"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 25 octobre 2014

Olga GLAGOLEVA: Saint Ambroise d'Optina (1/2)


St. Ambrose of Optina
Saint Ambroise d'Optina 

Dans l'histoire de la Russie, comme dans l'histoire du monde, il y a des saints qui servent de "jalons", pour ainsi dire, sur la route du Très-Haut. Un tel juste était saint Ambroise d'Optina, dont la mémoire [était] célébrée [hier]le 10 / 23 octobre.

Le futur grand staretz d'Optina, le hiéromoine Ambroise, est né le 4 décembre 1812, dans la ville de Grande-Lipovitsa dans le gouvernement (1) de Tambov, au sein de la grande famille de Michael Féodorovich Grenkov, un sacristain, et de sa femme, Martha Nikolaïevna. A douze ans ses parents l'inscrivent à l'école théologique de Tambov, et après avoir obtenu son diplôme en 1830, il entra au Séminaire théologique de Tambov. Ses études furent complétées avec succès en six ans (2), mais Alexandre n'entra pas à l'Académie théologique, et ne devint pas prêtre non plus. Pendant un temps, il fut précepteur dans la famille d'un certain propriétaire, et après cela instructeur à l'École théologique de Lipetsk. 

À l'âge de vingt-sept ans, tourmenté par des remords de conscience à cause de la promesse qu'il avait faite à Dieu dans la dernière classe de séminaire d'être tonsuré moine s'il guérissait de sa grave maladie, Alexandre Mikhaïlovitch secrètement, sans même demander la permission aux autorités diocésaines, s'enfuit à l'Ermitage d'Optina, qui à l'époque était une "colonne de feu dans l'obscurité de la nuit environnante, qui attirait tous ceux qui étaient de quelque manière à la recherche de la Lumière." 

Par tradition, ce monastère, à trois verstes (environ 3,2 kilomètres) de la ville de Kozel'sk, entouré sur trois côtés par d'impénétrables forêts vierges, et sur ​​le quatrième par la rivière Jizdra, fut fondé par un voleur repentant nommé Opta, compagnon d'armes de l'Ataman Kudeyar (3). 

A la base de la vie de ce monastère était le strict maintien des trois règles: une vie monastique stricte, la préservation [des voeux de] pauvreté, et l'aspiration de faire les choses toujours et en tout dans la vérité, dans l'absence totale d'acception des personnes. Parmi ceux qui y ont vécu, il y eut de grands lutteurs de piété et de grands hommes de prière, qui prièrent pour la Russie orthodoxe. Alexandre Mikhaïlovitch est arrivé là, on peut le dire, au temps florissant du monachisme d'Optina, lorsque ces grands piliers qu'étaient l'higoumène Moïse, et les startsy Léon et Macaire étaient vivants.

En Avril 1840, environ un an après son arrivée à Optina, Alexandre Mikhaïlovitch Grenkov devint moine. Il se joignit activement à la vie quotidienne du monastère: il brassait la levure, faisait des petits pains, et il fut l'aide d'un cuisinier pour une année entière. Après deux ans, il fut tonsuré dans le mantia (4) et on lui donna le nom d'Ambroise. En 1845, après cinq ans de vie au monastère d'Optina, Ambroise, âgé de 33 ans était déjà devenu hiéromoine. 

Son état de santé se détériora nettement durant ces années, et en 1846, il fut contraint de se retirer, car il était incapable d'accomplir ses obédiences, et il fut mis sur la liste des personnes qui étaient prises en charge par le monastère. 

Bientôt l'état de sa santé devint si grave qu'ils attendaient sa mort, et selon l'ancienne coutume russe, le père Ambroise fut tonsuré dans le grand schème. Mais impénétrables sont les voies du Seigneur: en deux ans, de façon inattendue pour beaucoup, le patient commença à aller mieux. Comme il le dit lui-même plus tard: "Dans un monastère, les malades ne meurent pas de sitôt, tant que la maladie leur apporte un bénéfice réel." 

