"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

mardi 6 septembre 2011

Père Païssios de bienheureuse mémoire: La sécularisation du monachisme (VI)





5. Le but du monastère est spirituel


Un moine est préoccupé par son propre salut et par le salut de tous les vivants et de tous les défunts. Pour un moine, le véritable amour divin se trouve dans la douleur qu'il ressent pour le salut de son âme et pour le salut du monde entier. L'âme d'un moine consacré contribue au salut non seulement de ses proches, mais aussi de ses compatriotes. C'est pourquoi il y avait une belle tradition en Asie Mineure, où au moins un moine hors de chaque famille intercédait pour tous. A Farasa, quand quelqu'un était tonsuré moine, le village entier le fêtait: "Il fera aussi du bien à l'ensemble du village", disait-on...

Bien sûr, un moine ne dira jamais "Je vais sauver le monde", mais il priera pour le salut de tout le monde, en même temps que pour le sien. Et quand le bon Seigneur écoute sa prière et aide le monde, encore une fois, le moine ne dira pas "J'ai sauvé le monde", mais plutôt "Dieu a sauvé le monde". Un moine a besoin pour atteindre un état tel que celui où il dira: "Mon Dieu, ne me regarde pas, ne montre pas de pitié de moi, mais pour le monde" - non pas parce qu'il n'a pas lui-même besoin de la miséricorde de Dieu, mais parce qu'il a beaucoup d'amour pour le monde.

-Staretz, à quel degré un moine doit-il s'abandonner afin de bénéficier au monde?

-Dans la mesure où il peut veiller à ce que ces gens soient aidés. Si je m'abandonne entièrement entre les mains de personnes séculières, moi aussi je vais devenir séculier. Quand un moine - soi-disant pour l'amour d'aider les laïcs - fait des choses qui ne vont pas avec le monachisme, alors ces gens n'en retireront aucun bénéfice. Un moine peut, par exemple, faire un excellent travail comme chauffeur de taxi: il ne fera pas payer pour la course, il pourrait aussi dire les choses spirituelles aux clients, mais ce n'est pas la voie monastique. Parfois on peut rencontrer des moines avec un esprit séculier et des laïcs avec un esprit monastique. C'est pourquoi le Christ dans l'autre vie leur dira respectivement: "Toi - enlève cette soutane de moine, et toi - revêts-la..." Quand une personne du monde convoite la vie d'un moine, elle est sanctifiée, alors que quand un moine convoite la vie séculière, il est condamné.

Quelqu'un peut-il comprendre s'il n'a pas la bonne position? Même s'il ne comprend pas que quelque chose est incorrect, il n'atteindra pas la paix parfaite - le bien-être -  en lui. Dans tout ce qui ne convient au monachisme, son âme ne sera pas non plus à son aise. Et à partir du moment où son âme ne ressent pas cette consolation, il a besoin de savoir ce qui est à blâmer.

Une de mes connaissances était allée dans un monastère, et plus tard elle a fait le commentaire suivant: "Là-bas, c'est  un atelier; l'higoumène est faite pour le marché aux puces du centre d'Athènes, à vendre des boutons C'est le genre de travail qui lui convient" En d'autres termes, le monastère était un atelier, puis il deviendra une unité industrielle, puis un supermarché, puis une franchise! Ces pauvres gens veulent quelque chose de plus noble de nous les moines, mais afin pour nous d'atteindre cette plus noble chose, nous devons éviter toute consolation humaine.

Le but des monastères est spirituel et il ne devrait n'y avoir aucun élément séculier; seulement les éléments célestes, pour que les âmes puissent être inondées de délices paradisiaques. Dans les choses profanes nous ne pouvons pas rivaliser avec les laïcs, parce que, à vrai dire, ils ont plus de moyens.


Quand un monastère vit spirituellement, savez-vous comment il intrigue les gens? C'est quand il y a la piété, la crainte de Dieu, et qu'il n'y pas en lui de logique séculière ou d'esprit de commerce. C'est ce qui plaît aux séculiers. Mais malheureusement, l'esprit de commerce rampe lentement dans la moelle du monachisme. Un moine est venu dans ma hutte en une fois, alors que j'étais occupé à nouer un komboskini [Chapelet de laine]. "Tu donnes les komboskinis comme bénédictions" commenta-t-il. "Je peux vendre ce chapelet à 33 nœuds pour 500 drachmes. Et je ne fais pas les choses comme tu les fais. Dès que j'ai fini tous les noeuds, je coupe les extrémités et les couds ensemble un peu afin que les brins ne s'effilochent pas. J'utilise aussi le fil que j'ai coupé de la croix et je n'ajoute pas de perles, et ainsi, je fais encore plus de profit. " "Et tu n'as pas honte de toi-même?" Lui ai-je dit. "Ne vois-tu pas que tu as un esprit commercial ici? Je suis moine depuis 1950, et c'est la première fois que je vois une telle attitude!"

- Staretz,  il y a donc si peu de gens qui sont spirituellement assez mûrs pour être en mesure d'aider le monde!

- Oui, malheureusement ils sont peu nombreux! Et à quoi le monde doit-il s'attendre après cela? Sais-tu combien je prie Dieu pour qu'Il nous donne des personnes appropriées qui peuvent être bénéfiques pour le monde? Pauvres âmes... tout ce qu'elles veulent, c'est qu'on leur montre un peu de compassion et ne pas être exploitées. Elles ne veulent pas autre chose. Dans le monde elles sont en guerre constante et elles se sentent menacées. Quand elles vont dans un monastère qui vit correctement, elles en bénéficient car on leur donne un sentiment de sécurité, et cela leur donne le courage de poursuivre leurs luttes.

En ces temps difficiles, les gens n'ont pas tant besoin de subsistance matérielle que de nourritures spirituelles. En d'autres termes, les gens ne sont pas dans le besoin de pain (même si ce sera malheureusement difficile à fournir), mais d'assistance spirituelle. Nous devons aider tout le monde par la prière. Par exemple, aider une famille à ne pas se casser, ou une mère à élever ses enfants correctement; en quelque sorte soutenir, ceux qui sont pieux.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après
"The Words of Elder Paisios", vol.Bby «Evangelist John the Theologian Publications»)
http://www.oodegr.com/english/ekklisia/secularization_monasticism.htm#1

NdT: Ce texte et celui de demain était avant celui publié par le monastère de Koutloumoussiou. 

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