"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

dimanche 29 mars 2009

SAINT SERAPHIM DE SAROV: INSTRUCTIONS SPIRITUELLES: 39



39 — De la vie active et de la vie contemplative

L’homme est composé d’une âme et d’un corps et, par conséquent, le chemin de sa vie doit comporter l’activité du corps et de l’âme, l’action et la contemplation mentale.

La voie de la vie active consiste en jeûne, continence, veilles, génuflexions, prières et autres labeurs corporels qui constituent la voie étroite et douloureuse qui, selon la parole de Dieu, conduit à la vie éternelle (Mt 7, 14).

La voie de la vie contemplative consiste en l’élévation de l’intellect vers le Seigneur Dieu, l’attention du cœur, la prière mentale et, par de telles pratiques, en la contemplation des choses spirituelles.

Quiconque désire traverser la vie spirituelle doit commencer par la vie active et ensuite seulement arriver à la vie contemplative car, sans la vie active, il est impossible d’entrer dans la vie contemplative.

La vie active sert à nous purifier de nos passions pécheresses et elle nous élève au degré de la perfection active ; par cela même, elle établit pour nous le chemin vers la vie contemplative. Car seuls ceux qui ont été purifiés des passions et sont parfaits peuvent approcher cette vie, comme on peut le constater d’après les paroles de l’Ecriture Sainte : “Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu” (Mt 5, 8) et celles de saint Grégoire le Théologien dans son sermon sur la Sainte Pâques : “Seuls ceux qui se sont rendus les plus parfaits par leur expérience peuvent approcher sans danger la contemplation”.

On doit approcher la vie contemplative avec crainte et tremblement, avec contrition de cœur et humilité, avec une profonde connaissance des Saintes Ecritures et sous la direction d’un staretz expérimenté, si on peut le trouver, et non avec audace et de son propre chef. "Celui-ci tombe facilement dans l’erreur (…), parce qu’il est orgueilleux et impudent, et parce qu’il a cherché avec audace et arrogance ce qui est hors de sa portée, prématurément" dit saint Grégoire le Sinaïte dans la Philocalie (« Sur l’illusion spirituelle et de nombreux autres sujets »). De même : "Si quelqu’un s’imagine avec suffisance parvenir à ce qui est élevé, il a fait l’acquisition d’un désir satanique et non de la vérité. Celui-là, le diable le saisira aisément, comme son serviteur, dans ses filets".

Mais si on ne peut trouver d’instructeur capable de nous diriger dans la vie contemplative, dans ce cas, il faut se diriger par la Sainte Ecriture, car le Seigneur Lui-même nous enjoint d’apprendre de celle-ci, disant : “Sondez les Ecritures parce que vous pensez avoir en elle la vie éternelle” (Jn 5, 39).

De même, on doit s’empresser de lire les écrits des Pères et s’efforcer, autant que possible et selon sa force propre, d’accomplir ce qu’ils enseignent et, de cette manière, petit à petit, nous nous élevons de la vie active vers la perfection de la vie contemplative.

Car, dans les paroles de saint Grégoire le Théologien, dans son sermon sur la Sainte Pâques, l’action la meilleure est celle par laquelle nous atteignons la perfection et offrons à Dieu qui nous appelle, un sacrifice vivant, saint et toujours sanctifié en toute chose.

Il ne faut pas quitter la vie active même quand on a eu du succès en celle-ci et qu’on est déjà entré dans la vie contemplative, car celle-ci coopère avec la vie contemplative et l’élève.

En traversant la voie de la vie intérieure et contemplative, on ne doit pas se relâcher et la quitter parce que les gens, étant devenus attachés aux choses extérieures et sensibles, portent atteinte aux sentiments mêmes de notre cœur par l’adversité de leurs opinions et s’efforcent, par tous les moyens, de nous détourner du chemin intérieur en plaçant sous nos pas divers obstacles. Car selon l’opinion des Pères de l’Eglise (et du bienheureux Théodoret dans son Commentaire sur Le Cantique des Cantiques), la contemplation des choses spirituelles est préférable à la connaissance des choses sensibles.

Et ainsi, on ne doit pas vaciller devant les obstacles lorsque l’on traverse cette voie, en se fortifiant par la parole de Dieu : “Ne craignez pas ce qu’il craint et ne soyez pas effrayés : car Dieu est avec nous. Sanctifions le Seigneur Dieu Lui-même en mémoire vivante de son Nom divin et en accomplissement de sa volonté et c’est Lui que nous devons craindre” (Is 8, 12-13).

Version française Claude Lopez-Ginisty

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