"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mercredi 29 février 2012

Dr Demetrios Tselengidis, Professeur à l'Université Aristote de Thessalonique: Les hétérodoxes sont-ils membres de l'Eglise? (6)





"Eglises soeurs"

Pour commencer, le terme d'églises sœurs [en tant que terme] peut être considéré comme indifférent ou tout à fait inacceptable. Il est théologiquement indifférent quand il est utilisé pour décrire la relation entre les Églises orthodoxes locales. Mais le terme est théologiquement inacceptable quand il est utilisé pour définir le caractère ontologique de l'Église orthodoxe et du Catholicisme romain.

Tout d'abord, le terme d'églises sœurs n'est pas bibliquement fondé, ni même justifié. Quand l'apôtre Paul mentionne les différentes Eglises locales, il ne les appelle pas "sœurs", il ne veut pas non plus dire dire qu'il existe une certaine Eglise comme "mère" de ces Eglises locales. Il possède une prise de conscience que l'Eglise est "Une" et qu'elle a un caractère universel avec la notion de la plénitude de sa vérité et de sa vie, à la tête de laquelle - comme nous l'avons dit -, il y a le Christ Lui-même. Alors, quand [saint- Paul] s'adresse à une Église locale, il a l'expression caractéristique: "Pour l'Eglise qui est à... (par exemple Corinthe)". Cela signifie que la manifestation de l'Eglise tout entière est en mesure de se produire dans chaque endroit où la communauté eucharistique des fidèles existe sous [la guidance de] son évêque. Il est certainement évident que l'unité de ces Eglises locales est maintenue par la communion entre elles dans cette foi, cette vie, et cet ordre ecclésiastique. Le synode de leurs évêques garantit dans la pratique, l'unité des Eglises locales.

De ce qui précède, il devient clair que, puisque même des Eglises locales aux vues similaires, dans les limites de l'Orthodoxie ne justifient pas théologiquement, qu'on les appelle "sœurs", d'autant plus n'y a-t-il aucune raison théologique et ecclésiologique pour appeler l'Église orthodoxe et le Catholicisme romain églises sœurs. En outre, le Catholicisme romain ne peut pas à proprement parler être appelé l'Eglise après l'année 1014 après J.-C., car à partir de là, les proscriptions disciplinaires [Epitimies, pénitences] des Conciles œcuméniques étaient spirituellement en vigueur pour les catholiques à la suite de leur chute du Corps Théanthropique [de l'Église ].

Ici, il est nécessaire de noter que la levée des interdictions disciplinaires ci-dessus n'est pas en mesure de prendre place simplement par [l'intervention de] tout personnage officiel de l'Église - aussi haut soit-il dans la hiérarchie ecclésiastique; celles-ci ne peuvent être levées que par un Concile œcuménique. Mais même cela ne peut arriver que dans le cas où, à l'avance, les enseignements dogmatiques qui ont entraîné la chute du catholicisme romain de l'Église sont rejetés [en premier lieu].

Et il est donc clair que, officiellement, depuis l'année 1014 J.-C., le Catholicisme romain n'est pas l'Église. Cela signifie en pratique qu'il ne dispose pas de la foi apostolique correcte ou de la succession apostolique. Il ne possède pas la grâce incréée, et par extension il ne dispose pas des Mystères divins qui font du Corps théanthropique de l'Eglise, la "communion de theosis [divinisation]" de l'humanité. Et ainsi, puisque l'Eglise n'est pas en mesure d'être et de rester "Une" et "Indivisible" jusques à la fin des temps, chaque communauté chrétienne en dehors de l'Eglise orthodoxe est simplement hérétique.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Cet article a été publié dans «Οικουμενισμός: Ιστορική και Κριτική Προσέγγιση», Συνείδησι (εκτάκτη έκδοση της Ι.Μ. Μετεώρου, Αγία Μετεώρα), Juin 2009, p. 78-83. [Une version en anglais du titre est: "L'œcuménisme: une approche historique et critique", Syneidisi (Publication spéciale du Saint Monastère des Météores)].

Haïjin Pravoslave (60)


L’icône est chemin
Lorsque ton âme en prière
Cherche l’huis du Ciel

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)



mardi 28 février 2012

Dr Demetrios Tselengidis, Professeur à l'Université Aristote de Thessalonique: Les hétérodoxes sont-ils membres de l'Eglise? (5)


Kiss of Judas - the Betrayal

La théorie des "deux poumons" du Christ

Cette théorie a ses origines dans le catholicisme romain. Selon cette théorie, le Christ a comme "poumons" le Catholicisme romain et l'Église Orthodoxe.

Aujourd'hui, malheureusement, cette théorie a été également adoptée plutôt passivement par de nombreux hiérarques et théologiens  orthodoxes universitaires laïcs. Et nous disons "passivement", car cette théorie, à en juger à partir d'un point de vue orthodoxe, n'est pas seulement théologiquement malsaine, mais c'est aussi un blasphème à proprement parler.

