"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 31 janvier 2009

Saint Séraphim et Motovilov (2)


Преподобный Серафим Саровский в молении на камне

Motovilov avait une maison à Diviyevo dans laquelle il vivait lorsqu’il y séjournait. Et en 1840, selon ce qu’avait dit saint Séraphim, il épousa cette jeune paysanne dont lui avait parlé le saint et ils furent heureux et eurent, tous deux, une dormition paisible après une vie sainte. Et Elena Ivanovna se révéla l’épouse qu’attendait Nicolas Alexandrovitch.

Dans leur maison, il y avait un grand portrait de saint Séraphim. Nicolas Alexandrovitch parlait très souvent de saint Séraphim. La gouvernante allemande qui s’occupait des enfants, en était agacée. Un jour, ne pouvant se retenir, elle dit à Motovilov qu’il ne savait décidément parler que de saint Séraphim. Et elle alla furieuse se réfugier dans sa chambre. Elle revint au moment où Elena Ivanovna alla la voir, elle avait les yeux remplis de larmes. « Pardonnez-moi, Nicolas Alexandrovitch dit-elle, je ne parlerai plus jamais de cette façon de [saint] Séraphim. Lorsque je suis passé devant son portrait, il m’a regardé sévèrement et il m’a menacé d’un geste du doigt. »

Quand Nicolas Alexandrovitch mourut, elle resta vivre à Diviyevo. Lorsque la glorification de saint Séraphim eut lieu, elle reçut la visite du Tzar Nicolas et de la famille impériale...

« Elle avait un esprit vif et une excellente mémoire, elle était remplie d’amour spirituel pour saint Séraphim. Elle avait une foi forte et un caractère direct, n’ayant jamais honte de dire la vérité en face de quiconque » Ainsi lorsque devant elle et l’higoumène Maria qui était un peu sourde, ces clercs venus la visiter, parlaient de leur compte en banque, Mère Maria demandant ce qu’ils disaient, elle répondit à haute voix : « Ils comptent leurs profits Matouchka Higoumène, pour décider qui en a le plus ! »

Elle avait un grand abandon chrétien à la Providence de Dieu. En 1906, elle avait reçu une grande somme d’argent qu’elle avait simplement mise dans un sac sous son lit et quelqu’un la lui avait volée pendant la nuit. Au matin, elle en parlait avec un visiteur sans le moindre regret et sans colère. « Dieu a donné, et Dieu a repris : béni est Son Nom à jamais ! » Elle disait qu’il fallait recevoir les peines comme des sucreries et en remercier Dieu, Qui les envoie certainement pour une raison précise…

Sa foi orthodoxe n’admettait pas que l’on remette en question quelque aspect que ce soit de la vie de l’Eglise, considérant « les traditions apostoliques [comme] inviolables. » ajoutant. « Les rubriques de l’Eglise et les règles des monastères furent établies par de grands et saints hiérarques et des Pères craignant Dieu ; la colère divine se déversera sur tous ceux qui oseront les changer, comme cela fut révélé à saint Séraphim. Et elle demandait ouvertement aux membres du clergé de ne pas êtres pusillanimes et de s’élever directement contre cet esprit de réforme.

Saint Séraphim aimait beaucoup Elena Ivanovna. Lorsque les moniales venaient le voir, elle était encore une enfant, et il leur demandait d’amener avec elles « la petite ».

Jusques à la fin de sa vie, saint Séraphim accompagna Elena Ivanovna et veilla sur elle. Un moine du nom de Jacob était venu la voir pour l’entendre parler de saint Séraphim. Il fut émerveillé de rencontrer cette femme admirable qui avait connu le saint et connaissait une foule d’anecdotes pieuses et édifiantes sur l’ermite de Sarov. Il voulait lui demander un morceau de la pierre sur laquelle il avait prié. Il ne pouvait se résoudre à le lui demander…

La pierre de saint Séraphim était une précieuse relique, un objet tangible de son ascèse. Après la dormition du saint, on avait voulu déplacer cette pierre sans succès. Saint Séraphim apparut et demanda que l’on fasse un feu sur cette pierre. Le feu fit craquer la pierre qui se fendit, et elle fut déplacée et partagée… 

Un jour une femme malade fut guérie en buvant de l’eau qui avait été en contact avec cette pierre. Nicolas Alexandrovitch Motovilov était en visite chez l’évêque de Voronej. Une nuit saint Mitrophane apparut à l’évêque Antoine et lui dit de faire une bénédiction de l’eau sur la pierre que possédait Motovilov, que la femme malade en boirait et qu’elle serait guérie. Au matin, l’évêque demanda à Nicolas Alexandrovitch quelle sorte de pierre il avait sur lui. Motovilov lui parla de la pierre de saint Séraphim dont il avait un fragment dans ses poches. Il fut fait selon ce que saint Mitrophane avait recommandé…et la femme guérit.

