"Dans la confusion de notre époque quand une centaine de voix contradictoires prétend parler au nom de l'Orthodoxie, il est essentiel de savoir à qui l'on peut faire confiance. Il ne suffit pas de prétendre parler au nom de l'Orthodoxie patristique, il faut être dans la pure tradition des saints Pères ... "
Père Seraphim (Rose) de bienheureuse mémoire

samedi 2 août 2008

Moine Vsevolod:L'île de l'Amour Divin/ Patéricon de Jordanville


Portrait Spirituel de Jordanville (13)
"Combien de temps cet hiver va-t-il encore durer?" me demanda un jour Levouchka. Désirant faire l'intéressant, je répliquai avec une certaine autosatisfaction: " Jusqu'à la fin du monde; et ensuite ce sera un éternel été!" ( Levouchka et Leva sont des diminutifs affectueux du nom Lev [Léon]) Leva y réfléchit pendant un moment, puis il dit lentement: " Il fera extrêmement chaud là. Je fus très choqué: il avait raison à ce propos, puisqu'il est vrai qu'il fera réellement chaud dans l'Hadès pour les gens qui ne surveillent pas leur langue comme moi. Tandis que j'étais en service à l'imprimerie, je me désolais souvent que nous ne traitions pas avec la révérence qui convient les images des saints et les icônes, et ainsi, elles finissaient souvent dans la corbeille à papier, avec le reste des papiers jetés de l'imprimerie. Et ainsi, un incident instructif arriva . Entrant dans l'atelier d'imprimerie, je trouvai Leva qui fouillait dans la corbeille à pepier. Il avait des ciseaux à la main et il coupait quelque chose sur des feuilles de papier sales et froissées. 
"Que fais-tu là? lui demandai-je. Je suis entrain de sauver Maximovitch et Popovitch, répondit Leva et il me montra les deux portraits du hiérarque Jean ( Maximovitch) et du vénérable père Justin ( Popovitch) qu'il avait découpés sur des feuilles de papier qui avaient été jetées.
Levouchka aimait passer son temps libre dans le réfectoire des ouvriers- c'est ainsi qu'on appelle la pièce entre la cuisine et le réfectoire des frères. Habituellement Leva est assis là et demande qux gens de lui verser du café ou du lait, ou de lui apporter une assiette de pommes de terre. D'ailleurs, quelqu'un a remarqué en plaisantant que bien qu'il soit un peu fou, Leva a certainement des habitudes d'aristocrate- il ne pourrait se passer de serviteurs. Il se peut qu'il y ait du vrai dans cette remarque, je ne sais pas. Pourtant, un jour, je remarquai que l'attitude de Leva avait changé: il ne s'asseyait pas un seul instant, tendant quelque chose à une personne assise dans le réfectoire, puis à une autre, apportant des assiettes propres, essuyant les tables pour qu'elles soient propres: en un mot, il se comportait comme s'il était le serviteur de tous. Je demandai à Leva pourquoi il se comportait ainsi. Et il répondit avec lenteur, sincèrement et joyeusement:" aujourd'hui c'est la commémoration de saint Léon, Pape." C'est alors que je saisis son idée: c'était sa fête onomastique et il n'avait pas d'endroit où il pouvait recevoir des invités. Et c'est pourquoi il traitait chacun dans le réfectoire des ouvriers, comme un invité à honorer.
*
L'anecdote suivante eut lieu durant la seconde moitié des années nonante.
Un des disciples de l'archimandrite Cyprien, le hiéromoine André ( Erastov), alors chargé à Jordanville de l'atelier de peinture d'icônes, décida d'emprunter un livre de spiritualité à la bibliothèque du monastère. Mais quel livre devait-il prendre? La bibliothèque du monastère a une grand variété de livres. En fouillant parmi les livres, pour une raison inconnue, il choisit les lettres de Georges, reclus de Zadonsk. Ces lettres firent une forte impression sur Père André. Elles le surprirent par leur profondeur spirituelle et leur évidente qualité.
Peu de temps après, l'higoumène du monastère, Vladika Laure, d'une manière tout à fait fortuite, lui donna un fragment des reliques du juste Georges qui lui avait été envoyées de Zadonsk où avait eu lieu la glorification de ce pieux zélote. Vladika dit à Père André de peindre une icône de ce saint et d'y insérer le fragment de ses reliques. Evidemment, Père André fut étonné par cette coïncidence. Il se trouvait que saint Georges avait l'avait averti et préparé à peindre son icône. Père André accomplit son obédience d'une manière digne. Et à présent l'icône de saint Georges le reclus, la première à avoir  été peinte en dehors de la Russie, est dans la chapelle des vénérables startsy d'Optina, sises au troisième étage du bâtiment des frères à Jordanville.

Version française Claude Lopez-Ginisty
d'après le texte du site Rousky Inok
( Le Moine Russe) de Jordanville
Русскiй Инокъ

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