L'Eglise orthodoxe se distingue ontologiquement du catholicisme romain, pour des raisons purement dogmatiques. En tant que telle, l'Eglise orthodoxe considère qu'Elle seule préserve le caractère de l'Église comme Corps théanthropique [Divino-Humain]du Christ. Le catholicisme romain s'est détaché de l'Eglise du Christ il y a mille ans.

En outre, puisque l'Eglise selon le Symbole de la Foi est "Une" et unie, elle est - théologiquement parlant- totalement incompréhensible à comprendre, en accord avec la théorie ci-dessus, selon laquelle l'Orthodoxie et le Catholicisme romain sont les "deux poumons" du Christ , et des membres égaux du Corps du Christ. Dans ce cas, nous sommes forcés de conclure que les autres membres du Corps du Christ soit restent toujours négligés ecclésiologiquement, ou sont ecclésiologiquement constitués à partir d'autres églises - en dehors des deux-là [l'Orthodoxie et le Catholicisme romain]. Ce point de vue, toutefois, nous conduira tout droit à l'adoption de l'ecclésiologie protestante de la "théorie des branches".

[Lorsque nous disons la "théorie des branches", nous entendons la théorie des protestants sur l'identité de l'Église. L'Église, selon eux, est la communion invisible des saints. Tous les dogmes des différentes églises historico-empiriques possèdent la légitimité et l'égalité d'existence, comme branches de l'arbre unique de l'église invisible. L'église invisible est la vraie église, qui est l'église confessée dans le Symbole de la Foi. Par conséquent, aucune partie de l'église locale de quelque confession dogmatique qu'elle soit, n'incarne l'Eglise "Une, Sainte, Catholique et Apostolique". Aucune église locale n'est en mesure d'affirmer qu'elle possède la plénitude de la vérité révélée. L'église du Christ est la somme totale de ses pièces réparties, à savoir, toutes les églises locales de toutes les confessions dogmatiques, sans tenir compte de la façon dont elles diffèrent dogmatiquement entre elles.]
Ceci est totalement inacceptable d'un point de vue orthodoxe.

Catholique romaine d'origine, la théorie ci-dessus concernant les "deux poumons" du Christ est un blasphème quand elle est adoptée par les chrétiens orthodoxes. Strictement parlant, c'est un blasphème parce qu'elle met dans le corps immaculé du Christ le catholicisme romain comme ses membres organiques (comme l'un de Ses "poumons"). Et cela se fait dans le même temps où le catholicisme romain, dans la réalité, souffre à la fois officiellement et ontologiquement d'être en dehors du Corps théanthropique [Divino-humain] de l'Eglise.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Haïjin Pravoslave (59)


Que tes pensées soient
Comme les petits enfants
Que le Christ rassemble


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

lundi 27 février 2012

Dr Demetrios Tselengidis, Professeur à l'Université Aristote de Thessalonique: Les hétérodoxes sont-ils membres de l'Eglise? (4)



De la prêtrise et des autres mystères

Le sacerdoce dans le contexte de l'Eglise est le sacerdoce du Christ, puisque le Christ accomplit les mystères de l'Eglise à travers Ses évêques et Ses prêtres.

La prêtrise présuppose une succession ininterrompue depuis les Apôtres. C'est-à-dire qu'elle suppose qu'existe la succession apostolique. Elle suppose principalement le Christ Dieu-Homme, comme officiant dans son Corps mystique, l'Eglise. En dernière analyse, le sacerdoce du Christ existe dans l'Eglise et est fourni par le Christ Lui-même par l'Eglise et pour l'Eglise. Un sacerdoce autonome et des mystères (sacrements) autonomes de l'Eglise ne sont pas en mesure d'exister.

Le sacerdoce - tout comme également d'ailleurs, tous les mystères - est une manifestation liturgique de l'Eglise (l'Eglise "est marquée par les mystères", selon saint Nicolas Cabasilas). Cela signifie que, pour que les Mystères existent, l'Eglise doit exister d'abord. Les Mystères sont comme les branches d'un arbre; des branches vivantes qui fleurissent et portent du fruit, ne sont capables d'exister que lorsque celles-ci sont des extensions organiques de l'arbre, c'est-à-dire, quand elles sont ontologiquement connectées avec le tronc de l'arbre.

Il est théologiquement incompréhensible de maintenir que les catholiques romains et les protestants hétérodoxes ont même un mystère, par exemple, le baptême. La question fondamentale qui doit être posée ici est: Qui officie au mystère du Baptême? Où l'officiant trouve-t-il son sacerdoce? Qui lui a donné la prêtrise, car cela n'existe que dans l'Eglise? Et où les hétérodoxes trouvent-ils l'Eglise, puisque, à cause de leurs dogmes erronés de la foi, ils se sont détachés d'Elle?