Le moine Jacob n’osait pas demander cette grande faveur d’avoir un fragment de cette pierre de la prière du saint. Le moment de partir arriva. Elena Ivanovna se retira dans sa chambre après l’avoir salué, et il pensa qu’il n’était pas jugé digne par le saint ermite de Sarov d’avoir ce fragment de la pierre. Elena Ivanovna sortit alors qu’il partait pour lui dire que saint Séraphim venait de lui demander de lui donner six pierres venant de la pierre sur laquelle il avait prié mille jours et mille nuits.

Saint Séraphim intercède auprès de Dieu pour le salut de nos âmes !


Claude Lopez-Ginisty

Une première version de ce texte a été publiée 
dans La Chronique de Saint Séraphim de Sarov
dans la revue Diakonia
Fraternité Orthodoxe-Tous les Saints de Belgique
Orthodoxe Broederschap van Alle Heiligen van Belgïe

Prier (48)



Quand tu crois que tout est perdu
Souviens-toi du matin de Pâques au Jardin
Et de la pierre roulée
Devant le Tombeau

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Bucura-te/ ( Réjouis-toi Acathiste à La Mère de Dieu

vendredi 30 janvier 2009

Saint Séraphim et Motovilov (1)

LA CHRONIQUE DE SAINT SERAPHIM

Преподобный Серафим Саровский в молении на камне

Peu de gens savent que l’épouse de Nicolas Alexandrovitch Motovilov, Elena Ivanovna, était encore en vie au moment de la glorification du saint Staretz de Sarov. La compagne de celui à qui saint Séraphim révéla le « but de la vie chrétienne » vivait encore en effet lorsqu’en l’an 1903, l’Eglise Russe reconnut la ferveur populaire qui depuis longtemps entourait la mémoire sacrée du thaumaturge bien aimé. Elle naquit au ciel le 27 décembre 1910 à l’âge vénérable de huitante-huit ans. Depuis la mort de son époux, elle vivait au monastère de Diviyevo.

Saint Séraphim l’avait guéri et Motovilov souffrait et pensait que sa souffrance était inconnue du saint. Mais un jour soudain, le père lui demanda : « Vous voulez me parler de quelque chose, mais c’est comme si vous n’arriviez pas à rassembler tout votre courage. Parlez avec moi simplement, avec le pauvre Séraphim. Je suis prêt à vous dire , avec l’aide de Dieu, ce que Dieu révèlera. »
Nicolas Alexandrovitch lui dit qu’il était très amoureux d’une jeune femme de la noblesse, une de ses voisines au village de Simbirsk et qu’il souhaitait que Père Séraphim prie Dieu pour que Dieu la lui donne comme épouse.
« Quel âge a cette épouse qui vous est destinée par Dieu ? » demanda le saint. 
Nicolas Alexandrovitch répondit : « Elle a perdu son père à l’âge de cinq ou six ans, elle a vécu dix ans avec sa mère ; il y a un an et demi ou plus que sa mère est morte…Je pense qu’elle a seize ou dix-sept ans. »
« Que me dites-vous là, votre Grâce ? Non, non, votre épouse selon Dieu a maintenant huit ans et plusieurs mois, peut-être trois ou quatre, peut-être plus de cinq mois. Mais par décret du Synode, un homme ne peut se marier avant l’âge de dix-huit ans, ni une femme avant l’âge de seize ans. Donc vous devez attendre huit ou dix ans votre épouse promise par Dieu. Sinon, comment pourriez-vous l’épouser ? Ce n’est pas possible, elle est beaucoup trop jeune. »
« S’il vous plaît, Père Séraphim, dit Motovilov qui pensait encore à sa jeune femme noble,, Comment peut-elle être trop jeune ? Selon la loi, je puis l’épouser maintenant. »
« De qui parlez-vous au pauvre Séraphim ? »
« De Yezikova ! répondit Nicolas Alexandrovitch, de Catherine Mikhaïlovna Yezikova ! »
« Ah, dit Père Séraphim, de Yezikova… Eh bien, je ne parlais pas d’elle. Moi, pauvre de moi, je parlais de l’épouse que Dieu entend vous donner, et je vous jure par Dieu, qu’elle ne peut pas avoir plus de huit ans et plusieurs mois. »

Motovilov fut très déçu. Saint Séraphim lui parla longuement en faisant à plusieurs reprises de grandes prosternations, aussitôt imitées par Nicolas Alexandrovitch. Il réussit à le convaincre de se consacrer à cette future épouse. Puis il lui annonça « comme si ses yeux le scrutaient à l’intérieur de lui-même » dit Motovilov, qu’elle était une simple petite paysanne. Mais il ajouta. « Mais ne soyez pas honteux de cela, votre Grâce. Son ancêtre est Adam, et par notre Seigneur Jésus-Christ, elle est votre sœur. »



