"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

jeudi 7 août 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville


18. Portrait spirituel de Jordanville (Fin)
Disons à présent quelques mots sur la manière dont le monde extérieur perçoit le monastère de Jordanville, par quelques descriptions vivantes. Union Soviétique, milieu des années soixante. une certaine Ludmila, voisine du monastère et représentative de l'intelligentsia qui allait partir à Diviyevo en bus... Un de ses compagnons de voyage, un charmant vieil homme commença à parler avec elle.
" Alors, où allez-vous?"
" A Diviyevo."
"Oh... Il n'y a plus rien de bien intéressant à Diviyevo. Ils ont emporté beaucoup de choses de l'Eglise. Même chose à Sarov. C'est là que les savants nucléaires se sont retranchés. C'est comme s'ils avaient établi le communisme là-las, et c'est pour cela qu'ils ne laissent personne y aller. Quelques uns de nos objets saints sont cachés là-bas, mais les plus importants ont bien sûr été emportés."
" Emportés...mais où?"
" Eh bien au-delà des mers à l'étranger évidemment. Il y a aussi une église russe là-bas. Elle a un nom étranger bien sûr, la villa de Jordan. C'est là que sont gardées ces reliques."
C'est ainsi que les gens simples, en Russie captive percevaient Jordanville. Pourtant en Amérique, les gens voyaient et voient encore Jordanville différemment. Un jour un professeur d'une université américaine vint au monastère. Il admirait grandement le fait que la culture médiévale soit préservée à Jordanville: tout le monde était habillé en longue robe noire, les hommes s'occupaient de tout, et il n'y avait pas de femmes. Selon lui, tout ce qui précède permettait de compléter l'image culturelle de la société américaine.
Les voisins, fermiers américains, avaient des attitudes variées par rapport au monastère de Jordanville. Pendant la guerre froide, beaucoup considéraient le monastère avec suspicion, car 'américain moyen considérait tous les russes comme des communistes.
De nos jours, le monastère reste une énigme pour beaucoup de ses voisins américains. Un jour quelques uns de nos séminaristes sont allés dans une ville voisine, où par hasard ils ont engagé la conversation avec des adolescents du lieu qui leur ont dit les choses suivantes:
"Nous savons qui vous êtes! Vous servez la princesse."
" Quelle princesse?"
" Eh bien, celle qui vit dans votre château avec les tours ( ils parlaient du monastère). Et vous tous, vous êtes ses serviteurs."
" Allons, comment en êtes-vous arrivés à cette conclusion?"
" Non, vous ne pouvez pas le nier. C'est vrai. Nous avons même un portrait de votre princesse; celui de l'entrée principale."
Ayant dit cela, l'un d'entre eux sortit une photo de l'icône de la Très Sainte Mère de Dieu, qui est en fait dans l'église principale de la cathédrale du monastère.
Quelle anecdote extraordinaire! Quand un des séminaristes qui prit part à la conversation, me raconta cela, je fus abasourdi. D'un côté, cela me rendait triste que nos voisins non-orthodoxes n'aient absolument aucune idée qde ce qui se passe au monastère, d'un autre côté, j'ai compris qu'une grande vérité était révélée par le biais de ces américains un peu simples. Notre monastère est indubitablement sous la Protection de la Reine des Cieux: il y a plusieurs icônes de la Très Sainte Mère de Dieu, qui sont considérées comme miraculeuses par les fidèles, et l'église du cimetière est dédiée à la Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu.
La Très Pure Vierge protège sans aucun doute le monastère de la Sainte Trinité des épreuves et tribulations. Sans Sa protection, les forces du mal se seraient emparé des moines il y a longtemps. En attendant, ces puissances jaugent les moines, prennent leurs mesures. Il y a quelques années quelqu'un a écrit le chiffre de l'Antéchrist (666) avec une peinture indélébile sur la chaussée, en face de l'entrée du cimetière du monastère.

Il est évident qu'une confrontation manifeste avec les puissance du mal est encore à venir. Ce n'est pas pour rien que le mémorable archimandrite Serge ( Romberg) avait l'habitude de dire qu'il y aurait des martyrs dans notre monastère. Sa prophécie, s'est en partie révélée vraie. En 1997 les honorables reliques de celui qui fut diaboliquement martyrisé, José Muñoz, Gardien de l'icône myrrhoblyte d'Iviron, furent apportées au monastère pour leur repos éternel. Pourtant, Père Serge qui utilisait le pluriel quand il parlait de ces martyrs, voulait probablement dire qu'il y aurait des martyrs parmi les frères
O Seigneur, aide-nous à en être dignes!
Je ne voudrais pas terminer le Patéricon de Jordanville sur une note aussi triste, car à la fin, ce n'est pas seulement Jordanville, mais toute l'Eglise combattante du Christ qui finira son chemin au Golgotha. Et la vision du monde des moines de Jordanville a toujours été raisonnablement apocalyptique et eschatologique. Les meilleurs représentants de Jordanville ont toujours été prêt à faire face au jour de la tentation finale. Comment se seraient-ils comportés face aux serviteurs de l'Antécrist? Sans aucun doute, ils n'auraient pas hésité, ils n'auraient pas été ébranlés, ils auraient levé leurs yeux au ciel en criant joyeusement: "Viens, Seigneur Jésus!" Ils se seraient réjouis de ce que l'heure de leur délivrance soit proche.
Et ainsi, sur cette note joyeuse et sans tristesse, je te dis adieu, cher lecteur. Je demande ton pardon pour les inexactitudes possibles de ce récit.
*
Accorde Seigneur, le repos à l'âme de Tes serviteurs qui ont œuvré au monastère de la Sainte Trinité, et par leurs saintes prières accorde que nous puissions atteindre le havre très lumineux de Ton Royaume.
(Travail basé sur les souvenirs des frères du monastère de la Sainte Trinité, ses anciens séminaristes et les membres plus âgés du monastère; les lettres et notes des diaires des moines d'après les archives de l'atelier d'imprimerie de Saint Job de Potchaïev; les articles publiés dans les magazine " Orthodox Russia", "Orthodox Life", "Orthodox Way", "Russian Pastor".
Certaines photographies viennent des archives du magazine " Orthodox Russia".)
Fin & Gloire à notre Dieu!
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok
( Le Moine Russe) de Jordanville
Русскiй Инокъ

