"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 4 décembre 2012

Aviv Saliou-Diallo: Comment un inconnu a changé ma vie! (1)

Aviv Saliu-Diallo.

Parfois, mes amis me demandent: " Ne connaissais-tu pas Père Daniel avant qu'il ne meure? " Je réponds "Non", je ne le connaissais pas personnellement, en fait, quand j'ai vu une vidéo de son sermon sur internet juste une fois, j'ai pensé: "Eh bien, c'est vraiment trop. Pourquoi commencer immédiatement avec l'enfer et les tourments éternels? Après tout, on pourrait effrayer les gens avec de telles paroles." Et comme je l'ai toujours fait en pareil cas, j'ai arrêté ce que je trouvais désagréable et je suis retourné à mes affaires.

Bien que je me considère parmi ceux qui sont sauvés, je n'avais ni du zèle pour le salut, ni de véritable amour du prochain. J'avais quelque peu oublié les paroles du Sauveur (ou peut-être que je n'y ai jamais vraiment réfléchi): Ainsi, parce que tu es tiède, et ni froid ni bouillant, je te vomirai de ma bouche (Apoc. 3:16).

Environ six mois plus tard, j'ai quitté la Russie. J'ai été vivre et étudier en Suisse, d'où ma famille est originaire. Je vivais seul, ma femme était restée en Russie pour une autre année. Ma bien-aimée Russie et mes amis me manquaient. Je suis maintenant entouré par des Suisses, que je ne comprenais plus, j'avais grandi en étant habitué à eux, et j'étais plus habitué aux russes  et au caractère l'imprévisible de la vie quotidienne russe. Mon père spirituel, auquel je n'obéissais même plus, était de retour à Saint-Pétersbourg et ici je n'avais même pas quelqu'un à qui désobéir. J'étudiais beaucoup. J'ai me languissais de Dieu bien sûr, et me rendait régulièrement à la Liturgie, chose que je n'avais pas toujours fait en Russie, je priais et lisais les Vies des Saints. J'aimais particulièrement les vies des martyrs et des fols-en-Christ. Mais malgré ma tiédeur j'ai toujours nourri l'espoir de venir à Dieu. Pendant de rares moments, j'ai rêvé de sainteté, de la puissance de la grâce qui a permis aux martyrs d'endurer les tourments et la mort, et aux fols-en-Christ à supporter la moquerie et et les difficultés.

Ensuite, j'ai reçu une brève note d'un ami: "Hier, à Moscou, le célèbre prêtre Daniel Sisoyev a été tué dans son église même. Peut-être as-tu entendu parler de lui?" Il a raconté plus en détail cet événement, et comment Père Daniel Sisoyev baptisait des musulmans. Non seulement il les baptisait, mais les catéchisait aussi.

J'ai tout de suite ouvert les sites de nouvelles et j'ai vu avec horreur l'église, la police et les orthodoxes de la communauté de Moscou qui pleuraient dans la nuit .
Puis je me tournai vers l'Internet orthodoxe et peu à peu, j'appris qui était ce célèbre prêtre, et j'essayais de comprendre qui veulait sa mort. J'ai commencé à me familiariser avec un nouveau terme inventé par le père. Daniel: "uranopolitan", pas du tout un "citoyen du monde" cosmopolite,  mais un uranopolitan ou citoyen du Ciel. J'ai écouté ses sermons et lu leur commentaire. On pouvait y déceler une menace islamique. Il est vrai, cependant, que beaucoup plus tard, quand je lus le Journal de Père Daniel j'ai surtout vu dee commentaires colèreux des nationalistes.

Pour moi, c'était très clair: c'était un martyr pour sa foi en Christ. Je voulais en savoir autant que possible sur lui, il était tout à fait incroyable qu'il puisse y avoir un martyr, un saint de nos jours! Il ne m'aurait fallu qu'une nuit calme dans un train de Saint-Pétersbourg à Moscou pour environ 500 misérables roubles et j'aurais pu entendre la voix d'un futur martyr, recevoir une bénédiction d'un fidèle serviteur du Christ, et baiser la main d'un saint. Mais plus important encore, j'aurais pu apprendre de lui et l'aider dans sa belle œuvre. De nos jours, dans notre pieuse Église, un missionnaire travaillait avec abnégation. Et non à des concerts de rock ou dans la presse orthodoxe, mais parmi les musulmans, les sectaires, et les occultistes. C'était un missionnaire qui fut digne d'une mort en martyr.

Quelques heures passèrent et mon frère Rachid vint me rendre visite. Je devais lui dire en quelque sorte: "Cher frère, tes frères musulmans ont tué notre prêtre…" Non, il ne comprendrait pas. Ou devrais-je commencer par lui parler de l'enfer et des tourments éternels? "Rachid, nous avons maintenant une bonne preuve. Un martyr de la foi chrétienne est mort, donnant consciemment  sa vie, parce qu'il était convaincu, il savait que vous, musulmans, irez en enfer. "Comprendrait-il? Il se vexera probablement… "Tu ne peux pas être sauvé sans le Christ. Donc, repends-toi, mon frère, parce que Mohamed est un faux prophète." Apparemment, je suis encore trop plein de rage. Je dois commencer par la prière, je dois trouver un moment opportun et les paroles appropriées... Je suis toujours à leur recherche.