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Haïjin Pravoslave (58)


Prie dans le silence
Deviens le Nom Ineffable
Qui bat dans ton cœur


上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Vient de paraître: le Grand canon de saint André de Crète, édition bilingue slavon-français

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Le périodique « La voix orthodoxe » (Lyon) vient de publier, en version bilingue slavon-français, le Grand canon de Saint André de Crète, traduit par Bernard Le Caro dans le cadre des « Feuillets liturgiques » de la cathédrale orthodoxe russe de Genève. Il s’agit d’une version revue et corrigée par rapport aux éditions précédentes.
Le livret comporte d’abord le Grand canon en quatre parties, comme il est lu durant la première semaine de Carême, puis en entier pour le jeudi de la cinquième semaine. Des notes explicatives complètent la version intégrale du jeudi. La traduction a été établie sur la base d’une édition critique du texte original grec publié par l’université de Vienne, mais tient compte des versions slavonne et roumaine, ainsi que des traductions modernes en anglais et en français. Le texte slavon est accentué, ce qui permet au célébrant, dans les paroisses bilingues, de passer rapidement du slavon au français et inversement.
Cet ouvrage est disponible au prix de 10 Euros à l’adresse suivante: Église orthodoxe russe Saint-Jean-le-Russe, 4, petite rue de la Viabert, F-69006 Lyon.
(source: orthodoxie.com)

Jean-Claude LARCHET/ Recension: Théoclète Dionysiatis, « Entre ciel et terre »

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Recension: Théoclète Dionysiatis, « Entre ciel et terre », traduit du grec par le P. Ambroise Fontrier, L’Age d’Homme, Lausanne 2011, 227 p. (« La Lumière du Thabor »).
Le père Théoclitos (1916-2006) fut un moine réputé du Mont-Athos, appartenant au monastère de Dionysiou, qui eut, pendant la période où il y vécut, deux illustres higoumènes: le père Gabriel et le père Charalampos (fils spirituel de Joseph l’Hésychaste). Apprécié pour son érudition, il est l’auteur de nombreux livres et articles – consacrés notamment à saint Denys l’Aréopagite, saint Nicodème l’Hagiorite, Saint Grégoire Palamas, saint Nectaire d’Égine, et à divers grands spirituels athonites du XIXe et du XXe siècles – et de nombreuses traductions en grec moderne de textes patristiques (Évagre, Marc l’Ermite, Diadoque de Photicé, Maxime le Confesseur, Grégoire Palamas). L’un de ses livres a déjà paru en français en 1989 aux éditions Axios, traduit par M. J. Montsaingeon, dans le cadre du recueil « Écrits du Mont-Athos. Une anthologie hagiorite contemporaine » ; ce livre, intitulé « Dialogues athonites sur la théologie de la prière du cœur » (en partie inspiré par l’enseignement du maître de la prière hésychaste que fut le P. Charalampos) a connu un grand succès en Grèce. Le présent livre y fut également célèbre. Il traite essentiellement de la vie monastique, présentant la conception particulière qu’en a l’Église orthodoxe et faisant l’éloge de la forme qu’elle prend dans le cadre, empreint de beauté et de pureté, de la Sainte Montagne. Le texte a la forme d’un dialogue entre un moine athonite, le père Chrysostome, et un théologien, un juriste et l’auteur du récit. Alors que le théologien a du monachisme une conception mondaine et moderniste (centrée sur l’activité sociale du moine, le christianisme étant, selon lui, une religion essentiellement sociale et altruiste), le moine athonite défend le monachisme tel qu’il est conçu par la tradition orthodoxe, spécialement la tradition hésychaste où, comme le disait saint Maxime le Confesseur, l’action est contemplative et la contemplation active, et où le moine tant dans la vie communautaire ecclésiale que dans la solitude et le silence de l’hésychia, a un mode de vie qui n’est plus de ce monde, tout en incluant le monde dans son amour et dans sa prière. Cette dernière conception est confirmée par l’ancien Théolepte, qui vient rejoindre les autres interlocuteurs, puis par un ermite dont tous font la rencontre. Différents sujets relatifs à la vie spirituelle sont successivement abordés – la foi, l’ascèse, la prière, l’amour, la paix … – d’une manière à la fois vivante et poétique, fondée sur l’expérience et non sur la spéculation abstraite (dont les limites sont souvent soulignées), ce qui n’empêche pas d’en définir la nature avec profondeur.

