"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

lundi 14 novembre 2011

Si tu veux savoir si quelqu'un aime le Christ, essaie de savoir s'il aime le monachisme.


Le tout premier symposium international spirituel universitaire orthodoxe consacré au monachisme féminin a eu lieu en Serbie, dans l'ancien et célèbre monastère de Jitcha, qui fête son huit centième anniversaire. Il y a un proverbe qui est le même, même à travers la plupart des différentes nations orthodoxes: "Si tu veux savoir si quelqu'un aime le Christ, essaie de savoir s'il aime le monachisme". Vraiment, le monachisme est le système nerveux de l'Eglise, son espérance et son attente. Par conséquent, la santé spirituelle de la nation dépend beaucoup de la santé et de la force de son monachisme.Il n'est donc pas surprenant que le récent colloque en Serbie ait été reconnu comme ayant une grande signification spirituelle non seulement pour l'Eglise serbe, mais aussi pour l'Orthodoxie universelle. 
Le Monastère de Jitcha 
Des représentants de la quasi-totalité des Eglises orthodoxes locales ont pris part au colloque: la Grèce, la Serbie, la Russie, la France, la Géorgie, la Roumanie, la Syrie et  d'autres pays. Ouvrant le colloque, Sa Sainteté le Patriarche Irénée de Serbie a déclaré que le monachisme a été la plus grande force dans l'Eglise dans toutes les époques. Les plus grands esprits chrétiens ont été élevés dans le monachisme. À l'heure actuelle, il est de ravivé dans de nombreux pays, mais il passe aussi par de redoutables tentations, et cela nécessite un discernement et une réflexion conciliaire.




"Cela nous rend très heureux», a noté le patriarche, "que les universitaires et les moines, les représentants de diverses Églises orthodoxes, prennent part à ce rassemblement empli de grâce. Grâce à cela, nous serons en mesure d'examiner non seulement l'histoire du monachisme orthodoxe, mais aussi son état contemporain, ses problèmes et ses besoins. 




"Au cours des travaux du symposium les questions les plus urgentes qui se posent aux dirigeants et aux membres des communautés monastiques d'aujourd'hui ont été abordées. Les titres des présentations et les noms des participants parlent d'eux-mêmes: " L'higoumène comme mère spirituelle", "L'évêque et l'Église", "Le rôle du père spirituel et du prêtre dans un monastère de femmes", " Le monachisme féminin et son rôle pastoral dans l'Eglise".
Neuf hiérarques ont fait des présentations, y compris Amphiloque Métropolite du Monténégro et de Primorsk, le métropolite de Limassol, Athanase, Nikolai, métropolite de Lavreot, l'évêque Athanase (Evtich) de Zakholmsk-Herzégovine, et d'autres encore. Présentant également des exposés, sept higoumènes, abbesses, et les pères spirituels des monastères, y compris l'Archimandrite Ephrem de Vatopaidi, l'Archimandrite Elisée de Simonopetra, l'higoumène Théoxenie du monastère de Chrysopighi en Crète, l'archimandrite Elie (Ragot), père spirituel d'un monastère de femmes en France qui est une dépendance de Simonopetra (Monastère de Terrasson-Lavilledieu, ndt). 


Nous vous proposons un extrait de la brillante conférence de l'évêque Nicolas de Lavreot. En réponse à la question de savoir comment un monastère de femmes pourrait servir le monde, il a établi quelques positions fondamentales.
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1. Dans le sage livre de Saint Jean Climaque, nous lisons: "Les anges sont la lumière des moines, et la vie monastique est une lumière pour les personnes vivant dans le monde." Cela signifie que la forme de vie monastique est en soi un exemple pour les membres de l'Eglise qui luttent dans le monde. La vie monastique offre une mesure de la vie de tout chrétien. L'Eglise, par essence, est guidée par une manière de pensée monastique.