Maintenant, j'ai du travail à faire. Du travail missionnaire. Pendant probablement une semaine j'ai écouté toutes les interventions du Père Daniel sur la mission et l'Islam qui se trouvaient sur internet. Sa voix est contagieuse et forte. Je les écoute encore régulièrement, surtout quand mon esprit chute. Son expression est toujours joyeuse, rayonnante, et, s'il vous plaît excusez l'expression, mais ce n'est pas un hasard si les saints sont représentés et décrits comme "similaires" [au Christ], ils expriment cette lumière qui émane de la Trinité une en essence.

Au cours de cette semaine-là, j'ai pris la décision: il est temps d'agir, temps de servir Dieu, et non pas simplement de faire semblant d'être un chrétien. Je veux servir Dieu comme missionnaire et je veux réaliser ce service en fonction de l'image que le prêtre PèreDaniel, qui a été tué pour le Christ nous a laissé. J'ai essayé de faire mes premiers pas dans ce domaine, mais rien ne s'est avéré juste. J'ai pris contact avec les étudiants et collègues du Père Daniel, qui m'ont envoyé une réponse détaillée à ma lettre, m'ont donné de sages  instructions, et surtout, un soutien moral. Je veux profiter de cette occasion pour les remercier. Ils sont de véritables continuateurs persévérants de l'œuvre de Père Daniel, et il est un continuateur du plan de la Sainte Trinité, car "la mission de l'Eglise est une continuation de la mission du Christ. Le Christ est le Premier Apôtre, "comme cela est dit dans les documents de notre Eglise.

Priest Daniel Sisoyev.

Prêtre Daniel Sisoyev.

Je me souviens de mon premier sermon de rue. C'était deux jours après que j'avais appris le martyre de Père Daniel. Après la Liturgie Je suis allé à la gare et j'ai attendu quelqu'un à qui parler du Christ. Un jeune homme s'est approché de moi, il avait l'air d'un toxicomane, et il m'a demandé de la petite monnaie. J'ai répondu: "Je ne peux pas vous donner de de la petite monnaie, mais je peux vous donner quelque chose de beaucoup plus précieux." Il a dit, "D'accord, donnez-le-moi." "Je vous donnerai la parole de Dieu! Dieu est Amour! " Mais il a juste dit:" Va t'en! "

C'est comme ça que j'ai commencé... j'ai continué à aller en mission dans la rue pendant plus d'un an, mais pas avec ces "perles" comme la première fois, parce que j'ai reçu des conseils de ceux qui font la mission de rue à Moscou. Mon expérience m'a permis de comprendre qu'une méthode peut donner de bons résultats dans certaines situations, mais pas dans d'autres. Les missionnaires de Moscou témoignent continuellement au sujet de la façon dont les gens réagissaient lors de la mission de rue et quelles conversations intéressantes se présentaient. A Genève, personne n'était intéressé. Ici, en Suisse, même les Mormons et d'autres sectaires ont renoncé il y a longtemps à la mission de rue. Ils ont probablement décidé que c'est une cause perdue avec ces gens.

Mais je n'avais pas envie d'abandonner et j'ai toujours été à la recherche d'autres formes de travail missionnaire. J'ai eu et j'ai encore une sœur dans la foi, Lydia. À la maison, ils l'appellent par son prénom d'Afrique, Neyat. Elle est venue en Suisse comme réfugiée quand elle avait douze ans. Le dimanche après la Liturgie elle allait avec moi dans un café et m'écoutait raconter les sermons de Père Daniel. Ils sont immédiatement allés dans son cœur. "Ici, nous sommes en Suisse et nous nous taisons, même si nous savons très bien que l'Orthodoxie est la vraie religion. Pourquoi sommes-nous silencieux? "Disait-elle. Nous avons commencé à travailler sur des traductions de littérature orthodoxe, et Lydia, qui parle couramment le français, m'a donné beaucoup d'aide dans l'édition de mes traductions. Un jour, elle est venue avec moi en mission de rue, et plus tard elle a bien ri de la manière dont les gens réagissaient à moi. Mais même si ma prédication n'a pas converti d'autres personnes, il a été d'une grande utilité pour moi. Il n'est pas facile de trouver la volonté d'aller faire une telle chose, on n'a pas vraiment pas envie de prendre ce risque, mais quand vous vous surmonter pour le bien de remplir le commandement du Christ, quelque chose change en vous et vous devenez plus proche de Dieu. Ce seulement que dans cette mission de rue s'est avérée ne pas être précisément ce par quoi nous devons commencer ici, notre évêque aussi me l'a confirmé plus tard.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après


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