L’ouvrage est précédé d’une longue introduction de 66 pages due au métropolite Philarète (Motte), ancien élève de l'École normale supérieure et agrégé de Lettres classiques, qui est membre d'un groupe de « vieux-calendaristes » en rupture de communion avec l'Église orthodoxe. Certains éléments de cette introduction peuvent être positivement appréciés tandis que d’autres exigent d’être rectifiés.
1) Dans sa première partie, l’auteur laisse entendre (p. 11) que le P. Théoklitos aurait été lui-même proche des vieux-calendaristes. Le respect de la mémoire du père Théoklitos (que j’ai personnellement bien connu) exige que l’on rappelle, contre la tentative de récupération qui en est faite ici, que c’est dans un cadre strictement canonique et ecclésial qu’il a toujours exercé son activité de patrologue, de théologien et d’écrivain ecclésiastique. Rattaché d’abord au monastère athonite de Saint-Paul, puis, pendant la plus grande partie de sa vie et jusqu’à son décès, au monastère de Dionysiou, il fut pendant plusieurs années le représentant de ce monastère auprès de « sainte épistasie » qui exerce le gouvernement général de la communauté athonite à Karyès, et il assura même la charge de protos (président) de celle-ci, ce qui aurait été inconcevable si ses idées et positions ecclésiologiques n’avaient pas été pleinement conformes à ce que cette fonction de direction et de représentation exigeaient. En tant que protos, il eut même à combattre les activités séparatistes que menaient avec violence les moines du monastère vieux-calendariste d’Esphigménou. Il suffit au demeurant de consulter les numéros de la revue « Dialogues athonites », dont le père Théoklitos était le rédacteur, pour constater qu’il était fortement opposé au « schisme des zélotes », selon ses propres termes (n° 22, 1974, p. 23, « Au sujet d’un schisme durable), et à l’attitude des moines d’Esphigménou, considérant que, au regard de la charte du Mont-Athos, ils justifiaient les mesures coercitives du patriarcat de Constantinople les concernant (ibid., p. 6, « La Sainte Montagne et le Patriarcat Œcuménique »)..
2) L’auteur de l’introduction souligne à juste titre dans sa deuxième partie le rôle historique que joua tout au long des siècles le Mont-Athos dans la préservation de la tradition orthodoxe. Mais il présente (p. 24-25) ce monastère paléocalendariste d’Esphigménou comme le seul monastère irréprochable, accusant les autres monastères de l’Athos d’être composés de moines issus d’associations laïques, universitaires, inspirées de l’Occident, qui n’ont pas reçu, pour la plupart, la tonsure des mains d’un moine de l’Athos, et ont souvent gardé l’esprit du monachisme séculier dont ils proviennent, un monachisme rénové, activiste, où l’ascèse et la contemplation ne sont pas comprises justement. Cette affirmation doit être doublement rectifiée. La plupart des monastères de l’Athos ont bénéficié, dans les années soixante du siècle dernier, d’une restauration du cénobitisme sous sa forme traditionnelle, alors qu’il y régnait souvent une vie idiorythmique sans consistance liturgique et que la vie spirituelle y était devenue très décadente. Cette restauration du cénobitisme fut accompagnée d’une restauration de la prière hésychaste dans le canon des moines, alors qu’elle n’était conservée que dans quelques ermitages. Ce renouveau, qui ne fut pas une innovation mais bien une restauration de la vie athonite traditionnelle, est dû en particulier aux disciples du grand Joseph l’Hésychaste, qui ont su rendre attirante la vie monastique pour beaucoup de jeunes (parmi lesquels, un certain nombre d’étudiants ou de jeunes diplômés) et sont allés repeupler et revivifier des monastères qui ne comptaient plus que quelques vieux moines, comme ceux de Philothéou, d’Esphigménou, de Vatopaidi, de Xéropotamou, de Dionysiou. L’higoumène Basile qui a revivifié le monastère de Stavronikita s’est placé pour entreprendre et mener à bien sa tâche sous la direction du célèbre père Païssios, et sa conception de la vie spirituelle était fortement ancrée dans l’enseignement et l’expérience de saint Isaac le Syrien, comme en témoigne le très beau texte placé en tête de la traduction française, par Jacques Touraille, des « Discours spirituels » de saint Isaac le Syrien. Le père Émilianos, venu des Météores avec sa communauté, s’est placé aussitôt sous la direction spirituelle du père Éphrem de Katounakia, qui était l’ancien prêtre de la communauté de l’ancien Joseph et était devenu l’un des plus fameux hésychastes de la Sainte Montagne. L’higoumène Georges de Grigoriou, dès sen arrivée à l’Athos avec sa communauté, se mit lui aussi à l’école des disciples de Joseph l’Hésychaste. Des personnalités spirituelles de qualité sont apparues au sein de ces communautés qui ont à leur tour pris en charge des monastères quasiment vides et y ont continué ou restauré la tradition athonite. Le père Théoklitos lui-même était enthousiasmé par le renouveau athonite de cette époque, comme on peut le voir dans le numéro 39-40 de 1976 de sa revue « Athoniki Dialogi », où il se montre (p. 29) particulièrement laudateur à l’égard des higoumènes Basile de Stavronikita, Georges de Grigoriou, Éphrem de Pilothéou.
