lorsque les temps seraient accomplis, de réunir toutes choses en Christ, celles qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre.Le mystère de Dieu n'est rien de moins que la personne divine et humaine de Jésus-Christ, qui unit toutes choses dans les cieux et sur ​​la terre de Dieu en Lui-même.

En rencontrant le mystère qui est Jésus-Christ, en revêtant le Christ, comme saint Paul le dit, nous pouvons devenir "participants de la nature divine" (2 Pierre 1: 4), et en participant à Sa vie divine, nous entrons dans Sa beauté et nous sommes réunis avec le Dieu qui nous a faits pour Lui-même. La prophétie de Dostoïevski est remplie: la beauté sauve en effet le monde.




Au VIème siècle de notre ère, un moine et écrivain du nom de Jean Moschos amena son disciple Sophrone en pèlerinage aux anciens lieux saints du christianisme. En chemin, ils visitèrent en Egypte un monastère, situé sur le site où Antoine le Grand, fondateur du monachisme, passa  la plupart de sa vie dans une grotte du désert. Ils allèrent aussi au Mont Sinaï, où un autre monastère fut construit sur ​​le site où Moïse avait vu le Buisson Ardent.

Dans leur pèlerinage, le but des pèlerins était simple: découvrir un moyen pratique de rencontrer le mystère de Jésus-Christ et de devenir participants de la nature divine. En bref, ils voulaient savoir comment être sauvés. Les nombreux chefs spirituels chrétiens qu'ils rencontraient pendant ​​leurs voyages témoignaient d'une seule pratique, qui commença au début du IIIème siècle et fut appelée plus tard "hésychie" (La voie du calme intérieur). La pratique de l'hésychie, selon les anciens, implique d'être assis ou debout dans un coin tranquille, en concentrant toute son attention sur son rythme cardiaque et en répétant avec attention une seule courte prière: "Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi!"

Jean et Sophrone découvrirent que cette simple prière appelée "Prière de Jésus," est en fait le cœur de l'ancienne spiritualité chrétienne. À ce jour, l'hésychie reste la pratique spirituelle la plus importante de l'Eglise orthodoxe. 

L'essence de la prière de Jésus consiste dans le terme "pitié", qui dans la tradition orthodoxe connote la guérison et la plénitude, plutôt que le pardon ou la clémence. 

Quotidiennement, instant après instant et battement de cœur après par battement de coeur, nous faisons appel à Jésus-Christ pour nous guérir, panser les blessures mortelles du péché que nous nous sommes infligées nous-mêmes, et nous réunir avec Dieu dans l'amour et la joie. 

Pour invoquer de nouveau l'idée de Dostoïevski, l'hésychie nous permet de faire appel à la beauté de la gloire de Dieu révélée en Jésus-Christ pour nous sauver, en nous restaurant à la véritable humanité pour laquelle nous avons été créés.

Un récent documentaire du Dr Norris Chumley et du révérend Père John McGuckin intitulé Mystères de la prière de Jésus (www.mysteriesofthejesusprayer.com) retrace les étapes de ces pèlerins chrétiens du VIème siècle, nous amenant sur des sites qu'ils ont visités, qui agissent encore comme des lieux de silence intérieur aujourd'hui. Si vous n'avez pas eu l'occasion de voir ce film remarquable, je vous invite à le faire. Vous retrouverez un secret vieux de deux mille ans, une sagesse cachée qui nous parle aujourd'hui avec une nouvelle urgence, nous montrant comment trouver la vraie beauté dans un temps de désolation et de destruction, comment trouver la paix intérieure dans un temps de conflit et de haine, et comment être réunis avec Dieu et les uns aux autres, en un temps d'aliénation et de division.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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