"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 2 août 2009

La compassion/ Père Stephen Freeman



Il a été dit que la récession, c'est quand quelqu'un perd son emploi, la dépression, c'est quand vous perdez votre emploi. Je suis trop jeune pour me souvenir de la Grande Dépression, même si tous les adultes que je connaissais étant enfant avaient traversé cette période. En 1928, mon arrière-grand-père paternel a tout perdu (ferme, machines agricoles, maison, etc) dans le Crash du coton qui a précédé la Grande Dépression. Mon père avait quatre ans et il a voyagé depuis la Géorgie du Sud jusques en Caroline du Sud dans un wagon agricole (sinistre, même à l'époque!). Sa famille s'est mise à la culture, avec les plus pauvres des pauvres dans cette économie agricole. À l'âge de quatre ans, il a commencé à travailler à la cueillette du coton, à faire tout ce qu'il pouvait faire. C'étaient des temps difficiles.

Lorsque j'ai eu dix ans, la base aérienne a fermé. L'entreprise de réparation automobile de mon père, était en grande partie dépendante de la clientèle qui travaillait ou était stationnée à la base. Nous avons perdu beaucoup - je me souviens d'une période d'environ quatre ou cinq ans pendant laquelle les choses ont été beaucoup plus "maigre" qu'elles ne l'étaient auparavant.

Les récessions vont et viennent. Les dépressions, aussi, vont et viennent, mais avec un plus grand impact. Historiquement, il est intéressant de constater que la grande dépression n'a pas été un temps d'augmentation de la fréquentation de l'église en Amérique. Je dirais que c'était un temps d'augmentation de la prière. Si vous avez très faim, vous priez. L'Amérique a cet étrange phénomène d'augmentation de la fréquentation de l'église qui accompagne généralement les périodes de prospérité. Beaucoup d'autres pays, notamment plusieurs auxquels je pense en Europe (Irlande est à part) ont vu chuter la fréquentation de l'église où venait la prospérité.

Je pense que tout cela a quelque chose à voir avec l'étrange mariage de la prospérité et de la piété en Amérique. Dans la plupart des cas, il n'est pas aussi flagrant que ceux qui prêchent un Evangile de la prospérité, mais l'Evangile de prospérité ne serait même pas prêché en Amérique, si elle n'avait pas d'un public déjà acquis à cette notion. A un certain niveau, notre culture met sur un même plan la richesse et la Grâce de Dieu (Dieu a déversé Sa grâce sur toi, dit un de nos hymnes patriotiques).

Historiquement, l'orthodoxie a toujours résisté à l'Evangile de prospérité, il a sans doute, toujours été tenu en échec par la présence constante de la pauvreté volontaire des moines. Le monachisme n'est pas considéré comme une vocation unique au sein de l'orthodoxie, mais simplement comme la vocation chrétienne poussée au maximum. Le typicon (le livre qui guide la pratique liturgique et ascétique) est le même livre pour les moines et les laïcs. Le laïc n'applique pas le typicon d'une manière aussi stricte. Mais l'idéal reste le même.

Ceci est moins évident en Amérique, où une présence monastique a été lente à prendre racine. Mais l'idéal ascétique demeure néanmoins.

Economie fait toutes sortes de choses - et nous devons toujours à prier pour les besoins du monde. Nous devrions également garder à l'esprit que la prospérité, perçue comme signe de la faveur de Dieu est une étrange "hérésie" de notre monde moderne. De la même façon, l'effondrement de l'économie peut ne pas être un signe de la défaveur de Dieu. Juger les autres n'est pas l'œuvre de l'Esprit Saint dans nos vies. La prière l'est.

Saint Paul nous enseigne à «nous réjouir avec ceux qui se réjouissent, et à pleurer avec ceux qui pleurent» (Romains 12:15). Nous semblons être dans un temps où vous, moi et les autres seront dans un de ces cas de figures - avec peut-être plus de larmes que d'habitude. Ainsi, nos prières pour le monde devant Dieu ne doivent pas être timides, nous devons pleurer à cause de la douleur des autres et nous devrions ne pas nous réjouir pour la douleur d'un seul être.

Version française et adaption
Claude Lopez-ginisty
d'après
Me, You and the Other Guy
in
Glory to God for All Things
cité par

Aucun commentaire: