"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

lundi 21 février 2011

Saint Païssy Velitchkovsky: Le Parchemin/ Six Chapitres sur la Prière Mentale (XV et fin))





Sais-tu que la partie raisonnable de l'homme se trouve dans son sein ? Car c'est dans son sein, que même lorsque les lèvres sont silencieuses, nous parlons et prenons avis et disons des prières, des psaumes, etc... Que cette partie raisonnable, l'ayant départie de toute pensée (car tu le peux si tu le désires) dise : "Seigneur Jésus-Christ Fils de Dieu aie pitié de moi" ; et force-la à dire en dehors de tout autre chose, ces paroles à l'intérieur. Et quand tu garderas ceci pendant quelque temps, par ceci l'entrée du coeur te sera ouverte aussi, indubitablement comme je te l'écris, car nous-mêmes avons découvert ceci par expérience. Et viendront à toi, avec la vigilance si douce et tant désirée, le chœur de toutes les vertus : l'amour, la joie, la paix, etc..."
Le divin Grégoire le Sinaïte, enseignant aussi cette méthode de l'intellect dans le cœur, cette très salutaire invocation du Seigneur, dit : "Assis dès le matin sur une chaise basse, descend ton intellect de la tête dans le coeur et garde-le là. Et te penchant avec difficulté et ressentant une douleur aiguë dans la poitrine, les épaules et le cou, clame sans cesse avec l'intellect ou l'âme : "Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi". Puis, s'il arrive que par suite du confinement ou de la douleur et des fréquentes invocations, cela devienne désagréable (ce qui n'arrive pas à cause de la Nourriture à Trois Noms fréquemment ingérée, car il est dit, "ceux qui me mangent auront encore faim" (Sirach 24: 23) alors transfère ton intellect à l'autre moitié ; dit : "Fils de Dieu, aie pitié de moi". Et en prononçant cette deuxième partie de nombreuses fois, tu ne changeras pas souvent les deux moitiés de la prière par paresse et ennui car les fruits transplantés souvent ne prennent pas racine. Garde ta respiration légère aussi, afin de ne pas respirer fortement car le mouvement de l'air qui procède du coeur, disperse la pensée et assombrit l'intellect ; et revenant de là, il entraîne le captif à l'oubli, ou le force en un lieu en place d'un autre. Et ainsi il devient insensible à ce à quoi il ne devrait pas l'être. Si tu vois la souillure des esprits impurs, c'est-à-dire, les pensées qui s'élèvent ou forment des images dans ton esprit, ne sois pas effrayé ni surpris ; mais de même si de bonnes pensées concernant certaines choses t'apparaissent, ne leur prête pas attention, mais en retenant le souffle autant que possible et en enfermant l'intellect dans le coeur et en faisant constamment et fréquemment l'invocation du Seigneur Jésus, tu écraseras et déracineras ces pensées en les blessant invisiblement avec le Nom Divin, comme le dit saint Jean Climaque (Degré 21) : "Battez les ennemis avec le Nom de Jésus, car il n'est d'arme plus forte, que ce soit au ciel ou sur la terre" ("Du Silence" 11, 15).
De même, ce saint enseignant comment on doit être assis en silence, en prière, dit : "Quelquefois, on doit s'asseoir sur un tabouret pour ce labeur, quelquefois être sur un lit pour le repos. Tu dois être assis avec patience, pour l'amour de Celui qui a dit que nous devions être patients dans la prière" (Luc 18 : 1). Nous ne devons pas nous lever trop vite, pour ne pas nous évanouir, à cause de la difficulté de la peine, de l'affliction, de l'invocation et de la tension fréquente de l'intellect. Ainsi le déclare aussi le prophète : "Les afflictions se sont emparées de moi comme de quelqu'un qui enfante" (Jer. 8: 21). Et ainsi, pénétrant et concentrant l'intellect dans le coeur, si ton coeur doit être ouvert, appelle à l'aide le Seigneur Jésus. Si tes épaules te font mal et que tu as souvent mal à la tête, endure ceci d'autant plus fermement et avec zèle, en cherchant le Seigneur dans ton coeur : "car à ceux qui se forcent appartient le Royaume des Cieux, et les violents le prennent par la force" (Mt. 11: 12), etc...
Et il dit encore au sujet de ce que l'on doit dire dans cette prière : "Les Pères parlaient ainsi : l'Un dit toute la prière "Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi", un autre en dit la moitié, "Jésus Fils de Dieu, aie pitié de moi" - et ceci est plus approprié en raison de l'infirmité et du caractère enfantin de l'intellect. Et nul, seul, ne peut, si ce n'est par l'Esprit, nommer secrètement et purement et parfaitement le Seigneur Jésus (2 Cor. 12 : 3) mais comme un enfant muet, il ne peut le prononcer avec sa langue. Et il ne faudrait pas par paresse changer souvent l'invocation du Nom, mais rarement". Il dit encore : "Quelques-uns enseignent que ceci doit être prononcé avec les lèvres, d'autres avec l'intellect, mais je permets les deux choses. Quelquefois l'intellect est las et s'ennuie en parlant, il en est de même pour les lèvres. De ce fait il faut prier des deux façons - à la fois avec les lèvres et avec l'intellect ; cependant on doit invoquer à voix basse et sans bruit (de peur que la voix en troublant la sensation et l'attention de l'intellect, ne l'entrave), jusqu'à ce que l'intellect, s'étant habitué, avance et reçoive le pouvoir de l'Esprit pour prier fortement et à sa pleine mesure. Alors il ne sera plus nécessaire de parler avec les lèvres, et ce ne sera même plus possible, l'individu étant en condition d'effectuer cette activité avec son seul intellect" (ler et 2ème des 7 derniers chapitres).
Et ainsi, prêtez attention à la manière dont les Saints Pères, - comme je l'ai indiqué -, présentent cet enseignement très clair et cette pratique de l'activité mentale pour les débutants. Et à partir de cet enseignement, vous pourrez comprendre aussi les enseignements des autres Saints sur cette activité, qui est présentée d'une manière directe.
Fin des six chapitres. 

Au Dieu Très Miséricordieux 
est la gloire, 
l'honneur, 
la louange et l'action de grâce
 dans les siècles des siècles. 
Amen.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après 
THE SCROLL 
Containing 
SIX CHAPTERS ON MENTAL PRAYER
By Our Father of Blessed Memory [saint] 
STARETZ PAISIUS VELITCHKOVSKY
Orthodox Word
Saint Herman of Alaska Brotherhood,
Platina,
California, USA
1972
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(Gravure de saint Païssy: 
Dominique Aymonier-Lopez)
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