mercredi 6 août 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville


Père Pantéléimon ( Nijnik)
Portrait spirituel de Jordanville (17) 
Pourquoi Dieu considère-t-il le monastère  de la Sainte Trinité de Jordanville avec bienveillance? La réponse est très simple. C'est parce que ce monastère a été bâti avec beaucoup de labeur, de sueur, de larmes par ses fondateurs et par les frères.
Comment donc naquit ce monastère? Son fondateur, le Père Pantéléimon ( Nijnik + 1984) est né dans un village de la province de Grodno. En 1913, alors qu'il avait 18 ans, il partit pour l'Amérique afin de gagner de l'argent. La dernière chose que lui dit sa mère avant qu'il ne se séparent fut: " Très cher fils, ne perds pas Dieu!"Après avoir souffert souffert outre Atlantique, le futur archimandrite Pantéléimon, qui était alors simplement connu sous le nom de Peter, abandonna son rêve de trouver le bonheur sur terre et décida de se consacrer entièrement au service du Seigneur. En 1918, il rejoignit la Fraternité du monastère de Saint Tikhon qui avait été fondée en 1905 par le hiérarque, confesseur et Patriarche Tikhon lui-même alors qu'il était encore archevêque d'Amérique du Nord et des îles Aléoutiennes.
Dans ce monastère, Peter Nijnik fut tonsuré moine et ordonné prêtre. Père Pantéléimon passa dix ans dans le monastère de Saint Tikhon sans jamais en sortir. Pendant ce temps, il étudia attentivement les écrits des Pères ascètes. Son cœur était enflammé par le désir d'imiter, même dams une moindre mesure, leur exploits ascétiques dans la réclusion. Père Pantéléimon admettait qu'il avait décidé "d'acheter une parcelle de terre déserte quelque part dans la forêt, près d'une source, et d'y construire une petite chapelle, d'y prier et de vivre loin de l'agitation et du bruit du monde."
Le temps passant, Père Pantéléimon trouva des gens qui partageaient ses aspirations. La première personne fut le chef de chœur et lecteur Jean Kolos, qui devint plus tard l'archimandrite Joseph. Après, ils furent rejoints par le moine Jacques ( Machérouk) du monastère de Saint Tikhon.
Ayant gagné de l'argent pour le versement initial en travaillant dans l'usine Sikorsky, les partenaires achetèrent une parcelle de terre près du village de Jordanville, Et ainsi, Père Pantéléimon, qui fut bientôt suivi par d'autres, déménagea dans ce désert béni que désirait leur cœur.
Père Pantéléimon s'en souvient. " Pendant le printemps 1930, après Pâques, j'ai cessé de travailler dans l'usine Sikorsky et je suis venu tout seul sur ma terre. Tout ici était désert; tout était silencieux, sans âme qui vive. Plusieurs fois, je montais sur la colline dans la forêt, et de là je regardai ma propriété: une vieille maison de deux pièces dans fenêtres avec un puits à proximité, et quatre autres puits à chaque coin de la propriété, rien d'autre que cela...et tout ceci au beau milieu de la forêt; tout était silencieux à l'entour- un vrai désert. Je me souviens que la première chose que j'achetai pour la maison fut une petite bouilloire en métal... Quelquefois, j'allais dans la cour, j'allumai un petit feu avec du bois entre trois pierres, j'y posai la bouilloire et je partais pour Jordanville...pour acheter des provisions à l'épicerie du village. Lorsque j'étais de retour, l'eau bouillait et le petit déjeuner était prêt."
Pett à petit, la fraternité grandit. Le hiéromoine Elie ( Gavriliouk) du monastère de Saint Tikhon se joignit à la communauté, puis ce fut qu tour du chef de chœur Pierre Kozlov, qui devint plus tard le hiéromoine Paul, puis Philippe Pisarik plus tard moine Philarète.
Et ainsi, après plusieurs années de travaux inlassables, les frères se construisirent une nouvelle maison en bois avec une église, des cellules et d'autres pièces à l'intérieur.  Pour la fête de la Pentecôte, le 17 juin 1935, l'archevêque Vitay ainsi que de nombreux invités arriva au monastère pour prendre pert à la célébration de consécration de la nouvelle église. La veille de la consécration, les frèreset les pèlerins prièrent jusques à minuit. L'office de consécration fut beau. A la fin de la Divine Liturgie, quand l'archevêque sorti sur la solea pour le sermon, quelqu'un cria soudain "Au feu!" En quelques minutes le bâtiment fut couvert de flammes. Par la seule miséricorde de Dieu, personne ne fut blessé. Il est impossible d'imaginer ce qui se passait dans l'âme des moines, car tout ce qu'ils avaient donné, toute l'énergie et l'amour de ces dernières années était détruit devant leurs yeux. Je pense qu'après un tel incident, beaucoup d'entre nous auraient désespéré et seraient arrivés à la conclusion que Dieu ne voyait pas favorablement tous ces labeurs. Pourtant ces moines étaient différents. Plusieurs années plus tard, quand ils eurent économisé assez d'argent, et que presque tous les moines de la Fraternité d'imprimeurs de Saint Job de Potchaïev était arrivée de Slovaquie, les frères de la fraternité de Jordanville construisirent une nouvelle cathédrale. Cette fois, elle était non pas de bois, mais en briques!
Et ce n'est pas surprenant, nul fruit mauvais ne peut pousser sur la bonne terre de la vie monastique de pénitence pleine d'épreuves. Alors que l'église était en feu, c'est avec juste raison qu'une vieille dame dit: " Vos œuvres montent vers Dieu comme le sacrifice d'Abel! Regardez comme ces flammes montent droit au ciel!"  Un des moines, exprimant l'opinion de tous, répondit: " Oui, oui, nous le voyons, mais ces flammes nous rappellent un autre feu pire encore qui brûle à présent notre pauvre Mère la Russie. Que sont ces flammes par rapport à la souffrances de la Russie?"
Alors devons-nous être surpris après avoir entendu ces paroles, que le monastère de la Sainte Trinité, qui deut son origine dans les régions forestières inexploitées d'Amérique, avec quelques simples moines, soit devenu avec le temps le principal monastère de toute l'Eglise Russe à l'Etranger?
Petit à petit, un village russe complet surgit autour du monastère: beaucoup d'orthodoxes russes achetèrent ou se construisirent des maisons à côté du monastère. La plupart d'entre eux étaient des gens simples, dont le cœur étaient attiré par le saint lieu. Pourtant d'autres [plus connus] possédaient des maisons près du monastère. C'était le cas du violoncelliste et chef d'orchestre Mtislav Rostopovitch and de la chanteuse d'opéra Galina Vichnevskaïa son épouse, la famille de Maxime Chostakovitch, fils du compositeur Dimitri Chostakovitch, la famille des peintres Alexandre Benois et Zinaïda Serebriakova, Anna Marly, chanteuse russe et auteur de l'hymne de la résistance française.
L'écrivain Soljenitsyne venait en visite pour la fête du monastère. Le hiéromoine Séraphim ( Rose) et l'écrivain Soloukhine y séjournèrent en même temps. De nos jours, des membres de la famille royale bulgare viennent souvent au monastère.
Pourtant, malgré le fait que Jordanville  soit d'une telle importance pour la vie des russes à l'étranger, il préserve son atmosphère de simplicité monastique et d'humilité. La vie au monastère se déroule jour après jour dans la paix et la quiétude. Tôt le matin, les moines se lèvent pour assister à l'Office de Ninuit et à la Divine Liturgie. Après, ils vont accomplir leur obédiences quotidiennes. L'éminent higoumène du monastère, Vladika Laure, assiste chaque jour à l'Office de Minuit ( En fait, il est le premier arrivé dans l'église), à la Divine Liturgie, et aux Complies. De même, il prend toujours ses repas avec les frères.
Tous les frères travaillent au réfectoire à leur tour, comme ils se relaient pour les offices à l'église et chacun d'eux a plusieurs autres obédiences. C'est la raison pour laquelle on n'est pas étonné de voir un archimandrite, Doyen du séminaire, ou un abbé, Econome du monastère qui travaillent à l'atelier d'imprimerie.
Ce qui distingue la vie du monastère de la Sainte Trinité, c'est le fait qu'il n'y a pas de femmes, alors que c'est le cas dans beaucoup de monastères russes. Les moines font les repas, leur lessive, le ménage et le travail administratif eux-mêmes. Les plus anciens habitants du monastère, les archimandrites Flor et Job et le hiérodiacre Méthode donnent l'exemple en accomplissant [encore ] toutes leurs obédiences. Ils travaillent à leurs obédiences jusque tard dans la nuit. Et quand tout le monde est déjà endormi, Père Flor déambule dans les bâtiments du monastère pour vérifier si toutes les portes et fenêtre sont fermées.
En dépit du fait que les moines soient extérieurement très occupés, ils n'oublient pas l'essentiel: la prière. Le père Flor a dit un jour que le labeur le plus exigeant était la prière. Et ce ne sont pas des paroles dénuées de sens, c'est là l'expérience de Jordanville.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok 
( Le Moine Russe) de Jordanville
Русскiй Инокъ

mardi 5 août 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville


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Portrait Spirituel de Jordanville ( 16)
Et pour finir, quelques traits du portrait de Son Eminence, l'higoumène du Monastère de la Sainte Trinité, le Métropolite Laure...
Il n'est pas facile de trouver les mots pour décrire combien notre cher Métropolite Laure est important pour les frères de Jordanville. Il sert de bon example en tout ce qu'il fait: dans sa manière d'officier, dans sa relation avec son prochain, ainsi que dans son amour fervent de la Russie. Malgré le fait que sa santé ait décliné dans ces dernières années, Vladika Laure passe tout son temps, depuis tôt le matin jusque tard le soir, à l'église ou à ses obédiences dans son bureau et au séminaire. Vladika a quelque chose de particulier: il répond à presque chacune des lettres qu'il reçoit, essayant d'apporter réconfort et encouragement en quelques lignes, ce que ses nombreux correspondants en Russie et partout dans le monde apprécie.Vladika Laure est né le premier janvier 1928 en Russie Carpathique, dans le village de Ladomirovo. Il reçut le nom de Basile dans le saint mystère du baptême au cours duquel officiait l'archevêque Vitaly ( Maximenko) qui était déjà archimandrite. plus tard, déjà en Amérique, le même archevêque Vitaly tonsura moine le futur Métropolite Laure. L'archevêque Vitaly veilla sur Basile et fit son instruction. Il prédit même que ce dernier continuerait son travail d'édition missionnaire.
Selon les souvenirs de Vladika Séraphim ( Ivanov), le jeune Basile commença à aider dans le sanctuaire de l'église du monastère pour les jours de fête lorsqu'il avait cinq ou six ans. Et quand il eut huit ou neuf ans, il vint auprès de Vladika Séraphim qui était alors Higoumène de la Fraternité de Saint Job à Ladomirovo et demanda à être admis comme moine. " J'ai souri" se souvient Vladika Séraphim, "Je lui ai tapoté la tête et dit que c'était bien qu'il veuille se consacrer à Dieu dès son jeune âge, mais qu'il était nécessaire d'obtenir pour ce faire la permission de son père". Son père, permit bientôt à Basile de devenir moine et il se joignit aux frères du saint monastère de Saint Job de Potchaïev dans les Carpathes, lorsqu'il eut onze ans. Instinctivement, nous nous souvenons de la vie du saint patron du monastère qui rejoignit le monastère à l'âge de douze ans. Quand le Métropolite Anastase ( Gribanovsky) visita le monastère, il dit au jeune Basile qui était venu vers lui pour recevoir sa bénédiction: " Dieu te bénira. Tu deviendras pasteur!"
Nicolas Dimitriyévitch Talberg, historien du monastère, qui aimait beaucoup Père Laure, exprima le souhait prophétique que ce dernier devienne Métropolite, premier hiérarque de l'Eglise Russe à l'Etranger. Par la grâce de Dieu, les prophéties de l'archevêque Vitaly, du Métropolite Anastase et de N. D. Talberg se révélèrent littéralement vraies!
NB: Au moment où l'auteur écrivait ces lignes, le Métropolite Laure de bienheureuse mémoire était encore parmi nous)