3) Sur la base d’un court chapitre du livre du père Théoklitos (p. 133-145), l’auteur de l’introduction soutient dans la troisième partie de celle-ci que l’auteur du « Corpus areopagiticum » serait Denys l’Aréopagite lui-même, le disciple de saint Paul. Or aucun scientifique ne soutient plus aujourd’hui cette identification (la thèse de Ch. M. Stang – « No longer I: Dionysius the Areopagite, Paul and the Apophasis of the Self » – , qui fait exception, ne paraît guère sérieuse). Les écrits aréopagitiques sont en effet cités pour la toute première fois au VIe siècle par le théologien monophysite Sévère d’Antioche (465-538), et ces écrits comportent des termes qui n’existaient pas avant les controverses christologiques qui ont suivi le concile de Chalcédoine (451), ce qui amène à situer leur origine à la fin du Ve siècle ou au début du VIe siècle et dans un milieu syrien. Il est en tout cas invraissemblable que si ces écrits étaient contemporains de saint Paul et dus à un disciple de celui-ci, aucun Père (y compris Cyrille d’Alexandrie qui aurait eu grand besoin de s’y référer) ne les ait cités avant Sévère ni commentés avant Jean de Scythopolis (première moitié du VIe siècle). Cela n’enlève rien à la valeur de ces écrits dont saint Maxime le Confesseur a montré la parfaite orthodoxie face aux monophysites qui en invoquaient l’autorité à leur profit, et qui ont été reçus dans la suite des siècles parmi les grands textes de référence de la littérature patristique. Et cela n’exclut pas qu’ils aient pu être l’expression écrite, à un moment donné, d’une tradition orale remontant au disciple de saint Paul et ayant franchi plusieurs siècles.
L’auteur de l’introduction a en revanche parfaitement raison de critiquer l’idée selon laquelle les écrits aréopagitiques seraient sous l’emprise directe d’une influence néoplatonicienne. Le P. Alexander Golitzin, ancien moine de Simonos-Pétra devenu récemment évêque aux États-Unis, a montré dans sa remarquable thèse « Et intoibo ad altere Dei » publiée en anglais dans la collection « Analekta Vlatadôn », que l’influence des Cappadociens est sur le corpus aréopagitique bien plus forte que celle du néoplatonisme. Et j’ai, dans ma « Théologie des énergies divines », soutenu l’hypothèse que l’auteur du corpus aurait été en réalité un adversaire du néo-platonisme qui aurait usé d’une partie du langage de celui-ci comme d’un cheval de Troie en vue d’en christianiser le sens, opérant ainsi de l’intérieur une rectification de la pensée néo-platonicienne permettant non seulement de la rendre autant que possible compatible avec la pensée chrétienne mais encore de l’intégrer à elle. C’est aussi l’avis de patrologues aussi divers que V. Lossky, A. de Halleux, C. Pera, P. Scarzzoso, E. von Ivanka ou D. Bradshaw.
Quoi qu’il en soit, l’interprétation des œuvres de Denys a toujours constitué au cours des siècles une pierre de touche pour l’orthodoxie ; non seulement la controverse dite palamite est en partie née d’un désaccord sur la façon de comprendre Denys, mais les divergences d’interprétation de la pensée même de saint Grégoire Palamas en sont tributaires.
L’auteur de l’introduction a raison de souligner que la pensée augustinienne est marquée par une forte influence néoplatonicienne (voir entre autres : M. F. Sciacca, « Saint Augustin et le néoplatonisme »; Régis Jolivet, « Saint Augustin et le néoplatonisme chrétien »; L. Grandgeorge, « Saint Augustin et le néoplatonisme ») et que le thomisme est en grande partie structuré par un aristotélisme réinterprété dans le cadre du néoplatonisme (voir en particulier P. Faucon o. p., « Aspects néo-platoniciens de la doctrine de saint Thomas d'Aquin »), et que c’est surtout sous l’influence des théologiens latins que l’idée du caractère néoplatonicien de la théologie de Denys a été imposée à l’Occident. Aujourd’hui encore, les fondamentalistes thomistes (comme Antoine Lévy dans un article violemment antipalamite du dernier numéro de la revue « Istina », laquelle, après son changement de direction, renoue avec une vieille tendance) en viennent à considérer faussement, à travers la pensée de Thomas d’Aquin prise comme une référence absolue, le néoplatonisme comme une dimension essentielle et inaliénable de la pensée patristique.
Jean-Claude Larchet
sur 

