"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 26 juillet 2009

La garde de la Jérusalem intérieure/ La prière selon saint Séraphim de Sarov (12)


L’attention à soi dans l’intellect devient alors comme un gardien de la Jérusalem intérieure où l’on va à la rencontre du Christ, dans Sa Lumière sans déclin.
« Pour recevoir et contempler dans le cœur la Lumière du Christ, on doit, autant que faire se peut, détourner son attention des objets visibles. Ayant d’abord purifié l’âme par la repentance et les bonnes actions, et par la foi au Crucifié, ayant fermé les yeux du corps, on immerge l’intellect à l’intérieur du cœur et là, on prononce l’invocation du Nom de notre Seigneur Jésus-Christ et puis, à la mesure de son zèle et de la ferveur de l’esprit envers le Bien-Aimé, on trouve dans le Nom invoqué un délice qui éveille en nous le désir de rechercher une plus haute illumination.
Quand, par une telle pratique, l’intellect entre dans le cœur, la lumière du Christ brille, illuminant la chambre de l’âme par sa divine radiance, comme le dit le prophète Malachie : «Mais pour vous qui craignez Mon Nom, le Soleil de Justice se lèvera» (Malachie 4, 2).
Cette lumière est semblable à la vie, selon les paroles de l’Evangile : «En Lui était la Vie, et la Vie était la Lumière des hommes» (Jean 1, 4).
Quand un homme contemple intérieurement la lumière éternelle, son intellect est pur et il n’a en lui aucune représentation venant des sens mais, étant totalement immergé dans la contemplation de la bonté incréée, il oublie tout ce qui appartient aux sens et ne souhaite pas même se voir lui-même. Il désire plutôt se cacher au sein de la terre plutôt que d’être privé de son bien véritable qui est Dieu. (IS 28 : La Lumière du Christ)
« Celui qui chemine sur la voie de l’attention ne devrait pas faire confiance à son cœur seulement mais il devrait vérifier les mouvements de son cœur et sa vie par rapport à la loi de Dieu et à la vie des ascètes de piété qui ont eu l’expérience d’ une telle entreprise. Ainsi, on peut plus facilement se sauver du Malin et contempler plus clairement la vérité.
L’intellect d’un homme attentif est pour ainsi dire comme une sentinelle en garde ou un garde qui ne dort pas dans la Jérusalem intérieure. Se tenant debout sur la hauteur de la contemplation spirituelle, il regarde avec un œil pur les puissances ennemies qui encerclent et attaquent son âme comme l’a dit le Psalmiste : «Mon œil a regardé avec assurance mes ennemis» (Psaume 53, 9).
A cet œil, le Malin n’est pas caché qui «rôde comme un lion rugissant cherchant qui il pourra dévorer» (1 Pierre 5, 8) et ne sont point cachés non plus ceux qui bandent leurs arcs «pour tirer dans l’ombre sur les cœurs droits» (Psaume 10, 2).
Alors, un tel homme reçoit, selon l’enseignement du divin Paul «toutes les armes de Dieu afin [d’être] capable de résister au jour mauvais» (Ephésiens 7, 13) et avec cette armure et toute la grâce coopérante de Dieu, il repousse les attaques visibles et défait les guerriers invisibles.
Celui qui chemine sur cette voie ne doit pas prêter attention aux bruits étrangers dont sa tête peut être pleine à cause des pensées et des souvenirs oiseux et vains. Il ne devrait porter l’attention que vers lui-même.
Sur cette voie, on doit se garder de se tourner vers ce qui concerne les autres, on ne doit ni penser, ni parler d’eux, selon le Psalmiste : «Ma bouche n’a point parlé selon la manière des hommes» (Psaume 16, 4) mais on devrait plutôt prier le Seigneur ainsi : «De [mes péchés] qui sont cachés en moi, purifie-moi, et de ceux qui me sont étrangers, préserve Ton serviteur» (Psaume 18, 13-14).
L’homme devrait tourner son attention vers le commencement et la fin de sa vie, cependant vers le milieu de celle-ci, quand arrivent les bonheurs et les malheurs, il devrait être indifférent.
Pour préserver l’attention, on doit se retirer en soi-même, selon la parole du Seigneur : «Ne salue aucun homme en chemin» (Luc 10, 4) id est ne parle pas sans nécessité, à moins que quelqu’un ne courre après toi pour entendre de toi quelque chose de profitable.
Révérez les Anciens ou les frères que vous rencontrez en vous inclinant vers eux, les yeux toujours clos. » ( IS 30 : Etre attentif à soi)

Claude Lopez-Ginisty,
La Garde de la Jérusalem Intérieure,
La prière selon Saint Séraphim de Sarov,
Editions du Désert,
2003
(épuisé)

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