"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 27 octobre 2011

Un chemin vers saint Silouane (III)




Nous savons que lorsque l’un d’entre nous chute, il chute seul, mais personne n’est sauvé seul.
Alexis S. Khomiakov

Les modèles hagiographiques habituels laissent peu de place à notre intellect pour cette identification qui, dans le domaine de la foi, est souvent salutaire. Pourtant, la vie du saint staretz Silouane avant son arrivée au Mont Athos nous permet de réfléchir à notre propre vie par rapport à ce que nous savons de la sienne. 
L’existence et les pensées d’un simple paysan russe, ses préoccupations, sont relativement semblables à celles de tous les hommes. Le divertissement — au sens pascalien du terme — occupe la vie du jeune homme Syméon Ivanovitch Antonov. Cette double vie dans le monde et ses "divertissements", menée en parallèle à une vie religieuse conventionnelle, fut interrompue par le rêve prémonitoire. Le serpent avalé en songe par le jeune homme, nous l’avons tous nous-mêmes avalé, même si nous n’avons pas eu la grâce de recevoir à cette occasion l’avertissement salutaire de la Mère de Dieu. 
Le staretz devenu moine disait à ce moment ne pas avoir vu la Mère du Sauveur à cause de son indignité. Combien plus grande est notre indignité à nous qui n’entendons pas comme lui la Vierge Pure nous dire à cause de nos péchés : "Tu as avalé un serpent en rêve et cela te répugne. De même, je n’aime pas voir ce que tu fais". (Archimandrite Sophrony, Op. cit. p. 18)
Cette reconnaissance de notre état pécheur, nous pouvons la faire et, comme Syméon Ivanovitch, nous pouvons nous mettre sur la voie de Dieu d’une manière plus authentique. Comme le saint staretz, nous pouvons avoir oublié le Bon Larron et nous étonner que le paysan Etienne qui a tué un homme soit si joyeux (Archimandrite Sophrony, op. cit., p. 19). Mais Etienne dit qu’il a beaucoup prié et que la grâce de Dieu l’a visité pour lui signifier son pardon. 
Le piège pour tout homme est double : pécher d’abord et ne pas croire ensuite qu’il puisse y avoir rémission de ce péché par Dieu. Les exemples très simples donnés par saint Silouane, sont évidents : ils parlent directement à notre cœur et y mettent le baume suave de l’enthousiasme en Dieu. 
Nous sommes des enfants et Dieu est un père aimant, notre Père. L’Ennemi du genre humain veut toujours nous persuader que notre cas est désespéré et que notre péché est irrémissible. 
Après cette vision salvifique de la Mère de Dieu, le jeune homme Syméon partit donc au Mont Athos, car l’appel du Christ était plus fort que tout. Sa soif de Dieu ne pouvait être étanchée qu’au Jardin de la Toute Sainte Génitrice de Dieu. Il y alla en laissant à saint Jean de Cronstadt (qu’il vit célébrer la Divine Liturgie, mais ne put rencontrer), un message demandant ses prières.
"Priez pour que le monde ne me retienne pas", demandait-il au thaumaturge de Cronstadt. Nous pouvons nous-mêmes prier pour que le monde ne nous aveugle pas au point de nous engoncer dans le péché et la médiocrité spirituelle, et  ne plus nous permettre de parcourir le Chemin vers le Royaume.

© Claude Lopez-Ginisty
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Une première version de ce texte 
a été publiée
aux 
Editions du Désert 
en 2003 
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