dimanche 26 février 2012

Haïjin Pravoslave (57)


Tu es pèlerin
En partance pour le Ciel
Par la Voie du Nom

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Dr Demetrios Tselengidis, Professeur à l'Université Aristote de Thessalonique: Les hétérodoxes sont-ils membres de l'Eglise? (3)



La succession apostolique

Avec la foi apostolique est également inséparablement jointe la succession apostolique. La succession apostolique seule possède la véritable substance dans le corps de l'Eglise, et elle présuppose d'ailleurs la foi apostolique.

Quand nous parlons de la succession apostolique, nous entendons la succession ininterrompue de la direction de l'Eglise depuis les Apôtres. Cette suite a un caractère charismatique [1] et est garantie par la transmission de l'autorité spirituelle des apôtres aux évêques de l'Eglise, et à travers eux aux prêtres.

Le mode de transmission de l'autorité spirituelle et apostolique aux évêques se fait par la consécration (xeirotonia). Si, ensuite, un évêque a reçu sa consécration de manière canonique et ecclésiastique et  ensuite se trouve hors de l'Eglise à cause de sa croyance erronée, en substance il cesse de posséder la succession apostolique puisque cette succession n'a de sens que dans le Corps mystique du Christ, l'Église.

Par conséquent, si un évêque ou toute Eglise locale - peu importe le nombre de ses membres - se détache de la Foi de l'Église, ils cessent d'avoir la succession apostolique, comme elle a été exprimée infailliblement dans les Conciles œcuméniques, parce qu'ils se trouvent déjà en dehors des l'Église. Et puisque la succession apostolique est, par essence [2] brisée, il n'est pas possible de parler de la possession ou de la poursuite de cette succession pour ceux qui se sont retranchés de l'Eglise.

Sur la base de ce qui précède, le Pape lui-même - comme aussi l'ensemble des évêques catholiques romains - est dépourvu de la succession apostolique, puisque, étant dépourvus de la foi apostolique, ils se sont retranchés de l'Eglise. Parler de la succession apostolique en dehors de l'Église, par conséquent, est une discussion sans fondement scientifique, c'est-à-dire, une discussion qui ne repose pas sur la théologie.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Sur le site de l'archimandrite Thomas: Dimanche du Pardon



sur 
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«Si vous pardonnez 
leurs fautes aux autres,
Votre Père qui est dans les cieux
Vous pardonnera aussi.”
(Mt 6, 14)
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Le Dimanche du Pardon

Très chers frères et sœurs,

Aujourd'hui j'aurais aimé décorer l'église de ce qui restait dans les rayons après la Saint Valentin, car, vous l'aurez sans doute remarqué, cette semaine le monde a fêté la Saint Valentin. Dans la tragédie 'Hamlet', Ophélia qui a perdu la tête se met à chanter:

Bonjour! C'est la Saint-Valentin.
Tous sont levés de grand matin.
Me voici, vierge, à votre fenêtre, pour être votre Valentine.
Alors, il se leva et mit ses habits, et ouvrit la porte de sa chambre;
et vierge elle y entra, et puis jamais vierge elle n'en sortit
( William Shakespeare, Hamlet, acte IV, scène 5)



Des plumes, des petits cœurs et des ballons roses de tous formats et matériaux … 
Mais hélas, qui vous dira qui était Valentin ou pour quelle raison on le fête!



Je suis au regret de devoir vous dire que Valentin n'est pas le patron des amoureux. Il n'est pas non plus le patron de l'amour. Valentin est, par contre, le patron du pardon, mais cela, qui voudra s'en souvenir dans notre société moderne? Quant à nous, nous le fêterons bel et bien pour cette raison précise là aujourd'hui. Et nous le fêterons avec exubérance car c'est véritablement une fête que de pouvoir se donner mutuellement le pardon et de recevoir le pardon des autres. C'est l'une des plus grandes des fêtes que l'Église puisse fêter.



Afin que l'année prochaine vous sachiez exactement qui vous fêtez et ce que vous fêtez lorsque vous offrirez à vos proches les plus chers et les plus aimés une rose rouge, un petit cœur, un bouquet de fleurs ou un petit animal en peluche, je vous dirai quelques mots à propos de ce Valentin.



Valentinus, était son véritable nom à l'époque; il était prêtre à Rome et fut jeté dans la prison de Mamertin par l'empereur Claudius Flavius en 269 à cause de sa foi. Ceux qui connaissent l'histoire de la Rome ancienne sauront que cette prison était un donjon souterrain où étaient incarcérés les pires criminels. Dans cet endroit, il n'y avait bien sûr ni lumière ni air frais ; la seule lumière provenait de la lueur des torches fumantes dont l'odeur et la fumée se répandait partout et se mêlait à celle des excréments humains car il n'y avait évidemment pas de toilettes dans les cellules pour les occupants qui connaissaient parfaitement leur sort, la mort, mort qui dépendait de la fantaisie de l'empereur et de la créativité des geôliers.



Le gardien qui s'occupait de Valentin s'appelait Astérius et était un chef d'armes qui, pour le dire euphémiquement, avait des tendances sadiques et se faisait un plaisir malin d'exécuter ses fantasmes les plus sordides sur le prêtre Valentin. La simple lecture des supplices qu'il lui infligeait me rend déjà malade, je vous en épargnerai donc le détail. Un jour Valentin agenouillé priait dans sa sombre cellule: « Seigneur Jésus Christ, Tu es ma Lumière, Tu es mon Salut. » Astérius entendant ces paroles ne put s'empêcher de rabrouer sarcastiquement Valentin en lui disant: « Si ton Dieu qui est Lumière existe vraiment, demande lui alors de rendre la lumière aux yeux de ma fille qui est aveugle depuis deux ans maintenant » Valentin interrompt sa prière, se lève, se tourne vers son geôlier et lui dit: « Le Seigneur te pardonne. Moi aussi je te pardonne. Que ta fille vienne ici. » Astérius fait venir sa fille qui recouvre la vue grâce à la prière de Valentin. Vous devinez tous la suite de ce récit: Astérius se convertit et se fait baptiser avec toute sa famille. Mais ils subissent tous, Valentin inclus, la mort du martyre, mort différente pour chacun d'entre eux mais également cruelle cependant. La relique du crâne de Valentin repose encore à Rome ce jour.