Vladika Nicolas de Lavreot.
 2. La vie des fidèles est soutenue par les prières des moines. Ceci est élucidé par le fait même que les fidèles se réfugient dans de telles prières. Tout comme Moïse étendit sa main et les Israélites conquirent les Amalécites, ainsi les moines élèvent leurs mains vers Dieu et nous, les fidèles qui sommes en difficulté dans le désert de ce monde, conquerront l'Amalech noétique. 
Lorsque la force humaine et même les avis et conseils des pères spirituels ne portent pas de résultat, alors les prières de l'Eglise, la prière de l'ordre monastique, qui se tient sans cesse devant Dieu, les prières des moines ascétiques peuvent porter leurs fruits.L'Eglise est davantage guidée par la prière que par des paroles et des sermons. Elle gagne plus de paix de la prière des moines que des paroles, même des enseignants les plus talentueux.




3. Le troisième élément de la vie monastique qui peut vraiment profiter à la lutte [spirituelle] des fidèles est le calme et le silence des monastères.
Dans un tel moment dans le monde qui est gouverné par la grande hâte, l'agitation puissante, la concurrence, beaucoup de soucis, le stress incontrôlable, l'absence de certitude à propos du lendemain - dans un temps semblable, l'atmosphère d'une monastère, où tout se passe à en son temps, selon à un ordre pré-établi, où la tendresse de la quiétude et le dialecte de silence s'établissent comme le langage naturel et approprié de la vie, où la vie est paisible, libre de l'information inutile et de stupides aspirations, la plus grande constance est présente; En lieu dont la loi dit que les biens matériels et corporels ne sont pas aussi absolument nécessaires que la présence réelle et spirituelle de Dieu, où il y a une attente du Royaume de Dieu - c'est la chose la plus importante dans la vie, et ainsi, dans un tel moment dans le monde comme celui dans lequel nous vivons, la visite d'un monastère ne peut que rétablir l'orientation de nos vies et apporter le repos au cœur de l'homme le plus perturbé.
4. Selon la tradition, les monastères se distinguent par la pauvreté volontaire, la douceur et la simplicité de vie. Il est vrai que cette tradition a quelque peu diminué à notre époque. Mais là où elle existe, elle donne la meilleure réponse à toutes les perversions de la sur-consommation et du matérialisme hédoniste. Un minimum de confort terrestre, l'absence des multiples ambitions terrestres, des couleurs et des sujets, l'usage d'un nombre limité de paroles, de sourires, pas de flux tumultueux de joies et d'autres sentiments, toujours un seul et même ordre d'actions - tout cela crée des frontières très bonnes pour la vie , exclusivement éloignées de l'agitation des sentiments.
On ne rencontre ceci que rarement aujourd'hui et ceci offre un genre particulier de repos. Il n'y a pas suffisamment de telles choses est aujourd'hui de la vie, de sorte que chaque visite à un monastère offre à l'homme une détente rare et un tremplin spirituel: le silence des sentiments éveille l'activité intérieure de l'âme. La communication avec le monde agit dans le sens inverse: elle éveille des sentiments externes, tout en tuant les sentiments intérieurs. L'atmosphère de vie dans un monastère réveille le monde intérieur et donne de la vigueur à la nature de l'homme.
5. La vie monastique est fondée sur le renoncement au monde, et donc se présente elle-même comme renoncement de la nature pour la dépasser, afin de trouver ce qui est au-dessus de la nature. En d'autres termes, le monachisme contient en soi un élément profond de l'héroïsme exalté, de vie réelle, authentique. Dans le même temps, plus on est séparé de ce monde, plus on est capable d'aider ce monde. Un moine connaît les secrets de l'âme humaine, l'activité des passions et l'image de l'activité de la grâce de Dieu, les mystères et la difficulté de la voie spirituelle. Le moine est quelqu'un qui a lutté et a beaucoup appris. Il est le meilleur psychologue. Il comprend les faibles, les antagonistes, les affligés, ceux qui ont un fardeau et ceux qui ont été trahis, les affamés et les assoiffés, les persécutés et ceux qui ont été injustement insultés. N'est-ce pas là le travail d'un pasteur?
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Un des moments les plus impressionnants et mémorables de ce colloque a été la discussion, où tous les participants ont pu poser leurs questions intéressantes. Certaines d'entre elles, en bref, ont été: Comment pouvons-nous lutter contre la qualité querelleuse de la psychologie féminine? Comment pouvons-nous éviter un attachement excessif au père spirituel? Comment doit-on agir avec une personne psychologiquement malade dans la  fraternité ou sororité monastique? 