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok
( Le Moine Russe) de Jordanville
Русскiй Инокъ

lundi 4 août 2008

Mémoire éternelle!

Mémoire éternelle au serviteur de Dieu Alexandre né au Ciel hier!

Prière


Qu’il m’est aisé de vivre avec Toi, Seigneur !
Qu’il m’est léger de croire en Toi !
Quand mon esprit faiblit ou se perd dans l’incompréhensible,
quand les plus intelligents ne voient pas au-delà du soir qui tombe
et ignorent ce qu’il leur faudra faire demain,
Tu m’envoies d’en haut la claire certitude que Tu es
et que Tu agiras en sorte que toutes les voies du bien ne soient pas fermées.

Au sommet de la gloire terrestre, je me retrouve sur ce chemin
que je n’aurais jamais pu découvrir seul,
cet étonnant chemin qui, par-delà le désespoir,
m’a conduit là d’où j’ai pu transmettre à l’humanité le reflet de Ta lumière.
Et tant qu’il me faudra la refléter,
Tu m’en donneras le pouvoir.
Et tout ce dont je n’aurai pas le temps,
c’est que Tu l’auras confié à d’autres.

Alexandre SOLJÉNITSYNE.

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville


Fin de l'office des Complies: bénédiction des moines  par  l'higoumène ( Vladika Laure)
Portrait spirituel de Jordanville (15)
Le 29 mai/11 juin 2004, un des frères de notre monastère, le hiéromoine Averky ( Moreno) mourut. Il était né le 2 mai 1945 dans l'état de l'Idaho, et faisait partie de ces américains qui, ayant traversé les différentes vagues de recherche de la jeunesse dans les années soixante, furent amenés au rivage salvifique de l'orthodoxie. Quand Père Averky fut baptisé à San Francisco, le futur Higoumène Herman ( Podmochensky) et le hiéromoine Séraphim ( Rose + 1982) chantaient dans le chœur. L'histoire de la conversion de Père Averky à l'orthodoxie est étonnante. Il étudiait dans un séminaire catholique, et un des professeurs, un uniate qui partait en vacances, laissa en dépot à Père Averky, une icône orthodoxe. Père Averky, doté d'un sens artistique aigu, fut étonné par la beauté de l'iconographie orthodoxe. Il s'intéressa alors à l'Orthodoxie, puis, il emprunta des disques d'hymnes liturgiques russe à la bibliothèque du séminaire... et il ressentit encore une fois de l'enthousiasme. C'est alors qu'une pensée traversa son esprit: " Si les orthodoxes peignent de si belles icônes et chantent avec une telle profondeur de sentiment, cela signifie que ce sont des gens très particuliers et que leur christianisme est particulier aussi."
Comment ne pas se souvenir alors de la manière par laquelle les gens de la vieille Russie se sont convertis à l'Orthodoxie par la contemplation de la beauté de l'Eglise? La beauté du christianisme qui sauve le monde continue à attirer vers le Christ les âmes qui sont en recherche. Ayant trouvé l'Orthodoxie par la beauté, Père Averky servit avec zèle la beauté: il ne cessa de commander de nombreuses icônes à différents iconographes, glorifiant ainsi le Sauveur, la Mère de Dieu, les anges et les saints. Incidemment, parmi les icônes qui furent peintes à sa commande, il y a une image de la Mère de Dieu "Secours des pécheurs". ce n'est probablement pas par hasard qu'il fut accordé à Père Averky de finir son chemin sur terre le jour de la fête de cette icône... Quelle profondeur ont les paroles de la prière adressée au " Secours des pécheurs", lorsque nous pensons à la mort de notre frère: " Tout désespoir est maintenant rendu muet, et la peur disparaît; les pécheurs trouvent réconfort dans le chagrin de leur cœur et ils sont brillamment illuminés par l'Amour Céleste. Car aujourd'hui la Mère de Dieu tend vers nous Sa main salvifique et de Sa Très pure icône, Elle s'adresse à nous disant: " Je suis le secours des pécheurs devant Mon Fils, Qui a accepté de toujours me prêter attention lorsque je prie pour eux." Père Averky aimait beaucoup donner des cadeaux aux gens, et comme les enfants, il avait beaucoup de plaisir à donner. Et ce type de présent qu'il recevait lui-même de la Mère de Dieu, Secours des pécheurs.
Non seulement Père Averky se convertit à l'orthodoxie, mais il entra avec toute sa vie, dans l'Orthodoxie Russe, choisissant l'Eglise Russe à l'Etranger comme sa famille. Tout comme Père Séraphim ( Rose), il apprit la langue russe et devint très familier de la culture russe. Père Averky se souvenait que lorsqu'il était invité chez des immigrés russes, en plus du partage du traditionnel et généreux repas, les hôtes et les invités récitaient des poèmes de Pouchkine, de Lermontov, d'Essenine, ils joueient de la balalaïka, du piano, de l'accordéon et avaient des discussions sérieuses...
Parallèlement, Père Averky avait beaucoup de zèle pour la mission Orthodoxe auprès des américains. Il aimait célébrer des molebens, des pannikhides, et la Divine Liturgie en anglais. Grâce aux efforts de Père Averky, sa mère se convertit à l'Orthodoxie avant de mourir.
Il faudrait signaler que Père Averky était créputé pour son caractère plutôt austère, et qu'il n'était pas toujours d'un tempérament égal lorsqu'il était avec des gens. Néanmoins, le Seigneur lui accorda d'avoir une fin chrétienne, sans honte et paisible. Quand il se préparait à mourir, il demanda pardon à tout le monde, confessa ses péchés et communia. Pendant les derniers jours de sa vie, environ vingt personnes lui rendaient visite dans le pavillon de l'hôpital où il était allité. Père Averky fut conscient presque jusques à la fin. Il n'y eut aucun signe d'agonie: il était concentré sur le passage à la vie nouvelle. Nous voulons croire que le Sauveur a reçu l'âme du hiéromoine Averky dans les demeures de la beauté éternelle.


Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok
( Le Moine Russe) de Jordanville
Русскiй Инокъ

dimanche 3 août 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville

Jordanville Monastery-1


Portrait spirituel de Jordanville (14)
Le 14/27 décembre 2003, le hiérodiacre nonagénaire Méthode ( Rizan), alors le plus ancien des habitants du Monastère de la Sainte Trinité, rejoignit le Seigneur. Il était arrivé en Amérique en 1950 et s'était installé peu après au monastère. Là, il joignit le séminaire dont il fut diplômé en 1955. Son condisciple l'archimandrite Job ( Kotenko) parle de lui ainsi:
" Père Méthode était un très bon étudiant. Il était très discipliné et c'était un travailleur dévoué. Il travaillait à l'atelier de mécanique, s'occupait de la soudure, et il fit vraiment beaucoup pour le monastère. Les tombereaux du monastère aui sont encore en bon état de marche sont le résultat de son travail. Père Méthode assistait avec diligence aux offices de l'église. Il aimait les animaux et il nourrissait toujours les animaux du monastère avant de vaquer à ses obédiences..."
L'exemple de la vie du Père Méthode, nous montre comment le Seigneur Miséricordieux se soucie de Ses enfants les moines. Plusieurs fois, Père Méthode regarda littéralement la mort en face, pourtant à chaque fois il fut sauvé d'une mort soudaine. Dans les années cinquante ou soixante, il travaillait à la grange à foin et il trébucha sur la courroie. Ayant atteint le sol, il freina, mais incapable de résister à la chute, il alla droit dans la fosse où se trouvait une grande machine métallique pour la balle de foin. Il heurta sa tête si fort que le sang la fit noircir et les frères pensaient qu'il allait mourir. Pourtant le Seigneur préserva la vie de Père Méthode. Une autre fois, Père Méthode était sous une voiture pour réparer un pneu à plat, mais le cric glissa, lui tombant dessus. Après cet incident, Père Méthode boîta un peu. Une autre fois, Père Méthode se leva la nuit pour aller aux toilettes. C'était la nuit, alors la fenêtre de sa cellule était complètement ouverte. Il vit soudain un ange qui lui dit: " Viens avec moi!" et il le suivit...par la fenêtre ouverte de la cellule située au deuxième étage. Il y avait alors un chien du nom de Polkan au monastère ( Dont Levouchka se souvient souvent d'ailleurs!). Ayant vu le Père Méthode inconscient gisant sur le sol, le chien commença à aboyer, réveillant les frères. Père Méthode, qui avait de nombreuses fractures,  fut transporté à l'hôpital où il passa environ un mois. 
C'est ainsi que le Seigneur fit honte à l'Ennemi de la race humaine qui était apparu sous les traits d'un ange... Malgré de telles blessures, on put voir Père Méthode, accomplir ses obédiences presque jusqu'au jour où il mourut, dans son uniforme usé couvert de taches d'huile de moteur, les mains pleines de graisse, tenant quelque pièce détachée de tracteur ou travaillant sur le bulldozer.
Père Méthode ne se plaignait de rien  à qui que ce soit. Au contraire, vivant au monastère, il se réjouissait de ne pas vivre parmi de simples mortels, mais parmi des saints. Il parla ainsi avec enthousiasme à une pèlerine à propos du monastère: " Il y a ici de jeunes hommes qui donneront leur vie pour la foi! Je vous le dis, j'en suis sûr." Père Méthode aimait chèrement son service de diacre, et on peut dire qu'il servait avec une certaine appréhension. Un chanteur professionnel a dit que Père Méthode avait un don de la nature ( Il serait plus juste de dire de Dieu), il avait ce que les chanteurs professionnels atteignent avec difficulté: "une voix qui pleure" qui allait directement au fond de l'âme de ceux qui l'écoutaient.
Imitant son père spirituel,  Abba Gury, Père Méthode gardait quelquefois un jeûne très strict.
Père Méthode eut une attaque deux semaines avant de mourir: il fut trouvé dans sa cellule revêtu de son uniforme de travail, comme s'il allait sortir pour accomplir son obédience.
Un jour, les séminaristes qui venaient rendre visite à Père Méthode après son attaque, lui demandèrent: " Père, quels hymnes liturgiques voulez-vous que nous chantions pour vous? Le viel homme répondit d'une voix hésitante, faible et qui baissait déjà, "les hirmis de la fin de la pannikhide."
Une autre anecdote mémorable eut lieu à l'hôpital. Une infirmière russophone commença, entre autre choses, à discuter de religion avec un moine qui était venu rendre visite à Père Méthode. Le moine lui demanda: " Croyez-vous en Dieu?" A ce moment Père Méthode qui était dans un état à moitié inconscient, commença sans succès à essayer de sauter hors de son lit et il cria avec ferveur: " Je crois en Dieu!"
Le frère qui habilla Père Méthode après la mort de ce dernier, attesta du fait qu'il était aussi blanc qu'un ange, et que son visage était très très brillant!"
Pendant le sercice funèbre du hiérodiacre Méthode, le Métropolite Laure fit le discours suivant: " Bénie est la Voie que tu prends aujourd'hui frère, car un lieu de repos a été préparé pour toi. Nous avons maintenant à présent achevé la prière commune et le service funèbre pour notre frère le hiérodiacre Méthode, que le Seigneur a rappelé auprès de lui. Nous espérer et avons confiance dans le fait que la Voie qu'il va prendre sera une voie bénie pour lui.
Père Méthode est arrivé aux Etats-Unis au début des années cinquante. Peu après, son père spirituel, l'archiprêtre Nicolas ( Martsichevsky), l'amena dans notre monastère, et il y resta. Il travaillait comme ouvrier, mais durant le premier, le deuxième et le troisième été, il retourna vers Père Nicolas dans le New Jersey, pour revenir ici ensuite. Durant la seconde moitié des années cinquante, il commença ses études au séminaire. Il accomplit divers es obédiences. Nos frères aussi bien que nos visiteurs, savent qu'il travaillait pour ainsi dire sans discontinuer. En 1958, il fut tonsuré moine rassophore sous le nom de Méthode en l'honneur du hiérarque Patriarche de Constantinople, avant cela, son nom était Nicolas. En 1959, il fut tonsuré dans le petit schème, fut fait moine, et en 1963, le jour de sa fête onomastique, il fut ordonné hiérodiacre. Pendant quarante ans il servit comme diacre. Dernièrement, il lui était difficile de servir, mais il le fit néanmoins, dirigeant quelquefois les services épiscopaux au monastère. Peu de temps après son ordination, il servait aussi dans les paroisses. Je me souviens que nous avons un jour célébré ensemble pour la fête de l'église Saint Nicolas à Poughkeepsie. Bien qu'il fût difficile pour lui de servir dernièrement, il essayait de communier le dimanche et les jours de fête. Quant au travail, il travailla jusques à la fin. Tout l'avant dernier été, il trvailla dans les champs avec le bulldozer, nettoyant le site près de notre vieux cimetière, pour y préparer une nouvelle section. Il assistait aux offices de l'Eglise et gardait la règle monastique avec grande diligence et très exactement. Quand nous descendions dans l'église du bas pour l'office de minuit, il y lisait toujours le "Trisaghion" et le " Notre Père" et chantait la litanie tandis que le hiéromoine qui officiait commémorait les noms de nos frères défunts.
Le Seigneur l'a appelé et il a rejoint nos frèsres, qui, ainsi que nous l'espérons, sont eux Cieux. Nous sommes confiants que par ses prières il intercèdera pour nous et pour notre monastère. Le Seigneur nous  a donné, à nous tous, Père Méthode comme exemple. Que le Seigneur nous accorde aussi, avec nos Pères  défunts, de glorifier la Sainte Trinité. Amen!"
*
Quand le présent économe de notre monastère et responsable de l'atelier d'imprimerie, Abba Georges ( Schaeffer) reçut son diplôme du Séminaire du Monastère de la Sainte Trinité, il alla à la cuisine et le brûla dans le four. A cette époque, Père Georges avait déjà choisi la voie monastique, et ce fut pour des raisons d'ascèse qu'il agit ainsi.
Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok
( Le Moine Russe) de Jordanville
Русскiй Инокъ