Telle est la  véritable histoire de la vie de Valentin et la raison pour laquelle il est célébré: il pardonne à son gardien toutes les vexations et supplices qu'il avait subis, et il guérit sa fille de la cécité. Voilà donc la raison pour laquelle la Saint Valentin est bien la fête du pardon et non pas la fête des amoureux comme les intérêts commerciaux veulent nous le faire croire. Que la Saint Valentin soit devenu la fête des amoureux découle d'un usage qui vit le jour suite à un poème que Chaucer écrivit à l'occasion des fiançailles d'un Prince héritier anglais avec une princesse française un 14 février justement.



Aussi, fêtons donc le véritable Valentin en ce jour, en ce jour du Dimanche du Pardon. Nous, orthodoxes, nous nous délectons de parler de Dieu et de Lui appliquer des qualificatifs. La théologie dite 'apophatique' pour utiliser un vocable savant, déclare que Dieu ne peut être circonscrit ou défini par des paroles, c'est pourquoi Dieu est défini par ce qu'Il n'est pas. Dieu est L'Inconnaissable, L'indescriptible, L'insaisissable, L'insondable. Le préfixe 'in-' qui équivaut à l'alpha privatif en grec évoque une approche négative; en d'autres mots, l'on réfute à l'avance ce que l'on dira ensuite. Dieu est L'in-saisissable, L'in-descriptible... Il ne peut être compris, Il ne peut décrit, ni cerné ni défini.

Je suis néanmoins d'avis que l'on peut bel et bien donner un qualificatif à Dieu, Lui attribuer  une qualité : Dieu à une propension au Pardon. Dès que l'homme commit sa faute « impardonnable » au Paradis, Dieu ne ménagea aucun effort pour replacer l'homme sur la voie du pardon afin qu'il puisse accorder et recevoir le pardon. Dieu a été jusqu'à l'extrême dans Ses efforts: Son Fils Unique a pris sur lui la charge du péché de toute la race humaine et est mort sur la Croix pour cela, alors que simultanément Il pardonna leur ignorance à ses bourreaux: « Père pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu'ils font. » (Lc 23, 34)



Nous nous disons chrétiens, n'oublions donc pas que nous portons Son Nom. Si nous portons ce Nom en toute conscience, il nous faudra également pouvoir et vouloir appliquer dans notre vie cet attribut divin qu'avait Valentin: la propension à pardonner. Si nous ne le faisons pas, chers frères et sœurs, nous ne pouvons pas nous nommer des chrétiens, car nous agirions d'une façon pire encore que celle des infidèles, car non seulement porterions-nous hypocritement ce Nom mais, en plus, nous blasphémerions contre Lui et nous serions maudits à Ses yeux. Profitons donc de l'occasion de fêter en toute conscience Saint Valentin en demandant pardon et en accordant notre pardon. Abba Poemen disait à propos d'Abba Isidore que c'était la seule parole qu'il confiait aux frères de l'Église: « Pardonnez à votre frère afin que vous puissiez être pardonnés. »

Je te demande pardon, je ne veux pas que l’on y passe,
Dans le grand trou où tout s’efface.
Je te demande pardon, je ne veux pas qu’on efface,
Ces liens qui nous enlacent, qui nous enlacent.


Les mots semblent faibles, à la lueur des réverbères,
Les trous dans l’air, les blessures au mystère.
Sur ce coin de trottoir, dans le cœur de l’espoir,
On met un peu de noir, on meurt sans le savoir.


Des amures étincellent, de glaives au fin tranchant,
Deux êtres s’écartèlent, comme deux combattants
Accrochés à leurs armes comme pour ne pas sombrer,
Accrocher à leurs larmes, sur le radeau brisé.


On a perdu le rire, dans les égaux du temps,
Le pire est à venir, si l’on ne meurt avant,
Ce feu de solitude brille au cœur du naufrage.
Mais vois je me dénude, jusqu’au coeur de l’orage.


Je te demande pardon, je ne veux pas que l’on y passe,
Dans le grand trou où tout s’efface.
Je te demande pardon, je ne veux pas qu’on efface,
Ces liens qui nous enlacent, qui nous enlacent.

Feuillets Liturgiques de la Cathédrale Russe de Genève (version bilingue)

geneve.jpg
Dimanche du Pardon
13/26 février

Saint Martinien, Saintes Zoé et Photine (Claire) de Césarée de Palestine (V) ; Saint Euloge, archevêque d'Alexandrie (vers 607) ; Saint Syméon le Miroblite (Serbie, 1200)

Lectures: Rom. XIII, 11-XIV, 4 ; Маtth. VI, 14-21


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Le Grand Carême

LE GRAND CARÊME

Lectures orthodoxes pour chaque jour

Textes rassemblés par Bernard Le Caro avec la participation de Mathieu Malinine

samedi 25 février 2012

Dr Demetrios Tselengidis, Professeur à l'Université Aristote de Thessalonique: Les hétérodoxes sont-ils membres de l'Eglise? (2)



La Foi Apostolique

L'incorporation et le fait de demeurer dans le Corps mystique du Christ, l'Eglise, ne sont pas inconditionnels. Cela présuppose, en tout cas, l'acceptation - avec des conditions - et la confession de la foi apostolique, tout comme elle est définie et mise en place par les décisions des Conciles œcuméniques de l'Église.