Nicolas Alexandrovitch Motovilov

Motovilov aimait beaucoup le père Séraphim, mais malgré la prophétie du saint, il s’entêta dans sa passion pour Yazikova. Il lui proposa donc le mariage, mais elle refusa tout net. Elle était déjà fiancée à l’admirable poète Khomiakov. Nicolas Alexandrovitch fut à nouveau malade et ses jambes furent à nouveau paralysées. Il se fit transporter à Sarov le 3 septembre 1832. Les reliques de saint Mitrophane de Voronej venaient d’être inventées. Nicolas Alexandrovitch décida d’aller les vénérer en passant par Sarov. Saint Séraphim lui dit qu’il prierait pour savoir s’il devait être guéri à Sarov ou à Voronej. Et devant Motovilov étonné, il lui déclara le lendemain : Dieu n’a pas voulu que je vous guérisse votre Grâce, vous serez guéri par les reliques de Saint Mitrophane. Maintenant petit père, le Seigneur et la Mère de Dieu me sont apparus cette nuit, à moi l’humble Séraphim, pour la dix-septième ou dix-huitième fois, et Ils ont daigné me révéler toute votre vie, de la naissance à la dormition. Et si Dieu lui-même n’avait pas placé mes doigts sur les blessures des clous et sur Son Saint Côté percé par la lance, je n’aurais pas cru qu’il pouvait y avoir des vies aussi étranges sur terre. Et votre vie sera remplie de telles merveilles et d’étrangetés, simplement parce que pour vous, les réalités du monde sont liées si fermement avec le spirituel et le spirituel avec le monde, qu’il est impossible de les séparer. »

Nicolas eut peur que saint Séraphim ne lui annonce sa mort prochaine. Le père le rassura.
« Non, votre Grâce, vous êtes supposé devenir mon assistant dans l’accomplissement de la Très Sainte Volonté de Dieu. Par « dormition », j’entends votre fin chrétienne paisible, dont le Seigneur vous rendra digne durant le cours de votre vie terrestre. »

Motovilov voulut alors connaître cette révélation de toute sa vie. Mais le saint n’avait pas le droit de lui révéler cette vie. Mais il le mit au service de la communauté de Diviyevo et solennellement devant trois moniales de la communauté, dont Irina Semyonovna Zelyonogorskaya, qui allait devenir higoumène de la troisième communauté, il leur demanda qu’après sa mort, elles lui disent tout ce qui concernait la communauté, et qu’elles le considèrent comme leur protecteur.

Il l’envoya à Voronej où il fut guéri. Mais Nicolas Alexandrovitch ne devait plus revoir le saint qui eut sa bienheureuse dormition pendant son pèlerinage. Et revenu guéri par la grâce de Dieu et de Son saint hiérarque, il se mit au service de la communauté de Diviyevo. (à suivre)

Claude Lopez-Ginisty
Une première version de ce texte a été publiée 
dans La Chronique de Saint Séraphim de Sarov
dans la revue Diakonia
Fraternité Orthodoxe-Tous les Saints de Belgique
Orthodoxe Broederschap van Alle Heiligen van Belgïe

Prier (47)



Que la nuit s'avance
Non comme ténèbres sur ton âme
Mais comme vigile d'Amour
Dans l'attente de l'Epoux

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Saint Seraphim de Sarov / Video en russe

jeudi 29 janvier 2009

Saint Séraphim de Sarov: Apparitions (2)



Le staretz Samson a raconté cette vision dans ses souvenirs...

« [...] Je me souviens que je dormais dans ma cellule lorsque je vis saint Séraphim de Sarov. Il vint vers moi vêtu de la soutane blanche durant mon sommeil, il se pencha vers moi et lut lentement " O Très Miséricordieuse..." et je sentis ses larmes sur mon front. Au matin, je sautai du lit et j'écrivis cette prière:

O ma Très Miséricordieuse, Dame Souveraine,
Très Sainte, Très Pure Vierge,
Theotokos Marie, Mère de Dieu,
Ma seule et indubitable espérance:
Ne me dédaigne pas, ne me rejette pas,
Ne m'abandonne pas,
Aide-moi, intercède pour moi, écoute-moi
Et pose Ton regard sur moi,
O Souveraine, aide-moi
Pardonne-moi
Pardonne-moi,
Toi Qui es Pure.

Trois heures plus tard j'étais arrêté. La Très Miséricordieuse me conduisit et veilla sur moi pendant dix-huit ans dans les camps de concentration. »

Les saints nous entourent et veillent, le fil ténu de la plus petite prière, le soupir de détresse le plus léger devant Dieu suscitent leur miséricorde et leur intervention pour nous. Car ils sont toujours là, sentinelles du Royaume attentives à nos luttes et à nos joies, proximité de Dieu visible à ceux qui veulent bien avoir des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Quelquefois, certains d’entre nous veulent rester sourds et aveugles. 

Il y a quelques années, dans une conversation quelqu’un mentionna la venue de l’icône myrrhoblyte de la Mère de Dieu Portaitissa dans une paroisse helvétique. Une personne présente –qui n’était pas croyante- posa des questions et ayant entendu les miracles qui se faisaient par cette icône, manifesta qu’elle ne croyait pas du tout qu’une huile parfumée puisse sourdre d’une icône. Et cette personne déclara soudain d’un air narquois : « Si je vois de mes yeux ce phénomène, je me convertirai ! » Lorsque prévenu du temps et du lieu de la visite de l’icône, elle vint à l’Eglise. Elle resta près de la porte et ne vint pas voir. Il faut des yeux pour voir, mais il faut aussi avoir envie de voir la Lumière et d’abandonner ses ténèbres.

