"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

vendredi 15 juillet 2011

David Athey: La nécessité théologique de l'humour



Dans un recueil d'essais appelé "Le saint rire", Conrad Hyers dit: "Un trait commun des dictateurs, révolutionnaires et ecclésiastiques autoritaires est le refus de rire d'eux-mêmey ou de permettre aux autres de se moquer d'eux."
Bien sûr, "eux" peut facilement se traduire par "nous". Parfois nous nous prenons tous trop au sérieux, oublions de rire en nous regardant dans le miroir et en refusant de laisser les autres nous voir comme nous sommes, comme de petits enfants trottinant vers le Royaume. Si nous ne rions pas de nous-mêmes, et ne permettons pas aux autres de rire de nous et avec nous, nous avons tendance à nous adorer. Se moquer de nous-mêmes, c'est comme faire une bonne confession. Laisser les autres se moquer de nous, c'est comme accepter la prophétie.
Beaucoup de paroles des Pères du désert sont de véritables plaisanteries. Avez-vous entendu celle sur le saint higoumène Moïse? Quand il rencontra certains pèlerins qui venaient le voir, l'higoumène refusé d'agir comme quelqu'un d'important et il a dit de lui-même: "Que vouléez-vous de lui? L'homme est un imbécile et un hérétique! "
Avez-vous entendu celle sur le disciple qui avait été chargé de récompenser tous ceux qui l'avaient insulté? Pendant une période de trois ans, il accepta d'échanger de l'argent contre de la violence verbale. Lorsque les trois années furent écoulées, le disciple fut relevé de son obligation et il se rendit à Athènes. Quand il essaya d'entrer dans la ville, il fut accueilli par un vieil homme qui  immédiatement l'insulta. Le disciple éclata de rire. "Pourquoi ris-tu?", demanda le vieil homme. "Parce que," répondit le disciple: "pendant trois ans, j'ai dû payer pour ce genre de chose, et maintenant tu me le donnes pour rien."
Comme le disciple dans l'histoire, nous devons tous agir comme des enfants, laissant briller notre rire devant les hommes,  même devant de vieux grincheux. Si nous tuons le rire dans nos vies, une bête brute se lèvera pour combler le vide. Dieu a épargné le Rire (Isaac signifie "il rit") et Il fourni un autre sacrifice. Le bélier, symbole de la guerre, fut brûlé en place d'Isaac. Maintenant certaines personnes dans le monde, et certaines personnes dans l'Église, nous ferait placer Le Rire à nouveau sur le bûcher funéraire. Dans Le Christ Joyeux, Cal Samra dit: "L'humour est une force d'équilibre, de désarmement, et donc la une force de rétablissement de la paix qui touche au divin."

Les hommes et les femmes pacifiques ont un sens divin de l'humour, force de guérison. Ils ont une manière paisible de rejeter les choses. Les plus pacifiques peuvent combattre sans haïr, et donc se battent rarement. Comme Cal Samra le dit: "Il est possible d'obtenir la paix par l'humour."
Alors avez-vous entendu celle sur les deux Pères du désert qui voulaient avoir une dispute? Les deux saints hommes décidèrent de se battre pour une brique, bon symbole pour les terres et la propriété, mais aucun d'entre eux negagna, parce que dans leurs années de prière et de jeûne ils avaient oublié comment se battre. "Tu dis que la brique est la tienne? Bon, alors tu la gardes. "
Le meilleur humour se produit lorsque l'Evangile surnaturel est jouée dans la vraie vie: un général trois étoiles qui tend l'autre joue; le président d'une grande société qui travaille au salaire minimum; un créateur de mode de Paris abandonne le podium pour faire des robes pour les moniales. Quand quelqu'un vit de l'Evangile, c'est une hilarante contradiction par rapport à ce que le monde prend au sérieux. Le monde se moque des personnes qui souhaitent être parfaites. Le monde se moque de gens comme Xenia de Saint-Pétersbourg qui  vendit tout ce qu'elle avait et donna l'argent aux pauvres. Le monde rit et traite Xenia de folle. L'Eglise sourit et l'appelle folle-en-Christ, et sainte.
Comme nous le savons tous, le miroir peut être l'endroit le plus drôle du   monde. Vous auriez dû me voir ce matin. Trente-cinq ans, et je suis encore à apprendre à me raser. J'avais de la mousse dans mon nez et mes oreilles, et par une loi de la physique étonnante de salle de bains, il y avait une boule de crème à raser enserrée comme un insecte dans mon nombril. Était-ce la révélation de Dieu qu'Il n'est vraiment favorable qu'aux chrétiens qui portent la barbe? Plus probablement, ce désordre était simplement à cause de ma propre impatience, péché quotidien qui consiste à croire que je suis trop important pour vivre dans l'instant donné.
Dans l'Angleterre médiévale, il y avait généralement une personne qui pouvait contester la décision du roi et survivre à cela. C'était le bouffon de la cour, assez stupide pour exposer la vérité plutôt que de dire des flatteries. Et dans la Russie du XVIe siècle, Ivan le Terrible n'acceptait aucune critique de quiconque, sauf de saint Basile le Fol-en-Christ. Peut-être qu'aujourd'hui nous avons tous besoin d'employer un bouffon, si ce n'est pas un saint fol-en-Christ, dans nos propres petits royaumes.

Version française Claude Lopez-Ginisty
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