Ainsi, quand un croyant (quelle que soit la position institutionnelle qu'il occupe dans le corps de l'Eglise), ou un groupe de croyants (quel que soit leur nombre) violent le principe de la foi constante de l'Église, ils sont coupés de Son Corps. Ils sont défroqués, quelle que soit la classe sacerdotale qu'ils possèdent, tandis que les laïcs sont excommuniés, comme cela ressort des décisions des Conciles œcuméniques. Cela signifie qu'ils ne sont pas en mesure à l'avenir de participer et de communier aux Mystères (sacrements) de l'Église.

Les catholiques romains ont officiellement quitté l'Eglise au 11ème siècle. En 1014, ils ont introduit dans le Symbole de la Foi leur enseignement dogmatique erroné sur l'Esprit Saint: le Filioque bien connu. Selon cette doctrine de l'Esprit Saint comme Personne divine a sa procession à la fois du Père et du Fils. L'enseignement dogmatique des catholiques romains, cependant, renverse la foi apostolique de l'Eglise dans le Dieu triadique, puisque, selon l'évangéliste Jean l'Esprit de vérité "procède du Père" (Jean 15:26). Par ailleurs, le Troisième Concile œcuménique par son président saint Cyrille d'Alexandrie, sur le Symbole de Foi détermine que "οὐδενί ἐπιτρέπεται λέξιν ἀμεῖψαι τῶν ἐγκειμένων ἐκεῖσε ἤ μίαν γοῦν παραβῆναι συλλαβήν" ("Il n'est pas permis à quiconque d'ajouter ou de soustraire, même une syllabe "de celles qui ont été énoncées dans le Symbole de la Foi). Tous les Conciles œcuméniques ultérieurs ont accepté les décisions de ce Troisième Concile œcuménique.

Il est donc évident, que les catholiques romains - et par extension les protestants qui ont adopté le Filioque - ont quitté de la foi apostolique de l'Eglise. C'est à cause de cela, sans mentionner toutes les innovations ultérieures dans la foi de la part de la chrétienté occidentale (comme l'infaillibilité du pape, les dogmes mariaux, la primauté du Pape, la grâce créée, etc...) que ceux-ci l'ont quittée.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après

Haïjin Pravoslave (56)



Tu vois ta seule ombre
Toi qui chemines sans cesse
Courbé vers la terre

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Monastères des Météores

vendredi 24 février 2012

Dr Demetrios Tselengidis, Professeur à l'Université Aristote de Thessalonique: Les hétérodoxes sont-ils membres de l'Eglise? (1)



Tout d'abord, il est nécessaire de préciser qu'en tant que chrétiens orthodoxes, nous croyons, en accord avec le Symbole de la Foi (le Credo) de Nicée-Constantinople (381 après J.C.), "en l'Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique". Selon la conscience dogmatique ininterrompue de l'Eglise orthodoxe à travers les âges, c'est-à-dire, selon sa conscience de soi, cette Eglise UNE est l'Eglise orthodoxe.

La confession du symbole que l'Eglise est "Une" signifie que c'est l'attribut de base de sa propre identité. En termes pratiques, cela signifie que l'Église n'est pas en mesure de se diviser -pour être partagée- parce que c'est le Corps mystique du Christ. Le Christ comme Tête du Corps de l'Eglise n'est ni en mesure d'avoir de nombreux corps, ni de posséder un corps divisé. 
Dans le Corps du Christ, la mort elle-même est vaincue. En tant que tel, celui qui est placé au sein de ce corps demeure aussi vivant en lui par le mystère divinement accompli: la garde avec amour des commandements. Il passe de la mort biologique à la vie éternelle et impérissable du Dieu triadique. Tout comme les sarments de la vigne ne sont pas capables de vivre et de porter leurs fruits s'ils sont coupés de la vigne, de même aussi le croyant, ou même des communautés entières de croyants, quelle que soit leur nombre, qui sont  coupées de l'Église, ne sont pas en mesure d'exister en Christ, ni de faire venir [à l'existence] une autre Église.

La foi de l'Eglise est inspirée par Dieu et non-négociable. En accord avec Sa foi claire, de nombreuses Eglises divisées ne sont pas en mesure d'exister puisque "une" et "beaucoup" ou "une" et "divisée", est une contradiction dans les termes. "Divisée" réfute, dans la pratique, la foi en la réalité de l'Eglise, qui reposant sur Sa propre conscience orthodoxe de soi est uniquement capable d'être comprise comme "une et indivisible". 
Quand quelqu'un parle consciemment d'une Eglise divisée, cela constitue un déni de la Foi de l'Eglise, un déni de Sa propre identité et de Sa conscience de soi. En tant que tels, les chrétiens orthodoxes n'ont pas de complexe psychologique d'auto-identité en raison de la rupture des chrétiens d'Occident à partir du Corps de l'Eglise. Certes, pourtant, les orthodoxes pleurent, prient, et sont intéressés à leur repentance et à leur retour [vers l'Eglise Orthodoxe]

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après