Dans les années trente, dans la région de Sarov, Julia de Beausobre, accompagnant une patiente qu’elle soignait, fut témoin d’un phénomène lumineux. A travers les branches d’un arbre soudain, alors que le soleil était invisible et ne pouvait produire de réverbération, soudain, une grande lumière surgit et la jeune femme qu’elle soutenait de son bras, s’exclama : « Père Séraphim! ». Julia de Beausobre comprit que cette femme était convaincue d’avoir eu une manifestation lumineuse de Saint Séraphim de Sarov dont elle, Julia, n’avait perçu que la lumière. Et après cet événement, comme si cette lumière avait déchiré le voile d’une fausse réalité, tout le monde lui parla du saint ermite de Sarov et elle put rédiger sa biographie du saint qui prend en compte la tradition orale vivante de la région de Sarov.

La « visite » la plus étrangement simple et naturelle de saint Séraphim est relatée ainsi dans la chronique des miracles du staretz

En 1865, dans la maison de madame B…, il y avait une distribution de cadeaux de Noël aux nécessiteux, avant la fête.

Un vieillard aux cheveux blancs, tout courbé, vint après les autres et ayant prié. Il dit : « Que la paix et la bénédiction soient sur cette maison ! »
La servante qui distribuait les dons lui demanda. « Es-tu venu pour recevoir l’aumône? »
« Non, pas pour cela. »
« N’importe, prends-la si tu la veux. »
« Non, je ne veux rien. Je veux seulement voir votre maîtresse et lui dire quelques mots. »
« La maîtresse n’est pas à la maison. Si tu as quelque chose à dire, dis-le nous. »
« Non, je dois le faire moi-même. »
Une des servantes dit doucement à une autre : « Qu’est-ce qu’il veut ? Laisse-le partir. Peut-être que c’est un vagabond ! »
Le vieillard dit : « Quand votre maîtresse sera à la maison, je viendrai. Je viendrai bientôt. » Et il sortit.
Celle qui distribuait les dons vit que le vieil homme avait de mauvaises chaussures. Elle en éprouva des remords et une certaine gène. Elle sortit de la maison, mais il n’y avait personne dehors. Il avait disparu. Les serviteurs ne dirent rien à leur maîtresse. Mais la servante entendit quelqu’un lui dire dans son sommeil : « Tu as parlé sans égards. Celui qui est venu dans cette maison n’était pas un vagabond, mais un grand saint de Dieu. »
Le lendemain matin, un colis arriva par la poste pour madame B… Il contenait un portrait de Père Séraphim ( qui était grandement vénéré par la famille) nourrissant un ours. Grande fut la surprise quand ceux qui avaient parlé au vieux mendiant, le reconnurent dans le portrait de saint Séraphim.

Que dire enfin pour exprimer l’ineffable joie que nous donne saint Séraphim par tous les miracles où il se manifeste ? L’archimandrite Lazare déjà cité l’a bien exprimé : « Et ne fléchirons-nous pas nos genoux devant le saint ascète de Sarov ? Fléchissons non seulement les genoux, mais [inclinons-nous aussi dans] aussi notre cœur. Bénissons et magnifions le saint homme de Dieu non seulement par des paroles et des enclins, mais aussi par des actes. Prenons-le comme modèle, que ses enseignements soient la substance de notre vie, et essayons de brûler du même amour pour Dieu et pour notre prochain, comme il brûla lui-même tandis qu’il vivait sur cette terre de péché, dans les forêts de Sarov. »

Et nous entendrons le saint vieillard nous dire de sa voix bénie : « Le Christ est ressuscité ma joie ! »

Claude Lopez-Ginisty

Bibliographie sommaire:
Julia de Beausobre, Flame in the Snow, Collins 1979
Archimandrite Lazarus Moore, Saint Seraphim of Sarov : a Spiritual Biography, New Sarov Press USA, 1994.
Une première version de ce texte a été publiée 
dans La Chronique de Saint Séraphim de Sarov
dans la revue Diakonia
Fraternité Orthodoxe-Tous les Saints de Belgique
Orthodoxe Broederschap van Alle Heiligen van Belgïe

Photo: Affiche de la glorification de saint Séraphim, 1903.

Prier (46)



Calme paix et sérénité
La prière coule 
Comme une source pure
Du cœur vers le Christ

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Theotoke Parthene/ Roumain

mercredi 28 janvier 2009

Saint Séraphim de Sarov: Apparitions (1)


Chronique de Saint Séraphim de Sarov

Après sa naissance au Royaume, saint Séraphim était toujours là. Il apparaissait, il consolait, il guérissait. Il poursuivait son labeur ainsi que l’a magnifiquement dit l’archimandrite Lazare Moore. « Le bienheureux staretz a fermé ses yeux dans la prière, mais après son départ de ce monde corrompu pour le Royaume de la lumière et de la gloire éternelle, il ne s’est pas reposé de ses exploits ascétiques. La guérison des malades, le réconfort des affligés, les conseils spirituels à ceux qui étaient dans la confusion, continuèrent à sourdre de lui comme d’un courant constant. »

Il est vrai que très peu de temps après sa naissance au ciel, les chroniques de Sarov rapportent déjà les interventions du saint auprès de ceux qui firent appel à lui avec foi et crainte de Dieu. 