samedi 2 août 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville


Portrait Spirituel de Jordanville (13)
"Combien de temps cet hiver va-t-il encore durer?" me demanda un jour Levouchka. Désirant faire l'intéressant, je répliquai avec une certaine autosatisfaction: " Jusqu'à la fin du monde; et ensuite ce sera un éternel été!" ( Levouchka et Leva sont des diminutifs affectueux du nom Lev [Léon]) Leva y réfléchit pendant un moment, puis il dit lentement: " Il fera extrêmement chaud là. Je fus très choqué: il avait raison à ce propos, puisqu'il est vrai qu'il fera réellement chaud dans l'Hadès pour les gens qui ne surveillent pas leur langue comme moi. Tandis que j'étais en service à l'imprimerie, je me désolais souvent que nous ne traitions pas avec la révérence qui convient les images des saints et les icônes, et ainsi, elles finissaient souvent dans la corbeille à papier, avec le reste des papiers jetés de l'imprimerie. Et ainsi, un incident instructif arriva . Entrant dans l'atelier d'imprimerie, je trouvai Leva qui fouillait dans la corbeille à pepier. Il avait des ciseaux à la main et il coupait quelque chose sur des feuilles de papier sales et froissées. 
"Que fais-tu là? lui demandai-je. Je suis entrain de sauver Maximovitch et Popovitch, répondit Leva et il me montra les deux portraits du hiérarque Jean ( Maximovitch) et du vénérable père Justin ( Popovitch) qu'il avait découpés sur des feuilles de papier qui avaient été jetées.
Levouchka aimait passer son temps libre dans le réfectoire des ouvriers- c'est ainsi qu'on appelle la pièce entre la cuisine et le réfectoire des frères. Habituellement Leva est assis là et demande qux gens de lui verser du café ou du lait, ou de lui apporter une assiette de pommes de terre. D'ailleurs, quelqu'un a remarqué en plaisantant que bien qu'il soit un peu fou, Leva a certainement des habitudes d'aristocrate- il ne pourrait se passer de serviteurs. Il se peut qu'il y ait du vrai dans cette remarque, je ne sais pas. Pourtant, un jour, je remarquai que l'attitude de Leva avait changé: il ne s'asseyait pas un seul instant, tendant quelque chose à une personne assise dans le réfectoire, puis à une autre, apportant des assiettes propres, essuyant les tables pour qu'elles soient propres: en un mot, il se comportait comme s'il était le serviteur de tous. Je demandai à Leva pourquoi il se comportait ainsi. Et il répondit avec lenteur, sincèrement et joyeusement:" aujourd'hui c'est la commémoration de saint Léon, Pape." C'est alors que je saisis son idée: c'était sa fête onomastique et il n'avait pas d'endroit où il pouvait recevoir des invités. Et c'est pourquoi il traitait chacun dans le réfectoire des ouvriers, comme un invité à honorer.
*
L'anecdote suivante eut lieu durant la seconde moitié des années nonante.
Un des disciples de l'archimandrite Cyprien, le hiéromoine André ( Erastov), alors chargé à Jordanville de l'atelier de peinture d'icônes, décida d'emprunter un livre de spiritualité à la bibliothèque du monastère. Mais quel livre devait-il prendre? La bibliothèque du monastère a une grand variété de livres. En fouillant parmi les livres, pour une raison inconnue, il choisit les lettres de Georges, reclus de Zadonsk. Ces lettres firent une forte impression sur Père André. Elles le surprirent par leur profondeur spirituelle et leur évidente qualité.
Peu de temps après, l'higoumène du monastère, Vladika Laure, d'une manière tout à fait fortuite, lui donna un fragment des reliques du juste Georges qui lui avait été envoyées de Zadonsk où avait eu lieu la glorification de ce pieux zélote. Vladika dit à Père André de peindre une icône de ce saint et d'y insérer le fragment de ses reliques. Evidemment, Père André fut étonné par cette coïncidence. Il se trouvait que saint Georges avait l'avait averti et préparé à peindre son icône. Père André accomplit son obédience d'une manière digne. Et à présent l'icône de saint Georges le reclus, la première à avoir  été peinte en dehors de la Russie, est dans la chapelle des vénérables startsy d'Optina, sises au troisième étage du bâtiment des frères à Jordanville.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok
( Le Moine Russe) de Jordanville
Русскiй Инокъ