Nous vous présentons quelques photos supplémentaires de ce colloque à Jitcha en Serbie. 
Hélène higoumène du monastère de Jitcha
Le Monastère de Jitcha, fut fondé au début du XIIIe siècle par Etienne le Premier-couronné et Saint-Sabbas le Serbe. Le monastère a souffert sous le joug turc, pendant la Seconde Guerre mondiale, et pendant les bombardements de l'OTAN de 1999. Néanmoins, aujourd'hui, le monastère est Jitcha un des plus forts en Serbie, est habité par 45 personnes.


L'higoumène Hélène et l'higoumène Nicodème
L'higoumène Nicodème
Elle est à la tête du monastère d'Ormylia en Grèce, une dépendance de Simonopetra sur l'Athos. Grâce aux efforts de l'higoumène Nicodème et la joyeuse vie ascétique de ses moniales, la vie de nombreux monastères de femmes a été renouvelée, tant en Grèce elle-même que dans d'autres pays. 




Dans la salle de conférence


Les offices divins, accomplis dans l'ancienne église de Jitcha, ont laissé une impression particulièrement profonde à tous les participants au colloque. 
Un office à l'église de Jitcha
Les vénérables hiérarques et higoumènes, prononçant des exclamations dans différentes langues et styles de chant, les fresques antiques - tout cela a donné un sentiment de l'Orthodoxie universelle, ici et maintenant, dans notre vie.
Un office à l'église de Jitcha
Et cette unité spirituelle, avec la prière commune, fit même une plus grande impression que l'ensemble des conférences et des débats.


Une table commune a été préparée pour trois cents personnes. Sur les tables il y avait des inscriptions en quatre langues.
Les prières avant et après le repas ont également été dites ou chantées dans différentes langues: serbe, grec, russe, et anglais. Les participants de Roumanie, de Syrie et de France ont été réunis dans une langue commune à eux tous.
La traduction simultanée a été réalisée en quatre langues. Il y avait des habitacles dans la salle de conférence pour les traducteurs, qui participaient immédiatement à toutes les conférences. Par exemple, un pieux et aimable Serbe épuisé qui traduisait pour les participants russes, à la fin d'une certaine conférence difficile, a remarqué: "Ce serait bien s'ils parlaient tous russe, ainsi ce serait serait facile de traduire. 
Traducteurs
Avec la bénédiction du Patriarche de Russie, les Russes suivants ont pris part à l'événement: l'higoumène Victorina (Monastère de la Nativité de la Mère de Dieu) de Moscou), higoumène Juliana (monastère de la Conception de Moscou), higoumènee Nicole (Monastère Saint Nicolas de Yaroslav), abbesse Dominique (Nouveau Monastère de Tikhvine à Ekaterinbourg), higoumène Nina (Monastère de la Nativité de la Mère de Dieu et de Saint-Elie de Tumen). 
La délégation russe avec le Métropolite Amphiloque du Monténégro et de Primorsk
Métropolite Athanase de Limassol 
Les higoumènes des monastères russes ont tenté de converser avec les conférenciers entre les sessions, pour demander leurs prières et leur enseignement.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
http://www.pravmir.com/if-you-want-to-find-out-if-someone-loves-christ-find-out-if-he-loves-monasticism/

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