En 1834, le capitaine Toplov se rend en pèlerinage à Sarov avec son épouse et ses enfants. Une de ses filles âgée de trois ans a une maladie qui fait qu’elle ne peut marcher. Une pannikhide est faite sur la tombe du saint, puis tout le monde se rend à l’ermitage et à la source miraculeuse. On retourne vers le monastère pour y faire célébrer un office de bénédiction des eaux pour elle, mais en chemin, elle insiste pour être posée à terre. On tente de la dissuader, mais elle insiste tellement qu’on la pose enfin et elle se met à courir aussitôt! 

En 1848, Maria, fille d’Evdokia Otchkina était devenue aveugle à la suite d’un accident. Ses paupières étaient comme collées et les médecins ne purent rien faire pour lui rendre la vue. Un jour tandis que sa fille jouait maladroitement auprès d’elle, la mère se mit à prier ainsi en pleurant: « Père Séraphim ! Prie le Seigneur pour que les yeux de ma fille soient ouverts. J’irai en pèlerinage à pied jusques à Sarov. » Immédiatement après ces paroles, la petite fille se leva d’un bond et se mit à courir dans la pièce. Elle avait recouvré la vue !

En 1857, N… propriétaire terrien de la région de Tambov vint en pèlerinage à Sarov. Il souffrait de maux de tête continuels. Il arriva au monastère le jour de la Dormition de la Toute Pure Mère de Dieu. Il voulait aller à la source du saint avant la Liturgie, mais sachant que son épouse l’attendait, il y renonça et en retournant vers elle, il se perdit et se trouva près de la source du saint. Il avait des douleurs terribles à la tête et n’osait pas même l’oindre de cette eau. De plus il pleuvait fort et il faisait très froid Arrivé au bord de la source, il glissa sur l’argile des berges et tomba la tête sous le filet d’eau qui coulait. Il fut trempé sans le vouloir par l’eau miraculeuse. Plus confiant, il se leva et se versa de l’eau sur la tête. Et les douleurs disparurent aussitôt.
Sur le chemin du retour, il rencontra un paysan qui lui annonça que saint Séraphim l’avait guéri le matin. Son bras était lourd, enflé et il ne pouvait plus le bouger. Il le baigna deux fois dans l’eau et fut délivré de son mal.

Les miracles de guérison impressionnent toujours, et c’est tout à fait légitime, mais les miracles les plus impressionnants devraient être ceux qui simplement donnent le courage de poursuivre le chemin du ciel dans les difficultés de la terre. 

L’illustre Staretz de Sarov, comme il l’avait promis à ses moniales, continua son œuvre sur la terre des vivants pendant la terrible persécution qui s’abattit sur l’Eglise du Christ en Russie. De même que de son vivant, il s’était montré soucieux du salut et du bien être spirituel de ceux qui venaient le consulter, après sa naissance au ciel, il intervint pour protéger les fidèles, les encourager ou les prévenir de dangers. Il ne fut absent ni des camps où le pouvoir soviétique tentait de faire disparaître la foi en éliminant les pasteurs et les croyants, ni de la vie de tous les jours où sa silhouette frêle apparaissait pour montrer aux séides de l’étoile sanglante que l’on avait certes fait disparaître ses reliques, mais qu’il était toujours là, avec son sourire et sa joie!

Le staretz Samson, qui adolescent venant de l’anglicanisme s’intéressa à l’orthodoxie et se convertit, vécut dans la persécution pendant une grande partie de sa vie. Mais il traversa ces persécutions sans que son âme n’en soit affectée, car il eut, avant le déchaînement de ces terribles difficultés, dans son sommeil, une apparition de Saint Séraphim de Sarov qui vint en quelque sorte le préparer aux lourdes épreuves qu’il allait subir ensuite. Et quelles épreuves, celles du goulag ! Et quelle préparation, une préparation qui fit qu’il resta ferme dans sa foi et qu’il ne faillit jamais, combattant en athlète victorieux jusques au terme le bon combat du Christ! 

La force de prière de saint Séraphim était grande de son vivant. Son passage à la Vie éternelle donna encore plus de puissance à cette intercession bénie. Les saints nous entourent et nous protègent quand nous faisons appel à eux, mais ils sont là à d’autres moments avec leur même sollicitude, sans que l’on ait fait appel à eux. L’aventure spirituelle du staretz Samson avec le saint de Sarov le montre éloquemment… (à suivre)

Claude Lopez-Ginisty

Une première version de ce texte a été publiée 
dans La Chronique de Saint Séraphim de Sarov
dans la revue Diakonia
Fraternité Orthodoxe-Tous les Saints de Belgique
Orthodoxe Broederschap van Alle Heiligen van Belgïe

Photo: Affiche de la glorification de saint Séraphim, 1903.