vendredi 1 août 2008

Oraison psalmique


Icône du Christ Pantocrator XIIIe monastère Sainte Catherine du mont Sinaï
Nous ne Te demandons qu’une seule chose Seigneur; 
Nous requerrons une seule chose: 
Habiter en Ta maison 
Tous les jours de notre vie; 
Tu combleras le désir de nos cœurs,
 Si Tu accueilles notre vie dans Ta demeure.

Oraisons Psalmiques Espagnoles 
(VIIème siècle)

Eglises orthodoxes russes

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville


De droite à gauche: P. Alipy (futur Archevêque de Chicago and Detroit),
P. Flor (plus tard archimandrite), archimandrite Cyprien (Pijov),
P. Laure (avant-dernier Métropolite de L'Eglise Russe A l'Etranger)
de bienheureuse mémoire!
Portrait spirituel de Jordanville ( 12)
La capacité de travail de Père Cyprien était étonnante. Il pouvait passer toute la journée à peindre l'église depuis le haut d'un échaffaudage sous la coupole, dans la chaleur étouffante de l'été, alors que ses jeunes assistants n'y pouvaient tenir une seule heure. Il faisait cela même lorsqu'il était déjà âgé de plus de huitante ans. Un jour, Père Cyprien a dit que lorsqu'il grimpait sur l'échaffaudage, tous ses maux et toutes ses douleurs disparaissaient et il en vint immédiatement à la conclusion suivante: "Cela signifie que ma mission devant Dieu est de peindre des églises." Et il en arriva à cette conclusion après avoir peint plus d'une dizaine d'églises de l'Eglise Russe à l'Etranger. Agé de huitante ans, Père Cyprien participait encore aux obédiences collectives comme la cueillette des pommes de terre ou le travail dans la cuisine les dimanche et jours de fête.. Il était souvent de service à la cuisine, et habituellement son menu comprenait de la "kacha gouriev" ( crême de sarrasin préparée avec une épaise crême, des noix moulues, des raisins de Corinthe et de la confiture.) et du chtchti ( soupe de chou traditionnelle) aigre. Il se mettait lui-même à ce service de la cuisine, car c'était lui qui établissait la liste des obédiences collectives, même quand il approchait déjà l'âge de nonante ans.
Il avait une attitude particulière vis-à-vis de la critique de son travail. Il acceptait la critique lorsqu'elle était fondée, mais lorsqu'elle venait d'un désir de briller, il n'avait aucune pitié. Une fois, je montrai une faute quelconque que Père Cyprien corrigea immédiatement. Inspiré par cela, je décidai de trouver d'autres corrections à effectuer et en réponse, j'entendis une des épigrammes d'Alexandre Pouchkine, dans l'artiste et le cordonnier: " Ami, ne songe pas à juger de choses plus hautes qu'une botte."
Les travaux des autres, il les critiquait d'une manière quelque peu directe, sans tourner autour du pot. Si des iconographes débutants n'acceptaient pas ses commentaires, il disait d'eux: " Ils ne grandiront pas. Quand un homme ne peut accepter la critique, cela signifie qu'il est un talent mort." Quand les gens lui montraient les peintures ornant les murs maisons des laïcs et lui demandaient son opinion, si le tableau était sans mérites, Père Cyprien répondait: " Le cxadre est beau!" Il ne faisait pas l'hypocrite.
Il restait toujours lui-même et disait la vérité sans prêter attention à la personne à laquelle il parlait. peu importait que ce fût le Métropolite Philarète ou Vitaly ou le célèbre violoncelliste Mtislav Rostropovitch- tous devaient entendre les paroles de Père Cyprien, sans aucune forme de censure. Si quelqu'un l'appelait "staretz", il répondait " Je ne suis un staretz, je suis un vieil homme ( jeu de mot sur la racine commune en russe à ces deux mots, que l'on pourrait rendre en français par Ancien et vieux!). Père cyprien détestait aussi les diminutifs affectueux. Un jour une dame vint vers lui pour une bénédiction et lui dit " Père Cyprien, puis avoir votre petite main?" " Ce sont seulement les portes qui ont de petites mains, des "poignées" fut la réponse d'un ton tranchant reçue de Père Cyprien. Une autre fois, "Père, aimeriez-vous un goûter?" Et la réponse fut: " Ce sont les enfants qui prennent un goûter, les adultes mangent." 
Père Cyprien était par-dessus tout respectueux de la langue russe. Au réfectoire, il s'asseyait près du lecteur. Combien de séminaristes et de moines  furent interrompus pendant lecture des "Vie des Saints", quand Père Cyprien corrigeait leur mauvaise prononciation de mots russes; combien d'entre eux grâce à lui eurent l'occasion d'améliorer leur russe pendant leur cinq années passées au séminaire.