Ce n'était pas seulement par les infirmités corporelles que le Seigneur forma l'esprit du futur grand staretz (5). Particulièrement importante fut son association avec les startsy Léon et Macaire, qui, voyant en Ambroise un vase d'élection de Dieu, parlaient de lui en nuls autres  termes que ceux-ci "Ambroise sera un grand homme." 

En écoutant les sages conseils du staretz Léon, il était en même temps très attaché au staretz Macaire. Il conversait souvent avec lui, lui ouvrait son âme et recevait des conseils qui étaient importants pour lui, et il l'aidait dans le travail d'édition de livres spirituels. Le jeune ascète avait enfin trouvé ce à quoi son âme aspirait ardemment depuis longtemps. Il écrivit à ses amis sur le bonheur spirituel qui s'ouvrait à lui à l'Ermitage d'Optina. 

"Tout comme toutes les routes menant au sommet d'une montagne se rejoignent au sommet, de même aussi à Optina, ce pic spirituel, le podvig (6) spirituel élevé de l'activité intérieure s'est uni au service du monde dans toute sa plénitude à la fois spirituelle et suivant les besoins du monde. "Les gens venaient vers les startsy pour le réconfort, la guérison et les conseils... Les personnes qui s'étaient emmêlées dans leurs problèmes matériels ou dans des quêtes philosophiques venaient aux startsy, et c'était à Optina que les êtres assoiffés de la plus haute vérité spirituelle se précipitaient -chacun étanchait sa soif à cette source d'eau vive." Les grands penseurs de l'époque, les philosophes et les écrivains de haut rang, y vinrent plus d'une ou deux fois: Gogol, Alexis et Léon Tolstoï, Dostoïevski, Vladimir Soloviev, Constantin Léontiev... Il est impossible de tous les compter. 

Pour un Russe, un staretz est un homme envoyé par Dieu Lui-même. Selon les paroles de F.M. Dostoïevski, "Pour une âme russe, fatiguée par le travail et la peine et surtout, par l'injustice constante et le péché constant, à la fois le sien et celui du monde, il n'est pas de besoin ou de consolation plus forts  que de trouver un sanctuaire ou un saint, de se prosterner devant lui et de faire un métanie devant lui. Si nous avons le péché, le mensonge, ou la tentation, néanmoins il est sur ​​la terre là-bas, quelque part, un saint et un être élevé spirituellement qui lui, au contraire, a la vérité. Cela signifie que la vérité ne meurt pas sur terre, et par conséquent, cela signifie qu'elle viendra à nous aussi, un jour, et règnera sur toute la terre, comme promis."(7)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après 


NOTES:

(1) Gubernia-ancien géographique, la division administrative de la Russie. 

(2) Le délai normal pour l'enseignement universitaire ou supérieur, alors en Russie. L'Académie Théologique était la prochaine étape. 

(3 ) L'Ataman Kudeyar était à la tête d'une bande de voleur (Ataman est le titre de chef cosaque) au sujet de laquelle une chanson populaire russe célèbre a été écrite intitulé, "La légende des douze brigands". Kudeyar et sa bande vivaient dans les forêts, extorquaient de l'argent et tuaient le peuple chrétien, jusqu'à ce que la conscience de l'ataman se réveille et qu'il devienne moine au monastère de Solovki- ainsi donc le relate l'honorable "moine Pitirim" à l'auteur-compositeur. 

(4) Le manteau ou cape monastique. 

(5) Staretz-un Ancien, et pas seulement en âge, mais en sagesse spirituelle et en expérience, humilité et amour. Un staretz reçoit des dons de Dieu pour ses luttes spirituelles: la sagesse, la clairvoyance, la guérison. 

(6)podvig- lutte ou exploit [spirituel ou ascétique] 

(7) Les Frères Karamazov. 


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