Prier (45)



Le prochain 
Est le miroir
Où je vois
Le visage du Christ

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Psaume 102: Chant byzantin roumain

mardi 27 janvier 2009

Saint Séraphim de Sarov: La nuit soviétique (2)



Julia de Beausobre se trouvait dans la région de Sarov dans les années trente du siècle vingtième de notre ère. Née en 1893 à Saint Petersbourg, membre d’une riche famille, elle épousa trois mois avant la révolution d’octobre Nicolas de Beausobre, diplomate russe d’origine huguenote. En 1932, tous deux furent arrêtés et déportés en camp de concentration par le pouvoir soviétique. Son époux fut exécuté, elle ne l’apprit que plus tard. Julia de Beausobre relata son expérience du goulag dans son livre The Woman Who Could Not Die (La femme qui ne pouvait pas mourir). Elle fut libérée lorsque son ancienne gouvernante anglaise paya une rançon pour la libérer ! Elle vécut en Grande Bretagne de 1934 à décembre 1977, écrivant de nombreux articles et livres sur des sujets spirituels. En 1945, elle publia Flame In The Snow (Une flamme dans la neige), une biographie de Saint Séraphim de Sarov. Le sous-titre de son livre était Une légende russe. (Souvenons-nous que ce mot vient de legenda, ce qui doit être lu. Le sens de légende, mythe, n’est pas le sens premier et certainement pas le sens religieux donné à ce terme à l’origine. La légende, c’est ce qui doit être lu pour le profit spirituel de celui qui en fera la lecture.)

Nous possédons beaucoup de biographies du saint ermite de Sarov, mais peu d’orthodoxes connaissent celle de Julia de Beausobre. Cette jeune femme s’est trouvée dans un camp de concentration soviétique près de Sarov un siècle environ après la naissance au ciel de saint Séraphim. Lors de sa captivité, ses compagnons d’infortune lui parlèrent sans discontinuer du staretz, c’est là la base de son livre. S’adressant au lecteur, elle dit qu’elle a essayé de garder aussi fidèlement que possible les récits qui lui furent alors confiés.  (Dans les années soixante, Andrei Siniavski, prisonnier dans un camp de la région de Sarov, recueillit lui aussi des récits de la tradition orale concernant saint Séraphim de Sarov. Dans cette relation, il parle de la prédiction de la tourmente révolutionnaire déjà mentionnée,  et d’une autre vision que le saint aurait eue. Selon celle-ci, après une longue période de gouvernement athée et de terreur, la religion renaîtrait de ses cendres, et une période de paix s’installerait. Lorsqu’on lui demanda ce qui arriverait ensuite, le saint dit qu’après ce répit, la Russie serait plongée dans un océan de sang et d’épreuves. Et il se mit à pleurer. On interpréta cela comme signifiant que la fin du monde adviendrait ensuite.)

C’est le saint Séraphim que nous connaissons bien qui apparaît dans cette biographie, mais le ton, le langage- qui tentent de restituer la saveur de la langue des paysans du lieu- donnent à ce livre une saveur particulière, celle de la vérité et de la réalité simples. Si le personnage de cet ouvrage n’était pas un saint, nous aurions l’impression de lire des mémoires composés par un contemporain du saint qui l’aurait connu et aimé et qui se serait donné la mission de restituer en pleine lumière la vie d’un ami indispensable et très précieux. 

Julia de Beausobre avoue dans la préface de son ouvrage avoir seulement enjolivé les passages qui parlent de Grisha le Fol-en-Christ afin de rendre ce personnage intelligible aux lecteurs britanniques non familiers de la mentalité russe et de ce type de sainteté caractéristique de la piété slave, mais elle mit un point d’honneur à conserver tous les détails qui étaient dans les témoignages concernant le saint qui lui furent donnés dans le camp.

"À chaque pas que je faisais, je rencontrais [saint] Séraphim. Quel que fût l’endroit où j’allais, quelle que fût la personne dont je m’occupais, tous parlaient de lui.[…] des anecdotes de sa vie, détaillées, vivantes, personnelles, étaient déversées dans mes oreilles avides, les conteurs amplifiant parfois les portraits qu’ils faisaient par des interprétations pleines d’esprit. J’étais impressionnable en ce temps-là: les paroles et les interprétations restèrent comme marquées au fer rouge dans ma mémoire. […] Quand je quittais la Russie, de nouveaux amis qui ne connaissaient pas les légendes populaires parlaient de [saint] Séraphim d’une manière nouvelle pour moi : ils avaient étudié les archives écrites." (Julia de Beausobre, Flame in the Snow, Collins, 1978, p.14). Ce qui est remarquable, c’est que les deux sources, l’officielle et la source orale se rejoignent dans l’essentiel, cependant des détails sont présents dans les récits du camp qui n’existent pas dans la version officielle écrite qui nous a été transmise. C’est là chose tout à fait normale. Le livre de Julia de Beausobre avec ses détails transmis de génération en génération par des témoins de la région, par la mémoire vivante de la terre de Sarov, donne à son récit un caractère à la fois familier, naturel. Loin de réduire la stature du saint par de modestes anecdotes et des épisodes qui pourraient sembler banals, il confère à ce parcours de Saint Séraphim un cachet d’authenticité et un émerveillement du lecteur devant l’incommensurable dimension spirituelle du beau vieillard.