Père Cyprien vénéra toujours profondément le hiérarque Jean ( Maximovitch9 et il fut proche de lui. Vladika John voulait que Père Cyprien devienne Evêque, mais ce dernier refusa toujours. Un jour, ils fixèrent même une date pour son ordination au synode, mais Père Cyprien ne vint pas au rendez-vous! Un jour, nous commençâmes à parler de Vladika Jean et de la manière avec laquelle il fut persécuté. " Oui, beaucoup de gens ne comprenaient pas Vladika Jean," dit Père Cyprien. Imaginez: J'arrive au Synode, il est assis profondément endormi, sa soutane légèrement entrouverte laissant voir ses ses pieds nus avec des bandages. Quel Prince de l'Eglise était-ce là pour ses ennemis?" Il faut dire que les bleus sur les jambes du hiérarque sont dues à son exploit ascétique constant de rester éveillé. Je me souviens d'un autre incident le concernant qui m'a été relaté par Père Cyprien. Un jour, alors qu'il était à New York, il alla avec Vladika rendre visite à un prêtre qui s'occupait beaucoup de teintures à base d'alcool. Il commença à leur montrer les différentes teintures expliquant avec ferveur quelle teinture était utilisée pour chaque maladie. Vladika l'écouta jusqu'au bout et puis il dit. " Je vois que vous avez des teintures pour toutes les maladies sauf une!" " Laquelle ?" demanda le prêtre avec intérêt. "L'alcoolisme," répondit Vladika.
Le saint hiérarque Jean resta proche de Père Cyprien même après sa mort. Père Cyprien avait pris l'habitude laïque de s'asseoir jambes croisées. Un matin, je m'arrêtai à sa cellule et il me dit: " J'ai rêvé de Vladika Jean aujourd'hui, c'était comme si nous étions assis ensemble sur un banc et que nous parlions. Soudain, il croisa ses jambes. Je sentis aussitôt combien cela était inapproprié pour qulequ'un de son rang, et il me regarda d'un air taquin et c'est alors que je compris qu'il me reprenait pour mon geste."
Père Cyprien était un cueilleur de champignons passionné; il avait commencé à ramasser des cahmpignons enfant dans son Bejetsk natal. Dès que commençait la saison des champignons, il prenait son panier et partait dans les bois. Il ramassait toutes sortes de champignons et, comme il n'y avait aucun champignon de cette région qui lui était familiers, à l'exception de deux, il leur donna lui-même des noms de son invention. Par exemple " cascade", était le nom d'un étrange champignon qui ressemblait à une cascade gelée. Quelquefois, il essyait de savoir si les champignons étaient comestibles en les goûtant. un jour, je passai près de sa cellule et je le vis allongé sur le lit et fixant le plafond. " Qu'est-ce qui ne va pas Père Cyprien, vous ne vous sentez pas bien?" " Eh bien j'ai mangé un champignon bizarre et maintenant j'attends les résultats..." me répondit-il. Une autre fois, il m'offrit une cuillère avec un morceau de champignon déjà cuit, m'assurant que c'était un régal!" Je le regardai, cétait un agaric tue-mouches bouilli. "Non," Dis-je" Père Cyprien, jamais de la vie, c'est un agaric tue-mouches!" " Ce n'est pas un agaric tue-mouches, c'est un régal, mange-le!" dit-il. "Non, Père, excuse-moi!" "Mange-le par obéissance!" Je dus le manger et il se trouva que ce n'était pas un agaric tue-mouches, mais un champignon très savoureux, même s'il était rose avec des points blancs.
 Père Cyprien gardait son sens de l'humour même dans les situations les plus tragiques. Un jour il tomba malade, si malade que Père André l'iconographe et moi-même, pensions aller appeler une ambulance. En derniers recours, cependant, nous décidâmes d'emprunter un livre de doagnostic et conseils médicaux  à Père Michel Pomazansky, pour déterminer ce qu'il avait d'après ses symptômes. Nous entrâmes avec le livre dans la cellule de Père Cyprien, l'air triste. Depuis son lit Père Cyprien leva les yeux sur nous et demanda: " Vous êtes déjà venus pour lire le psautier pour moi?" " Non, c'est un livre d'automédication; nous voulons seulement savoir ce qui ne va pas." Nous commençâmes à discuter à haute voix pour savoir par où nous commencerions. Et venant de son lit sa voix se fit entendre à nouveau: " Lisez simplement tout depuis le début jusqu'à la fin comme vous lisez le psautier."
Et le Père Benjamin termine ici ses réminiscences de Père Cyprien en disant: "La porte de sa cellule était toujours ouverte à quiconque voulait lui parler, qu'il soit évêque, ou seminariste de première année. Sa chaleureuse affection, exempte de toute sorte d'onctuosité, faisait toujours vibrer une corde  dans les âmes de nombreux visiteurs qui venaient vers lui."

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok
( Le Moine Russe) de Jordanville