"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 28 septembre 2013

Marcher sur les eaux: Comment pouvons-nous croire à l'impossible? (IV)



IcoWat - Orthodox Christ Walking on the Water Icon

- Et comment l'appel de Dieu à l'homme peut-il être exprimé ? Pour une personne qui n'a pas encore trouvé la foi, c'est très difficile à comprendre. Vous parlez d'énergies incréés, comment peuvent-elles se faire sentir? Nous comprenons comment la chaleur, le froid ou un incendie peuvent se faire sentir, mais comment peut-on sentir ce qui se passe au-delà des limites des cinq sens ordinaires?

- Ceci est vraiment difficile à sentir avec les cinq sens ordinaires. Mais voilà, ici est rendue manifeste l'humilité incroyable, la douceur incroyable de la Divinité. Si le Seigneur devait apparaître à toute personne visiblement, même dans une petite fraction de Sa Splendeur, alors la question de la foi tomberait. Ce serait une sorte de démonstration devant laquelle aucun homme ne pourrait rester debout, car tout le monde tomberait tremblant à Ses pieds. Mais le Seigneur ne pousse, ni surtout ne force la volonté humaine. Par conséquent, Il appelle simplement à ce qui est meilleur en nous, à ce que , quel que soit notre état ​​de chute dans le péché, à ce qui reste néanmoins à chaque personne, et c’est comme s’Il se révèle à cette partie de nous qui est la meilleure. C'est un mystère insondable de l'âme humaine - pourquoi une personne voit et reconnaît Dieu, tandis que l'autre ne voit pas et ne reconnaît pas Dieu. Tout, dans ce cas, dépend uniquement de la personne.

Pendant les jours de sa vie terrestre, le Christ était sur la terre, et il y avait des gens qui ne voyant que Ses yeux, Son visage, comprenaient sans mots Qui se tenait devant eux. Ils quittèrent tout, et Le suivirent. Pour certains d'entre eux, le Seigneur manifesta l’un ou l'autre miracle divin, tandis que d'autres, sans miracles, constataient miraculeusement que devant eux se tenait Celui pour Qui ils laisseraient tout, et qu’ils suivraient jusques aux extrémités de la terre. D'autres, même après avoir vu les miracles que le Christ accomplissait, restèrent absolument sourds à la manifestation de la divinité et devinrent les ennemis du Christ, avides de le trahir à mort, ce qu’en fait ils firent avec une cruauté particulière, Le crucifiant sur la Croix.

La même chose se passe dans nos propres vies. Le Christ se révèle peu à peu à nous de la même façon. Et il faut dire que plus une personne est consciencieuse, mieux elle se comporte avec les personnes, plus vivante sera son âme et plus grande seront ses chances de voir le Christ dans sa vie et de Le reconnaître. Le Christ est particulièrement proche de chacun de nous dans tout le bien que nous faisons, et il est plus facile de Le reconnaître dans ce domaine. Bien qu’il arrive qu'une personne qui est absolument endurcie et cruelle puisse, en un instant, inexplicablement, vivre une véritable renaissance de cette rencontre même. C'est aussi un mystère .

- Il y a une injustice regrettable dans le fait que certains puissent connaître Dieu, tandis que d'autres ne semblent pas être si favorisés...

- Non, il ne faut jamais dire cela. Si une personne veut être meilleure, si elle apprend à aimer ceux qui sont autour d’elle, si elle apprend à sacrifier quelque chose pour eux, de cette façon, elle ouvre un chemin vers la connaissance du Christ. Mais si elle n'a pas besoin de tout cela, et que sa volonté est dirigée dans la direction opposée, dans le sens du péché, alors elle ne peut pas rencontrer le Christ sur ​​ce chemin; c'est à dire que la principale chose dépend de chaque personne. Les gens choisissent tout eux-mêmes, aussi inconsciemment que cela puisse être, mais le choix est toujours en fonction de l'inclination de leurs cœurs.

Il y a encore un autre point important. Dans un de ses livres, Saint Théophane le Reclus parle d'une chose choquante. Il dit que si une personne est à la recherche de la vérité et non pas du confort ou du bonheur, ou de quelque chose qui correspond à son idée d'une vie prospère qui lui convient, alors dans cette recherche de la vérité désintéressée, elle va certainement trouver le Christ. Elle ne peut pas Le manquer, car la recherche de la vérité la conduira très inévitablement à Christ.

- Elle recherche la vérité, et non pas le bonheur... Mais le bonheur n'est-il pas synonyme de vérité ?

- Non, bien sûr que non, parce que les gens peuvent avoir des idées très différentes du bonheur. Pour une personne le bonheur pourrait être une mine d'argent, pour un autre, il pourrait être l' occasion de gouverner les autres, de les humilier et de les rabaisser. D'autre part, le bonheur peut être l'occasion de faire sa propre volonté, sans entrave et en toute impunité, pour satisfaire ses instincts les plus vils, les plus cruels. Par exemple, quel est le bonheur des démons ? Le bonheur ténébreux, monstrueux d'un démon se consiste à  voir les gens périr,  parce que chaque ange déchu sait ce que sa propre fin terrible sera, et c'est sa joie que de voir la création du Dieu bien-aimé aller au même endroit, vers le même abîme. Malheureusement, bien que tous soient créés à l'image et à la ressemblance de Dieu, pour certains de nos contemporains, l'idée du bonheur est très similaire à celle des démons, car il en est beaucoup ces jours-ci qui aiment la destruction de gens comme eux, et se réjouissent dans leur perversité et leur corruption.

- Mais ce ne serait pas le "bonheur", entre guillemets ? Ce ne serait pas le vrai bonheur, après tout.

- Beaucoup ne savent pas ce qu'est le vrai bonheur. Tout bonheur que l'homme cherche en dehors de Dieu n'est que le "bonheur"  entre guillemets. Bien sûr , il y a des idées totalement monstrueuses de bonheur, et il y a, disons, de bonnes idées décentes. Quand une personne voit le bonheur dans une famille, dans l'amour, en faisant le bien, c'est une idée plus parfaite, mais n'est pas tout à fait parfait, parce que le bonheur ne peut être donnée à l'homme que par Celui Qui l'a créé.



Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

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