Et, chose surprenante, « les sources orales ne sont pas, comme on pourrait le supposer particulièrement préoccupées par les miracles. […] Elles sont plus préoccupées par les relations humaines et la psychologie. De ce fait, elles nous parlent plus de gens qui étaient associés à [saint] Séraphim, particulièrement pendant sa jeunesse, que ne le font les biographies officielles.» (Sir John Lawrence, op. cit. p. 14)

« Dans les biographies officielles, seuls les miracles de l’enfance de Prokhore [i.e. saint Séraphim enfant] sont mentionnés ; la légende complète les premières années avec des détails essentiels, et pour les premières années au monastère, elle mentionne ce que l’on sait traditionnellement de la vie contemplative. Les « conteurs » (skazateli) de cette légende, insatisfaits par la réticence montrée par les biographes officiels à ne parler que des succès du saint dans la vie spirituelle, essaient d’expliquer comment ces succès furent possibles et à quel prix ils furent atteints.

C’est en partie le désir de mieux comprendre la personnalité de [saint] Séraphim et la nature de son ascension [dans la vie spirituelle] qui a conduit les “skazateli" à insister sur l’importance de personnages secondaires écartés d’une ou deux phrases pieuses par les Vitae officielles. […] Grisha le Fol-en-Christ est une figure remarquable de la tradition populaire. » (op. cit. p. 173)

Le style et le parti pris didactique des biographies officielles ont une valeur indéniable qu’il n’y a pas lieu de discuter ou de contester. La Vita d’un saint a toujours un but évident d’édification, elle obéit à des canons stricts, comme l’iconographie ou le chant d’Eglise. L’essentiel et l’utile y sont présents. La tradition orale qui survit après la naissance au ciel du saint, a aussi sa valeur car elle contient des éléments précieux qui rendent le saint plus "réel" pour ceux qui l’approchent. D’une part, elle manifeste et explique clairement et d’une manière évidente l’amour et l’admiration qui ont présidé à l’élection du saint par le peuple orthodoxe et ont conduit à sa glorification par l’Eglise. D’autre part, elle rend le modèle parfait érigé par la biographie officielle plus accessible et plus proche, en ce qu’elle le montre ascendant depuis le vieil homme jusques à la stature de l’image et de la ressemblance divine. Le chemin peut sembler moins ardu si on en voit toutes les étapes, et que l’on peut s’identifier –à notre faible mesure- au marcheur qui commence à parcourir la Voie du salut.

La biographie de saint Séraphim par Julia de Beausobre est un beau monument populaire érigé à la mémoire de l’ermite béni de Sarov. Elle a la saveur subtile d’une agréable veillée où la Russie parlerait de son fils le plus prestigieux, tandis que les auditeurs, au fait de la vie "officielle" du staretz, découvriraient émerveillés des joyaux qu’ils ne soupçonnaient même pas, heureux qu’ils étaient du grand trésor qu’ils possédaient déjà avec la biographie écrite du saint.

Claude Lopez-Ginisty

Une première version de ce texte a été publiée 
dans La Chronique de Saint Séraphim de Sarov
dans la revue Diakonia
Fraternité Orthodoxe-Tous les Saints de Belgique
Orthodoxe Broederschap van Alle Heiligen van Belgïe

Photo: Reliquaire de Saint Séraphim de Sarov, Chapelle du Pokrov

Prier (44)



Que ton regard choisisse ce qu'il voit
Contemple donc le Christ Miséricordieux
Au lieu de te complaire dans la vision
Des fautes de tes frères

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

Chant Byzantin roumain

lundi 26 janvier 2009

Saint Séraphim de Sarov: La nuit soviétique (1)


CHRONIQUE DE SAINT SERAPHIM

Lors de la glorification de saint Séraphim en 1903, dans cette extraordinaire liesse populaire, qui aurait pu imaginer que la Sainte Russie qui était visible et tangible dans cette reconnaissance du saint moine de Sarov allait disparaître dans la tourmente révolutionnaire ? Qui pouvait penser un seul instant que moins de quinze ans plus tard, la nuit bolchévique, éclairée tragiquement par la seule étoile sanglante des sans Dieu, allait tomber sur la terre des vivants? 

Le fossé de la Mère de Dieu, la source miraculeuse, la pierre de l’oraison des mille jours et mille nuits du désert de Sarov, les reliques sacrées de l’ermite que l’on célébrait et vénérait en ces jours, tout allait disparaître. Le monastère fut fermé, les moines chassés et les reliques emportées. Quelle foi extraordinaire devait être celle des chrétiens du lieu qui gardèrent le fil de la prière dans l’enfer déchaîné qui répandit partout sa terreur.

Saint Séraphim l’avait dit à ses moniales : lorsqu’il serait né au ciel, elles pourraient continuer à venir lui parler et lui confier leurs peines et leurs tourments : il les écouterait et intercèderait pour elles comme il le faisait de son vivant. 

