"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

lundi 20 juillet 2009

La garde de la Jérusalem intérieure/ La prière selon saint Séraphim de Sarov (6)


Ainsi ses Instructions Spirituelles nous décrivent-elles clairement les raisons qui font que la vie de prière ne peut être véritablement séparée de la vie active.
"L’homme est composé d’une âme et d’un corps et pour cela le chemin de sa vie devrait consister en activité du corps et de l’âme, d’action et de contemplation mentale.
La voie de la vie active consiste en jeûne, continence, veilles, prosternations, prières et autres labeurs ascétiques qui comprennent la voie étroite et douloureuse qui, selon la parole de Dieu, conduit à la vie éternelle (Matthieu 7, 14).
La voie de la vie contemplative consiste en l’élévation de l’intellect vers le Seigneur Dieu, l’attention profonde, la prière mentale et, par de telles pratiques, en contemplation des choses spirituelles.
Quiconque désire traverser la vie spirituelle doit commencer par la vie active et ensuite seulement arriver à la vie contemplative car, sans la vie active, il est impossible d’entrer dans la vie contemplative.
La vie active sert à nous purifier de nos passions pécheresses et elle nous conduit au stade de la perfection active et ainsi elle établit pour nous le chemin vers la vie contemplative. Car seuls ceux qui ont été purifiés des passions et sont parfaits peuvent approcher cette vie, comme on peut le constater d’après les paroles de l’Ecriture Sainte : «Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu» (Matthieu 5, 8) et celles de saint Grégoire le Théologien dans son sermon sur la Sainte Pâques : «Seuls ceux qui se sont rendus les plus parfaits par leur ascèse peuvent approcher sans danger la contemplation».
On devrait aborder la vie contemplative avec crainte et tremblement, avec contrition de cœur et humilité, avec une grande expérience des Saintes Ecritures et sous la direction d’un staretz expérimenté et non avec audace et estime de soi. Celui qui est audacieux et dédaigneux, ayant cherché avec orgueil quelque chose qui était hors de sa portée, est forcé d’être prêt d’une manière prématurée, selon les paroles de saint Grégoire le Sinaïte. De même : si quelqu’un s’imagine avec suffisance atteindre quelque but élevé, c’est là un désir satanique et, sans acquérir la vérité, il deviendra le serviteur du Diable après avoir été rapidement saisi par lui.
Mais si on ne peut trouver d’instructeur capable de nous diriger dans la vie spirituelle, dans ce cas, il faut être dirigé par la Sainte Ecriture car le Seigneur Lui-même nous enjoint d’apprendre par la Sainte Ecriture, disant : «Lisez avec soin les Ecritures parce que vous croyez trouver en elles la vie éternelle» (Jean 5, 39).
De même, on doit s’efforcer de lire les écrits des Pères et de tenter, autant qu’il est possible de la faire, et selon sa force propre, d’accomplir ce qu’ils enseignent et, de cette manière, petit à petit, nous nous élevons de la vie active vers la perfection de la vie contemplative.
Car, dans les paroles de saint Grégoire le Théologien, dans son sermon sur la Sainte Pâques, l’action la meilleure est celle par laquelle nous atteignons la perfection et offrons à Dieu Qui nous appelle, un sacrifice vivant, saint et toujours sanctifié en toute chose.
Un homme ne doit pas quitter la vie active même quand il a eu du succès en celle-ci et qu’il est déjà entré dans la vie contemplative, car celle-ci coopère avec la vie contemplative et l’élève.
En traversant la voie de la vie intérieure et contemplative, on ne doit pas se relâcher et la quitter parce que les gens, étant devenus attachés aux choses extérieures et sensuelles, nous donnent un coup au cœur même par l’opposition de leurs opinions et s’efforcent, par tous les moyens, de nous détourner du chemin intérieur en plaçant sous nos pas divers obstacles. Car selon l’opinion des Pères de l’Eglise (et du Bienheureux Théodoret dans son Commentaire sur Le Cantique des Cantiques), la contemplation des choses spirituelles est préférable à la connaissance des choses sensuelles.
Ainsi, on ne doit pas vaciller devant les obstacles lorsque l’on traverse cette voie, en se fortifiant par la parole de Dieu : «Ne craignez pas ce qu’il craint et ne soyez pas effrayés : [car Dieu est avec nous] sanctifions le Seigneur Dieu Lui-même en mémoire vivante de son Nom divin et en accomplissement de sa volonté et c’est Lui que nous devons craindre" ( Cf Isaïe 8, 12-13). ( IS 39 : La vie active et la vie contemplative)

Claude Lopez-Ginisty,
La Garde de la Jérusalem Intérieure,
La prière selon Saint Séraphim de Sarov,
Editions du Désert,
2003
(épuisé)

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