Il resta près du peuple russe souffrant par-delà le tombeau, comme il était présent pendant sa vie d’exploits ascétiques et ses rencontres célestes. Car saint Séraphim vivait déjà dans le Royaume de Dieu dès ici-bas. Il illustra à de nombreuses reprises la phrase du Christ : « Le Royaume est au-dedans de vous »(Luc: XIV, 21). Certes, pour lui, immergé dans la grâce sanctifiante de Dieu, la frontière entre la terre des vivants et le paradis n’était qu’une porte frêle que sa prière ardente franchissait naturellement. Il vivait pleinement de cette grâce. C’est pourquoi la Mère de Dieu très pure et les hôtes célestes le visitaient et conversaient avec lui car « il était de [leur] race ». Le temps n’existait pas pour lui, il vivait déjà dans l’éternité et dans cette communion avec Dieu et le monde d’en Haut qui ne connaît ni frontières, ni bornes du temps comme notre monde terrestre limité. 

Une tradition rapporte que venu à Sarov (peut-être pour la glorification du saint), le Tzar martyr Nicolas II se vit remettre une enveloppe de la part du saint thaumaturge. Il l’ouvrit, lut le manuscrit qu’elle contenait et pleura « amèrement ». Il emporta avec lui ce manuscrit qui annonçait les épreuves qui attendaient la Russie. 

Dans l’abomination de la désolation née de la révolution d’octobre, ce fut toute la société qui fut abattue. Il ne resta pas pierre sur pierre. On voulut forcer le peuple de Dieu à garder les yeux fixés sur la terre puisque le ciel était déclaré vide par les « athéologiens » matérialistes. On débarrassa les hommes de leur opium et l’on ferma les portes du ciel. On fit radicalement du passé table rase, pensant que, sans racines les êtres pouvaient croître, prospérer et construire un avenir limité aux seules satisfactions matérielles. 

En 1978, un académicien russe avouait à un visiteur anglais Sir John Lawrence : « Aucun d’entre nous ne sait qui était son grand-père ! » (Sir John Lawrence, Introduction à Julia de Beausobre, Flame in the Snow, Collins 1978, p.8) Mais l’Esprit ne fait pas acception de limitations humaines ou de circonstances extrêmes, et ce même visiteur remarquait à la même époque avec justesse : « […] je suis continuellement étonné de découvrir combien les anciens schémas de pensées et de sentiments trouvent de nouvelles manières de s’exprimer quand changent les circonstances. Ceci n’est pas valable seulement pour la religion, mais cela se vérifie peut-être plus dans la religion que dans tout autre domaine. Du moins il y a des endroits dans la campagne russe où la foi chrétienne traditionnelle brille encore avec force, avec peut-être plus de force qu’il y a soixante ans, car la présente génération de croyants a dû payer chèrement pour sa foi. » ( idem)

Cette foi était la perle de grand prix dont parle l’Ecriture et le prix à payer consistait quelquefois à donner sa vie pour elle. Les églises étaient vides et souvent détruites dans les campagnes. Mais les contempteurs de la vie spirituelle, engoncés dans leur superbe certitude d’avoir raison, ne purent jamais empêcher que « dans le secret » (Matth. VI:6) on puisse adorer le Père. Les reliques du saint disparues, son souvenir et son intercession perdurèrent dans le cœur des fidèles. Il y eut un témoin pour le dire au monde. Ce fut une femme… ( à suivre)

Claude Lopez-Ginisty

Une première version de ce texte a été publiée 
dans La Chronique de Saint Séraphim de Sarov
dans la revue Diakonia
Fraternité Orthodoxe-Tous les Saints de Belgique
Orthodoxe Broederschap van Alle Heiligen van Belgïe

Photo: Reliquaire de Saint Séraphim de Sarov, Chapelle du Pokrov

Prier (43)



Que ta prière soit une icône
Qui prend le monde
Et le transporte 
Dans l'Eternité de Dieu

上帝的朋友 ( L'ami de Dieu)

dimanche 25 janvier 2009

Saint Jean de Cronstadt: La prière



"Notre Batiouchka [Petit Père], saint Jean de Cronstadt, juste et respecté parmi les saints, alors qu'il vivait encore, avait coutume de dire la chose suivante à ceux de ses amis qui étaient en esprit proches de lui: " Je sais bien que beaucoup, quelquefois éloignés à mille lieues d'ici, me connaissent et se souviennent de moi, à la différence de ceux qui vivent ici, près de moi. Tous ceux qui me commémorent et prient pour moi, pour eux, je prie Dieu, et par-delà le tombeau, ils seront près de moi, et prieront dans mon temple. Les prêtres semblables à moi en esprit et en prière, se souvenant de moi dans la prière, serviront ensemble avec moi dans la vie au-delà du tombeau."
Moine Juvian 

(Le moine Juvian de Valaam, rapportant les paroles de néomartyr russe Raphael, lequel mourut en martyr le premier jour de Pâques en 1922, martyre que saint Jean de Cronstadt avait prophétisé)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après Nun Maria Stakhovich & Sergius Bolshakoff
Interior Silence
Elder Michael, The Last Great Mystic of Valaam
New Valaam Monastery, Alaska
1992